18 décembre 2014 4 18 /12 /décembre /2014 15:06

Internationalnews


Le Grand Soir 15 décembre 2014

 

Depuis plus d’un an, les États-Unis ont joué un scénario conçu pour (1) réaffirmer le contrôle américain sur l’Europe en bloquant le commerce de l’UE avec la Russie, (2) pousser la Russie à la faillite, et (3) se débarrasser de Vladimir Poutine pour le remplacer par un fantoche des Américains, comme le défunt soulard, Boris Eltsine.


Les derniers jours ont révélé de façon limpide la perfidie de l’aspect économique de cette guerre des États-Unis contre la Russie.


Tout a commencé lors de l’importante réunion internationale de haut niveau sur l’avenir de l’Ukraine qui s’est tenue à Yalta en Septembre 2013, dont un thème majeur a été la révolution du gaz de schiste que les États-Unis espéraient utiliser pour affaiblir la Russie.

 

L’ancien secrétaire à l’énergie américain Bill Richardson était là pour défendre l’affaire, applaudi par Bill et Hillary Clinton. Washington espérait utiliser ses techniques de fracturation hydraulique pour fournir des sources de substitution du gaz naturel et bouter la Russie hors du marché. Ce qui revient à vendre à l’Europe un chat dans un sac.


Mais cette astuce ne pouvait réussir en s’appuyant sur le sacro-saint « marché », puisque lea fracturation est plus coûteuse que l’extraction de gaz russe. Il fallait une crise majeure pour fausser le marché par des pressions politiques. Par le coup d’état du 22 Février, manigancé par Victoria Nuland, sous-secrétaire d’Etat américaine pour l’Europe et l’Eurasie, les Etats-Unis ont effectivement pris le contrôle de l’Ukraine, en plaçant au pouvoir leur agent “Yats” (Arseniy Iatseniouk) favorable à l’entrée de son pays dans l’OTAN.

 

Cette menace directe contre la base navale russe en Crimée a conduit au référendum, qui a mené au retour pacifique de cette péninsule historiquement russe à la Russie. Mais le chœur mené par les Etat-Unis a condamné le retour, sans aucun désordre, de la Crimée comme une « agression militaire russe ». Cette manœuvre défensive est claironnée par l’OTAN comme preuve de l’intention de Poutine d’envahir les pays voisins sans prétexte.


Pendant ce temps, l’invasion économique des États-Unis est passée largement inaperçue.


L’Ukraine a quelques-unes des plus grandes réserves de gaz de schiste en Europe. Comme d’autres Européens, des Ukrainiens ont manifesté contre les conséquences néfastes pour l’environnement de la fracturation hydraulique sur leurs terres, mais contrairement à certains autres pays, l’Ukraine n’a pas de législation restrictive à ce sujet. La société pétrolière américaine Chevron, très liée au pouvoir, est déjà à l’œuvre.


Depuis mai dernier, R. Hunter Biden, fils du vice-président américain, est membre du conseil d’administration de Burisma Holdings, le plus grand producteur de gaz privé de l’Ukraine. Le jeune Biden sera en charge de l’unité juridique de Holdings et contribuera à son « expansion internationale ».


L’Ukraine a un sol riche, en plus des réserves de pétrole de schiste. Le géant de l’agroalimentaire américain Cargill est particulièrement actif en Ukraine, en investissant dans des silos à céréales, aliments pour animaux, un grand producteur d’œufs et agroalimentaire, UkrLandFarming, ainsi que le port de la Mer Noire à Novorossisk.

 

Le très actif Conseil d’affaires Etats-Unis-Ukraine comprend des dirigeants de Monsanto, John Deere, le fabricant de matériel agricole CNH Industrial, Pioneer DuPont, Eli Lilly & Company. Monsanto prévoit de construire une « usine de semences de maïs non-OGM en Ukraine » de $ 140 000 000, ciblant évidemment le marché européen réticent aux OGM. 

 

Ce fut dans son discours lors d’une réunion parrainée par Chevron du Conseil d’affaires Etats-Unis-Ukraine il y a un an que Victoria Nuland a mentionné les cinq milliards de dollars dépensés par les Etats-Unis au cours des vingt dernières années pour gagner l’Ukraine.


