
Candidat pour la 4e fois à la présidentielle américaine
Ralph Nader, issu d’une famille d’émigrés libanais, brillant avocat diplômé d’Harvard et de Princeton, a été candidat à l’investiture démocrate en 1972 (en tant qu’opposant à la guerre du VietNam) et en 1992; il a représenté les Verts aux présidentielles de 1996 et 2000. Il a dû se présenter en candidat indépendant en 2004, les Verts américains, à la suite de tripatouillages sordides, ayant choisi d’investir un candidat inconnu et sans envergure en vue de favoriser le candidat démocrate Kerry.
En érigeant la guerre d’agression en guise de politique étrangère, il avait fait le lit des faucons de Washington. Clinton avait déclaré que les Etats-Unis « s’autorisent à riposter quand, où et à la manière qu’ils auront décidé » (4) Au fil de ses deux mandats, surenchérissant sans cesse avec les Républicains, le tandem a mené une politique de plus en plus belliciste et antisociale, droitisant sans cesse le parti « démocrate ».
En 2004, la virulente campagne de calomnies et d’intimidation sans précédent déclenchée alors par les Démocrates, basée sur le chantage et la peur (« un vote pour Nader = un vote pour Bush »), porta ses fruits en volant les voix du 3e parti. Les «Démocrates» investirent vingt millions de dollars dans des procédures juridiques dans plus de vingt états en vue d’interdire l’accès au scrutin des candidats de Nader, et de ruiner son budget de campagne (cent fois moins élevé que celui des Démocrates – étant uniquement financé par les militants et sympathisants).
Pourtant, les positions du candidat démocrate en faisaient un faucon encore plus féroce que Bush. Kerry allait jusqu’à critiquer G.W. Bush sur sa droite en l’accusant de n’être pas assez efficace dans la « guerre contre le terrorisme », préconisait d’envoyer plus de troupes en Irak, d’attaquer sans délais les autres pays sur la liste des « Etats-voyous » (Iran, Syrie…) et de se débarrasser au plus vite des présidents Yasser Arafat, Hugo Chavez et Fidel Castro. Sénateur depuis vingt ans, Kerry avait voté pour l’invasion du Panama, la guerre contre l’Afghanistan, le Patriot Act, donné en 2002 les pleins pouvoirs au président pour attaquer l’Irak et soutenu la politique criminelle d’Israël envers le peuple palestinien (5).
La réélection de G.W. Bush en 2004 aurait pu être acquise au prix d’une nouvelle fraude (grâce aux machines de vote électronique, qui appartiennent à une compagnie contrôlée par le parti républicain), et le candidat démocrate aurait été une nouvelle fois sommé de capituler pour sauvegarder un système profitant aux deux camps, qui défendent les mêmes valeurs et les mêmes intérêts.
Un troisième parti indépendant pour combattre les « Republicrats », cet «hydre à deux têtes»
« Au fil des années, les Démocrates ont excellé à faire élire des Républicains très dangereux. »
Ralph Nader, février 2007
Ralph Nader, éternel pionnier et trouble-fête
Il est à l’origine de la création de l’Agence de Protection de l’Environnement (EPA, 1970), des lois sur l’Air, sur l’Eau et sur la Liberté de l’Information de 1974. Toutes les lois votées dans le monde dans tous ces domaines l’ont été grâce à son action. Après voir gagné un procès retentissant contre General Motors, il créa en 1971 Public Citizen, et une centaine d’autres associations couvrant tous les domaines (santé, environnement, énergie, alimentation, sécurité routière…).
Sa dénonciation de « l’autre anti-sémitisme » (celui dont font l’objet les Américains d’origine arabe depuis le 11 septembre 2001) et du poids «des lobbies pro-israéliens… (dans l’élection présidentielles, NDA) qui accorderaient leurs voix en fonction du soutien accordé à Tsahal», et qui feraient donc apparaître les présidents américains comme « des otages de ces lobbies » contribue également à faire de Ralph Nader « l’homme à abattre » à chaque élection.
Après 2000 et 2004, la poursuite des nouvelles guerres impériales programmées par le PNAC après la présidentielle de 2008 ?
Gageons que, comme à chaque présidentielle américaine, les « grands » medias occidentaux tenteront de nous présenter deux candidats aux politiques diamétralement opposées, et que la plupart d’entre eux soutiendront le candidat démocrate (ils avaient adoré, et vénèrent toujours les criminels de guerre William Clinton et Albert Gore, de même qu’Henry Kissinger), d’autant plus attrayant cette année qu’il sera issu d’une minorité « visible » - par le genre ou la couleur (un alibi de plus).
Le principe même d’un 3e parti puissant fait peur aux tenants du Nouvel Ordre Mondial. On l’observe maintenant en Europe, où lors des dernières présidentielles françaises, par exemple, les Etats-Unis avaient habilement placé deux pions à leurs ordres - afin de ne pas se retrouver dans la situation de 2003, lorsque la France a refusé de les suivre dans l’aventure génocidaire irakienne (quitte à reconnaître, quelques mois plus tard, le nouveau gouvernement fantoche irakien – et après avoir laissé hypocritement les B52 qui allaient agresser illégalement l’Irak traverser notre espace aérien…).
Joëlle Pénochet, le 25 février 2008.
Voir nos articles précédents :
Les vidéos que nous avons réalisées lors de la campagne de 2004:
http://www.dailymotion.com/relevance/search/alexandrassis/video/x2l4is_ralph-nader-i-presidential-campaign_politics
http://www.dailymotion.com/relevance/search/alexandrassis/video/x2kk2q_ralph-nader-ii-undemocratic-democra_politics
Le site de Ralph Nader: www.votenader.org.
(3) Rappelons aussi qu’Albert Gore s’était porté volontaire pour la guerre du Viêt-Nam, avait voté en 1990 pour la Guerre du Golfe et que son colistier, Joseph Lieberman, a toujours été un ardent partisan de la politique d’agression et d’occupation israélienne en Palestine.
(4) Cité par Noam Chomsky, De la guerre comme politique étrangère…, p. 63.
(5) Après que l’administration Bush eut donné à Ariel Sharon le feu vert pour déclencher sa campagne de terreur, John Kerry publia un article intitulé "La cause d’Israël est celle de l’Amérique ». (De leur côté, peu après le 11 septembre 2001, Hillary Clinton et Joseph Lieberman avaient fait signer par la quasi-totalité des sénateurs démocrates une lettre demandant le renforcement du soutien à Israël). En outre, Kerry avait voté contre le protocole de Kyoto, la convention d’Ottawa sur les mines antipersonnelles, la création de la Cour Pénale Internationale et la condamnation des tortures pratiquées à Abu Graïb.
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