29 novembre 2010 1 29 /11 /novembre /2010 12:33
DSK a fait un rêve… Celui d'une Europe où les citoyens travailleraient plus, où un marché du travail unique s'imposerait et où la Commission européenne aurait toujours plus de pouvoir. Un songe qui s'avère tellement audacieux qu'il risque fort de ne jamais se réaliser. Et heureusement, car ce serait un véritable cauchemar pour les pays membres
En un temps où l’étoile de DSK semble retrouver quelque éclat parmi les astres morts de la galaxie socialiste, il n’est pas inintéressant de se pencher avec attention sur les propos tenus récemment à Francfort par le chef du Fonds Monétaire International (FMI). C’était à l’occasion d’un colloque bancaire ainsi résumé par Le Figaro : « Jean-Claude Trichet et DSK font la leçon aux politiques ». Curieusement, cette leçon est passée largement inaperçue dans la presse française, pourtant habituée à traquer les moindres faits et gestes de l’intéressé. A part Le Figaro donc, et surtout La Tribune, qui en a fourni de larges extraits, personne n’en a parlé. C’est dommage, car cela permet de mieux appréhender les positions défendues par un candidat potentiel à la candidature socialiste à la présidentielle.
 
Dans une première partie, le secrétaire général du FMI explique que si la crise est plus grave en Europe qu’aux États-Unis, c’est parce que sur le vieux continent, « les citoyens ne sont pas à leur plein potentiel ». On pourrait croire que DSK vise ainsi le chômage ou l’explosion du travail partiel. Non. En réalité, il dénonce « un choix conscient de travailler moins d’heures ». Faut-il y voir une esquisse d’autocritique à propos des 35h ou une pierre dans le jardin de Martine Aubry, qui porta cette réforme sur les fonts baptismaux ?
 
Dans la foulée, DSK propose une « initiative pour un marché du travail unique au niveau européen ». Pourquoi pas ? Encore faudrait-il que l’ajustement se fasse par le haut, et non par le bas. Or, DSK se prononce en faveur d’une « approche moins restrictive sur l’immigration » alors que celle-ci est l’une des techniques préférées du patronat pour stimuler le dumping social et la course aux bas salaires.
 
Reste le morceau de choix, à savoir la nouvelle gouvernance européenne. Le programme de DSK se résume à une formule magique : « donner plus de pouvoir à la Commission européenne », autrement dit  à un aréopage de technocrates n’ayant de comptes à rendre qu’à eux–mêmes. Il précise : « quand l’ordre du jour est fixé par le centre, les choses avancent. Il suffit de penser au marché unique, ou à l’union monétaire. Mais quand l’ordre du jour est laissé aux États-nations, les choses traînent ».

A l’ époque de l’internationale communiste, le « centre », c’était Moscou.  Aujourd’hui que l’internationale néolibérale règne sur le monde, c’est Bruxelles. Écoutons DSK : « le centre doit prendre l’initiative dans tous les domaines clés pour assurer le destin de l’Union, notamment en matière de politique financière, économique et sociale. Les pays doivent être disposés à céder plus d’autorité au centre ».

En vertu de ce principe, DSK propose « la création d’une autorité budgétaire centralisée, aussi indépendante politiquement que la Banque Centrale Européenne (BCE). L’autorité fixerait les orientations budgétaires de chaque pays membre et allouerait les ressources provenant du budget central pour mieux atteindre le double objectif de stabilité et de croissance ». Si, par hypothèse funeste, cette police budgétaire devait voir le jour, autant dissoudre les Parlements nationaux.

En conclusion de son propos, Dominique Strauss-Kahn a tenu à préciser que sa vision était tellement « audacieuse » qu’il était peu probable de la voir appliquer « dans un avenir proche ». C’est le drame de tous les visionnaires. Ils voient tellement loin qu’ils ne sont pas suivis.

Dans le cas précis, on espère, au nom de l’Europe et de la démocratie, que les rêves de DSK resteront cantonnés dans la sphère du fantasme. En effet, si cette mécanique bureaucratique devait être mis en chantier, elle aurait pour conséquence inévitable de faire exploser l’Union Européenne. Là où il faudrait instiller de la démocratie et de la transparence, DSK propose une intégration à marche forcée, menée à la baguette par les talibans de Bruxelles. Par parenthèses, on voudrait alimenter l’europhobie que l’on ne s’y prendrait pas autrement.  

Reste une question qui se pose à tous les dirigeants du PS, qu’ils soient sympathisants de DSK ou non : considèrent-ils que ces propositions sont de nature à permettre à la gauche de regagner une partie de sa crédibilité politique perdue ?  

Mardi 23 Novembre 2010
Jack Dion - Marianne

http://www.internationalnews.fr/article-quand-dsk-devoile-son-plan-secret-pour-l-europe-61972329.html

 

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commentaires

M
<br /> <br /> C'est pitoyable de voir comme les grands prêtres du capitalisme libéral se débattent pour se perçuader que leur mythe économique peut survivre. En fait, ce sont eux qui sont pitoyables.<br /> <br /> <br /> <br />
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