Le 2 Décembre, le président Porochenko a nommé trois étrangers comme ministres : un Américain, un Lituanien et un Géorgien. Il leur a accordé la citoyenneté ukrainienne quelques minutes avant la cérémonie. (Un deuxième Géorgien fut ajouté ensuite.)


Natalie Jaresko, née aux Etats-Unis, est la nouvelle ministre des Finances de l’Ukraine. Originaire d’une famille ukrainienne et diplômée des universités de Harvard et de DePaul, Jaresko est passée du Département d’État à Kiev lorsque l’Ukraine a obtenu son indépendance de l’Union Soviétique, afin de diriger le département économique de l’ambassade américaine qui venait d’ouvrir. Trois ans plus tard, elle a quitté l’ambassade des États-Unis pour diriger le Fonds Western NIS Enterprise financé par le gouvernement des Etats-Unis. En 2004, elle a fondé sont propre fonds d’actions. En tant que partisane de la Révolution orange de 2004, elle a siégé au Conseil consultatif des investisseurs étrangers du président vainqueur de cette « révolution », Viktor Iouchtchenko.


Le Banquier d’investissement lituanien Aivaras Abromavicius est le nouveau ministre de l’Economie, plaçant la politique économique du gouvernement sous l’influence, ou plutôt le contrôle, américain.


Le nouveau ministre de la Santé, Aleksandr Kvitashvili de la Géorgie, a été éduqué aux Etats-Unis et ne parle pas ukrainien. Il a occupé le poste de ministre de la santé dans sa Géorgie natale, sous la présidence du protégé des Etats-Unis de l’époque, Mikheïl Saakachvili.


La mainmise des États-Unis sur l’économie de l’Ukraine est maintenant totale. Le décor est planté pour commencer la fracturation, faisant peut-être de Hunter Biden le plus récent des oligarques de l’Ukraine.


Personne n’en parle, mais l’accord commercial controversé entre l’UE et l’Ukraine, dont le report avait déclenché les protestations de Maidan, qui ont abouti au coup d’état piloté par les Etats-Unis du 22 février, supprime les barrières commerciales, permettant l’entrée libre dans les pays de l’UE des exportations agricoles produites en Ukraine par des sociétés américaines. Le gouvernement ukrainien est profondément endetté, mais cela n’empêchera pas les entreprises américaines de réaliser d’énormes profits dans ce pays à bas salaires, fertile et déréglementé. Les producteurs céréaliers européens, comme la France, pourraient souffrir d’une telle concurrence bon marché.


L’assaut du gouvernement russophobe de Kiev contre la région du Sud-Est est en train de tuer le secteur industriel du pays, dont les marchés se trouvaient en Russie. Mais pour les dirigeants de Kiev de l’Ukraine occidentale, cela n’a pas d’importance. La mort d’une vieille industrie peut aider à garantir des salaires bas et des profits élevés.


Au moment même où les Américains prenaient résolument le contrôle de l’économie ukrainienne, Vladimir Poutine a annoncé l’annulation du projet de gazoduc South Stream. L’accord avait été signé en 2007 entre Gazprom et la compagnie pétrochimique italienne ENI, afin d’assurer les livraisons de gaz russe dans les Balkans, en Hongrie, en Autriche et en Italie en contournant l’Ukraine, dont le manque de fiabilité en tant que pays de transit avait été démontré par de fréquents impayés ou le siphonnage pour son propre usage de gaz destiné à l’Europe. L’allemand Wintershall et le français EDF ont également investi dans South Stream.


Ces derniers mois, des représentants des États-Unis ont commencé à faire pression sur les pays européens concernés afin qu’ils se retirent de l’affaire. South Stream était une bouée de sauvetage potentielle pour la Serbie, toujours appauvrie par les destructions causées par les bombardements de l’OTAN et les privatisations au rabais de ses industries au profit d’acquéreurs étrangers.

 

En plus du bénéfice des emplois et d’une sécurité énergétique qui lui font gravement défaut, la Serbie était en passe de gagner 500 millions d’euros de tarif de transit par an. Belgrade a résisté aux avertissements insistants exigeant de se conformer à la politique anti-Russe pour conserver son statut de candidat à l’entrée dans l’Union européenne.


Le maillon faible était la Bulgarie qui, en tant que terminal du gazoduc, devait tirer des bénéfices similaires. L’ambassadeur américain à Sofia Marcie Ries a commencé par avertir les hommes d’affaires bulgares qu’ils pourraient souffrir s’ils faisaient des affaires avec des entreprises russes sous sanctions.

 

Le président sortant de la Commission européenne, José Manuel Barroso du Portugal, qui était « maoïste » lorsque le « maoïsme » servait de couverture à l’opposition aux mouvements de libération soutenus par les Soviétiques dans les colonies portugaises d’Afrique, a menacé la Bulgarie de poursuites de l’UE pour irrégularités dans les contrats South Stream. Il s’agit de règles de l’UE qui interdisent que la même entreprise puisse à la fois produire et transporter du gaz. En bref, l’UE voulait faire appliquer ses propres règles de façon rétroactive à un contrat signé avant que ces règles ne soient adoptées et avec un pays qui n’est pas membre de l’UE.


Enfin, John McCain a pris l’avion pour Sofia pour intimider le Premier ministre bulgare, Plamen Orecharski, en exigeant qu’il se retire de l’affaire, laissant le gazoduc South Stream sans point d’entrée terrestre dans les Balkans.


C’est plutôt drôle si l’on considère qu’un thème majeur de la propagande belliciste actuelle des États-Unis est de dénoncer la vente de gaz russe comme étant surtout une arme d’ « intimidation », de « coercition » et de « contrainte » politique utilisée par Poutine pour dominer l’Europe.


Enfin, il est vrai que la Russie a dû rappeler à maintes reprises à l’Ukraine de régler ses factures de gaz impayées. Avec un succès mitigé.


L’annulation de South Stream constitue un coup tardif porté par l’OTAN contre la Serbie. Le Premier ministre serbe Aleksandar Vucic a regretté la perte de South Stream, en soulignant que : « Nous payons le prix d’un conflit entre grandes puissances ».


Les partenaires italiens de l’accord sont également très mécontents devant les pertes subies. Mais les responsables européens et les médias, comme d’habitude, rejettent toute la faute sur Poutine.


Si l’on vous insulte sans cesse en vous faisant sentir que vous n’êtes pas le bienvenu, il se peut que vous fassiez vos bagages et partiez. Poutine a emporté son projet de gazoduc vers la Turquie où le Premier ministre turc, Recep Erdogan, n’a pas tardé à l’acheter. Cela ressemble à une bonne affaire pour la Russie et pour la Turquie. Mais l’affaire demeure inquiétante.


Le pétrole russe comme moyen de coercition ? Si Poutine pouvait utiliser Gazprom pour obtenir d’Erdogan de changer de politique envers la Syrie, et d’abandonner sa détermination à renverser Bachar al Assad, afin que les fanatiques de l’Etat Islamique soient vaincus, ce serait un excellent résultat. Mais il n’y a aucun signe d’un tel résultat.


L’abandon de South Stream creuse le fossé entre la Russie et l’Europe occidentale, ce qui, à long terme, est néfaste pour les deux. Mais il creuse aussi l’inégalité économique entre le Nord et le Sud de l’Europe. L’Allemagne reçoit toujours du gaz de Russie, notamment avec le co-projet de Gerhard Schroeder avec Poutine, Nord Stream. Mais les pays d’Europe du Sud, déjà dans une crise profonde provoquée en grande partie par l’euro, sont laissés dans l’incertitude de leur approvisionnement. Cette tournure des événements pourrait contribuer à la révolte politique qui se développe dans ces pays.


Tandis que des voix s’élèvent en Italie pour se plaindre que les sanctions anti-russes font mal à l’Europe, mais laissent les États-Unis indemnes, les Européens pourraient se consoler avec les aimables propos de l’hôte de la Maison Blanche et lauréat du prix Nobel de la paix qui a salué l’Union Européenne pour avoir fait la bonne chose, même si c’est « difficile pour l’économie européenne. »


Dans un discours adressé à d’importants PDG le 3 décembre, Obama a déclaré que les sanctions visaient à changer « l’état d’esprit » de Poutine, mais ne pensait pas que cela réussisse. Il attend que « la politique à l’intérieur de la Russie rattrape ce qui se passe dans l’économie, c’est pourquoi nous allons continuer à maintenir cette pression. » Ce qui est une autre façon de dire que voler le marché du gaz naturel de la Russie, forcer l’Europe à adopter des sanctions, et couper les liens entre la Russie et l’UE sont autant de mesures destinées à faire en sorte que le peuple russe se retourne contre Poutine et s’en débarrasse. Un changement de régime, en somme.


Le 4 Décembre, la Chambre des Représentants US a officiellement révélé le motif des Etats-Unis derrière ce gâchis en adoptant ce qui doit sûrement être le pire projet de loi jamais adopté : la Résolution 758.


La résolution est un recueil de tous les mensonges répandus contre Vladimir Poutine et la Russie depuis un an. Jamais peut-être autant de mensonges ont été rassemblés dans un seul document officiel de cette longueur. Et pourtant, cette propagande de guerre a été approuvée par un vote de 411 contre 10. Si, en dépit de cet appel à la guerre entre deux puissances nucléaires, il y a encore des historiens dans le futur, ils devront juger que cette résolution est la preuve de l’absence totale d’intelligence, d’honnêteté et de sens des responsabilités du système politique que Washington s’emploie à imposer au monde entier.


L’ancien parlementaire Ron Paul a écrit une excellente analyse de ce document honteux. Quoi qu’on puisse penser de la politique interne ultra-liberale de Paul, sur les affaires internationales, il se distingue comme étant une voix de la raison très isolée.


Après une longue liste de “considérant que”, de mensonges, d’insultes et de menaces, nous arrivons enfin à l’aspect commercial grossier de cette campagne dangereuse. La Chambre appelle les pays européens à « réduire la capacité de la Fédération de Russie à user de son approvisionnement en énergie comme un moyen de pression politique et économique sur d’autres pays, y compris en encourageant l’augmentation des exportations de gaz naturel et d’autres d’énergies depuis les États-Unis et d’autres pays » et « demande instamment au président d’accélérer l’approbation par le ministère américain de l’énergie des exportations de gaz naturel liquide vers l’Ukraine et d’autres pays européens. »


Le Congrès est prêt à risquer et même à promouvoir la guerre nucléaire, mais au fond il ne s’agit que de voler le marché du gaz naturel de la Russie par ce qui n’est encore à ce jour qu’un pari : le gaz de schiste américain obtenu par fracturation. Un chat dans un sac.


Pire que la guerre froide


Les néo-conservateurs qui manipulent les politiciens ignares des Etats-Unis ne nous entrainent pas dans une nouvelle guerre froide. C’est bien pire. La longue rivalité avec l’Union Soviétique était « froide » en raison de la DMA, la Destruction Mutuelle Assurée. Washington et Moscou étaient parfaitement conscients qu’une guerre « chaude » signifiait échanges nucléaires qui détruiraient le monde entier.


Cette fois, les Etats-Unis pensent qu’ils ont déjà « gagné » la guerre froide et semblent ivres de confiance qu’ils peuvent gagner à nouveau. Ils modernisent leur arsenal nucléaire et construisent un « bouclier nucléaire » à la frontière de la Russie dont le seul but ne peut qu’être de donner aux États-Unis la capacité d’une première frappe – la capacité d’empêcher des représailles russes contre une attaque nucléaire des États-Unis. Cela ne peut pas marcher, mais cela affaiblit la force de dissuasion.


Le danger d’une guerre ouverte entre les deux puissances nucléaires est en réalité beaucoup plus grand que pendant la guerre froide. Nous sommes à présent dans une sorte de Guerre Glaciale, figée, parce que ce que les Russes disent ou font n’a aucun effet. Les néoconservateurs qui fabriquent la politique des États-Unis dans l’ombre ont inventé une histoire totalement fictive sur une « agression » russe que le président des États-Unis, les médias et maintenant le Congrès ont acceptée et approuvée. Les dirigeants russes ont répondu avec honnêteté, vérité et bon sens, et sont restés calmes malgré les invectives lancées contre eux. Rien n’y fait. Les positions sont gelées. Quand la raison échoue, la force suit. Tôt ou tard.

Diana Johnstone

6 décembre 2014

 

 

Article original :  
Traduction VD pour Le Grand Soir
 


http://www.internationalnews.fr/article-la-guerre-glaciale-de-washington-contre-la-russie-125237439.html

Partager cet article
Repost0
16 décembre 2014 2 16 /12 /décembre /2014 16:41

Internationalnews

Voltaire Damas 8 décembre 2014

 

La Russie réagit dans la guerre économique que lui livre l’Otan à la manière dont elle l’aurait fait dans une guerre classique. Elle s’est laissée atteindre par des « sanctions » unilatérales pour mieux emmener son adversaire sur le terrain qu’elle a choisi. Simultanément, elle a conclu des accords avec la Chine pour préserver son avenir, puis avec la Turquie pour désorganiser l’Otan. Comme jadis face à la France ou à l’Allemagne, sa défaite initiale pourrait être la garantie de sa victoire finale.

JPEG - 15.4 ko

Lors du sommet annuel sur la sécurité, organisé par la Fondation Bertelsmann et l’Otan à Munich, en 2007, le président Vladimir Poutine avait souligné que l’intérêt des Européens de l’Ouest n’était plus uniquement outre-Atlantique, mais aussi et surtout avec la Russie. Depuis cette date, il n’a cessé de tenter de nouer des relations économiques, dont la construction du gazoduc North Stream sous la direction de l’ancien chancelier allemand Gerhard Schröder. De leur côté, les États-Unis ont tout fait pour empêcher ce rapprochement, dont l’organisation du coup d’État de Kiev et le sabotage du gazoduc South Stream.


Selon la presse atlantiste, la Russie aurait été gravement impactée par les « sanctions » unilatérales —en réalité des actes de guerre économique— prises à l’occasion du rattachement de la Crimée à la Fédération ou de la destruction du Boeing de la Malaysia Airlines et par la baisse du prix du pétrole. Le rouble a perdu 40 % de sa valeur, les investissements inutiles dans le gazoduc South Stream ont coûté 4,5 milliards de dollars, et l’embargo alimentaire a coûté 8,7 milliards de dollars. En définitive, assure la presse atlantiste, la Russie est aujourd’hui ruinée et isolée politiquement.


La presse atlantiste fait par contre l’impasse sur les conséquences de cette guerre économique dans l’Union européenne. Outre que l’interdiction des exportations alimentaires est susceptible de détruire des pans entiers de son agriculture, le renoncement à South Stream pèsera très gravement sur l’avenir de l’Union en renchérissant le prix de l’énergie.

JPEG - 14.3 ko
La baisse du cours du rouble par rapport au dollar Source : Boursorama

Il semble que les « sanctions » unilatérales aient eu comme conséquence imprévue la chute des cours du pétrole. En effet, celle-ci a débuté le 20 juin, mais elle n’est sortie des variations habituelles qu’à la fin juillet, lors des premières « sanctions » économiques. Le prix du pétrole n’ayant aucun rapport avec la loi de l’offre et de la demande, mais comme pour tout marché spéculatif, avec le volume des capitaux qui y spéculent, le déplacement des capitaux russes à l’annonce des sanctions ont accéléré le mouvement.

 

Dans un premier temps, on avait attribué la baisse du prix du pétrole à un effort de l’Arabie saoudite pour plomber les investissements états-uniens dans le gaz de schiste et les pétroles non-conventionnels mais, lors de la réunion de l’Opep, il s’est avéré que les Saoudiens n’y étaient probablement pour rien. Au demeurant, il semblait impossible que l’Arabie saoudite spécule contre son suzerain états-unien.

JPEG - 17.6 ko
La chute des cours du pétrole Source: Boursorama

Quoi qu’il en soit, la Russie a surpris Washington en renversant l’échiquier diplomatique : Vladimir Poutine s’est rendu en Turquie, État membre de l’Otan, juste après le vice-président états-unien Joe Biden, pour y conclure de gigantesques accords économiques. Non seulement ils contournent les sanctions unilatérales de l’Alliance, mais ils la désorganisent profondément.


La Turquie actuelle est un État en passe de redevenir une terrible dictature. Selon le département d’État —pourtant complaisant vis-à-vis d’un membre de l’Otan— l’internet est censuré ; le gouvernement a abusé de son pouvoir pour stopper les enquêtes de corruption conduites contre ses membres et leurs familles ; il a sanctionné les policiers et les magistrats qui ont conduit ces enquêtes ; les minorités n’ont aucun droit, à l’exception des trois minorités désignées dans le Traité de Lausanne en 1923 ; l’administration Erdoğan détient des centaines de prisonniers politiques (principalement des officiers supérieurs coupables d’avoir pris contact avec l’Armée chinoise, des responsables politiques d’opposition, des journalistes et des avocats) ; la torture est généralisée, les détentions arbitraires et les assassinats extra-judiciaires sont légion.


Le président Erdoğan s’est fait construire le plus grand palais du monde. Il l’a fait dans un parc naturel, alors que la Justice le lui avait interdit. Il en a coûté 615 millions de dollars à ses contribuables.


La dérive criminelle de l’administration Erdoğan est devenue un grave sujet de préoccupation au sein de l’Otan. D’autant que la Turquie s’avère devenir aussi un allié récalcitrant. Ainsi, elle persiste à aider les jihadistes dans leur lutte contre le peuple kurde (pourtant très majoritairement sunnite) au lieu de rejoindre activement la coalition états-unienne contre l’Émirat islamique. C’est pourquoi le vice-président Joe Biden s’est rendu le 22 novembre à Ankara, manifestement pour menacer le président Erdoğan s’il ne rentrait pas dans l’ordre états-unien.


Or, le 1er décembre, Vladimir Poutine se rendait également à Ankara. Distinguant les questions économiques des politiques, il présentait une offre longuement préparée: une alliance économique sans précédent entre les deux nations. Comprenant que cette offre inattendue était sa seule issue face à Washington, le président Erdoğan signait tous les documents qui avaient été rédigés par les Russes. Il acceptait le renforcement du gazoduc sous-marin reliant son pays à la Russie via la Mer Noire ; il achetait à bon prix du gaz russe et même des centrales nucléaires civiles pour alimenter son industrie ; il livrait ses produits agricoles à la Russie malgré l’embargo de tous les autres États atlantiques ; etc.


Pour l’Otan, le problème turc vire au cauchemar.


Vladimir Poutine n’a certes pas changé d’avis sur Recep Tayyip Erdoğan. C’est un petit criminel qui a rejoint les Frères musulmans, a été propulsé au pouvoir avec l’aide de la CIA, et qui se comporte aujourd’hui comme un vrai chef mafieux. Mais le président russe a l’habitude de traiter avec des oligarques ou des chefs d’État d’Asie centrale qui ne valent pas mieux. Lui-même est parvenu au Kremlin en s’infiltrant dans le cercle de Boris Elstine et de Boris Berezovski.


De son côté, Recep Tayyip Erdoğan sait qu’il doit son pouvoir à l’Otan, et qu’aujourd’hui elle lui demande des comptes. Il n’a aucune difficulté à faire le grand écart : allié de Washington en politique et de Moscou en économie. Il sait qu’aucun État n’a jamais pu sortir de l’Alliance, mais il imagine se maintenir au pouvoir par ce double jeu.


Maintenant observons la stratégie de Vladimir Poutine.


La puissance des États-Unis réside à la fois dans leur monnaie, qu’ils imposent au reste du monde via le contrôle du marché du pétrole, et dans leur armée.


L’Otan vient de lancer une guerre économique contre la Russie. Pour les besoins de la propagande, elle masque ses attaques sous le vocable de « sanctions ». Pourtant des sanctions supposeraient une mise en examen, un procès et un verdict. Pas dans ce cas. Les « sanctions » les plus importantes ont même été décidées après la destruction d’un avion civil en Ukraine alors que, selon toute probabilité, il a été abattu par les nouvelles autorités de Kiev.


Pour y répondre, Vladimir Poutine a d’abord fait basculer l’avenir de son pays de l’Europe occidentale vers l’Extrême-Orient en signant les plus importants contrats de l’histoire avec ses partenaires chinois. Puis, il a utilisé la Turquie contre l’Otan pour contourner les « sanctions » commerciales occidentales. Que ce soit avec la Chine ou avec la Turquie, la Russie vend son énergie en monnaies locales ou en troc, jamais en dollars.


Les experts russes ont calculé que Washington interviendrait si le cours du pétrole se maintenait plus de six mois à un cours inférieur à 60 dollars le baril. Il y a deux mois, le gouverneur de la Banque centrale russe, Elvira S. Nabiullina, attestait devant la Douma être prête pour ce scénario, son institution détenant suffisamment de réserves.


Par conséquent, si pour le moment la Russie est gravement touchée par l’attaque économique de l’Otan, la situation pourrait s’inverser dans six mois. Pour maintenir sa domination sur le reste du monde, Washington serait alors contraint d’intervenir pour faire remonter les prix du pétrole. Mais entre temps, cette guerre aura plombé l’Union européenne et l’Otan, tandis que la Russie aura muté son économie vers son allié chinois.


En définitive, la Russie agit ici comme elle l’a toujours fait. Jadis, elle pratiquait la « stratégie de la terre brûlée » lorsque la France de Napoléon ou l’Allemagne d’Adolf Hitler l’envahissait. Elle détruisait elle-même ses propres richesses à la place des troupes ennemies et ne cessait de reculer vers l’Extrême-Orient. Puis elle refluait contre les envahisseurs exténués par leur trop longue pénétration.

Source Оdnako (Russie)

 

http://www.internationalnews.fr/article-comment-vladimir-poutine-a-renverse-la-strategie-de-l-otan-par-thierry-meyssan-125224388.html

Partager cet article
Repost0
19 novembre 2014 3 19 /11 /novembre /2014 15:36

Internationalnews

Poutine aux élites occidentales : fini de jouer

 

Par Dmitry ORLOV ()

 

Ces derniers jours, les médias occidentaux ont tout fait pour ignorer ou déformer le sens du discours du président russe au Club de Valdaï réuni à Sotchi. Quoi que vous pensiez de Poutine, c’est probablement le discours politique le plus important depuis celui de , intitulé Rideau de fer, du 5 mars 1946.


Dans son discours, Poutine a brusquement changé les règles du jeu.

Auparavant, le jeu de la politique internationale se pratiquait comme suit : les politiciens faisaient des déclarations publiques dans l’optique de préserver la fiction agréable de la souveraineté nationale, mais ce n’était que de l’esbroufe et n’avait rien à voir avec la vraie nature de la politique internationale ; en sous-main, ils étaient engagés dans des négociations secrètes dans les antichambres, et c’est là que les vrais accords étaient forgés.


Auparavant, Poutine a tenté de jouer ce jeu, pensant seulement que la Russie serait traitée comme une égale. Ces espoirs ont toutefois été anéantis et, à cette conférence, il a déclaré que la partie était finie, violant explicitement le tabou occidental en s’adressant directement au peuple, par-dessus la tête des clans et des leaders politiques.

 

Suite de l'article après la vidéo


Discours de Vladimir Poutine à Sotchi lors de la dernière séance plénière de la XIe session du Club International de Discussion Valdaï du 24 octobre 2014. Le thème de la réunion était : " L’ordre mondial : de nouvelles règles ou un jeu sans règles? "  Sous-titres par le Journal du Siècle

Un blogueur a résumé les points les plus importants du discours de Vladimir Poutine :

1 - La Russie a fini de jouer et ne perdra plus son temps dans des négociations d’antichambre ne portant que sur des questions triviales. Toutefois, la Russie est prête pour des conversations et des accords sérieux s’ils conduisent à la sécurité collective, reposent sur l’équité et tiennent compte des intérêts de chacune des parties.

2 – Tous les systèmes mondiaux de sécurité collective sont aujourd’hui en ruines. Il n’existe plus du tout de garantie internationale de sécurité. L’entité qui a détruit tout cela porte un nom : les États-Unis d’Amérique.

3 – Les bâtisseurs du ont échoué, ils ont bâti un château de sable. Qu’un nouvel ordre mondial de quelque nature que ce soit doive être bâti ou pas ne relève pas de la décision de la seule Russie, mais c’est une décision qui ne sera pas prise sans elle.

4 – La Russie préconise une approche prudente des innovations dans l’ordre social, mais elle n’est pas opposée à ce qu’on les examine et que l’on en discute afin de déterminer si certaines d’entre elles se justifient.

5 - La Russie n’a pas l’intention d’aller pêcher dans les eaux troubles résultant de l’expansion constante de l’ « empire du  » de l’Amérique. Elle n’a aucun intérêt à bâtir un nouvel empire à elle (ce n’est pas nécessaire : la Russie doit d’abord s’attacher à développer son propre territoire, qui est déjà très vaste). La Russie ne souhaite pas non plus jouer le rôle de sauveur du monde comme elle a pu le faire dans le passé.

6 - La Russie ne tentera pas de refaçonner le monde à son image, mais elle ne laissera pas non plus les autres la refaçonner à leur propre image. La Russie ne s’exclura pas du monde, mais quiconque tentera de l’en exclure devra s’attendre à un retour de bâton.

7 - La Russie ne tient pas à ce que le chaos se répande, elle ne veut pas la guerre et n’a aucune intention d’en déclencher une. Cependant, aujourd’hui la Russie considère l’éclatement d’une guerre mondiale comme presque inévitable, elle y est préparée et continue de s’y préparer. La Russie ne veut pas la guerre, mais elle ne la craint pas.

8 - La Russie n’a pas l’intention de repousser activement ceux qui tentent encore de bâtir leur Nouvel Ordre Mondial, du moins tant qu’ils n’empiètent pas sur ses intérêts vitaux. La Russie préférerait se tenir à l’écart et les regarder se goinfrer autant qu’ils le peuvent. Cependant, ceux qui tenteront d’entraîner la Russie dans ce processus sans tenir compte de ses intérêts apprendront ce que souffrir signifie vraiment.

9 - Dans la politique étrangère et, à plus forte raison, dans la politique intérieure de la Russie, le pouvoir ne reposera pas sur les épaules des élites et leurs tractations d’antichambre, mais sur la volonté du peuple.

À ces neuf points, j’aimerais en ajouter un dixième :

10 - Il reste une chance de bâtir un nouvel ordre mondial sans déclencher un conflit planétaire. Ce nouvel ordre mondial doit nécessairement inclure les États-Unis, mais uniquement aux mêmes conditions que les autres: dans le respect du droit et des accords internationaux ; en s’interdisant toute action unilatérale ; dans le respect complet de la souveraineté des autres nations.

Pour résumer : fini de jouer. Allez, les enfants, rangez vos jouets. L’heure est venue pour les adultes de prendre des décisions. La Russie est prête. Le monde aussi ?

 

Articles liés:

 

Ce qui s’est réellement passé à Beijing : Poutine, Obama, Xi et les coulisses d’une histoire que les médias ne vous raconteront pas. (Salon.com)
Le G20 se passe mal : le fossé se creuse entre la Russie et les occidentaux sur fond de russophobie

Dossier Vladimir Poutine

 

Traduit par Gilles Chertier Pour Réseau International

Source :

http://orientalreview.org/2014/11/04/putin-to-western-elites-play-time-is-over/

Blog de l’auteur


http://www.internationalnews.fr/article-valdai-vladimir-poutine-aux-elites-occidentales-fini-de-jouer-video-125037740.html

Partager cet article
Repost0
19 novembre 2014 3 19 /11 /novembre /2014 14:39

Internationalnews

Mondialisation 18 novembre 2014
ilmanifesto.it

L'art de la guerre
 

Un Poutine envoyé dans les cordes par Obama à Pékin comme à Brisbane, obligé de quitter le G20 de façon anticipée : c’est l’image médiatique qu’on nous a présentée.

 

Exactement l’opposé de ce qui s’est passé. A Pékin pour le sommet Apec, Obama a conclu avec la Chine un accord aussi « historique » que fumeux qui prévoit la réduction des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030. Poutine a conclu avec la Chine 17 accords opérationnels d’importance stratégique. Avant tout celui trentennal sur la fourniture de 30-40 milliards de mètres cubes de gaz naturel à travers un couloir énergétique allant de la Sibérie occidentale à la Chine nord-occidentale. Une fois réalisé, la Chine deviendra le plus grand importateur de gaz russe.


Ont en outre été signés des accords sur des projets énergétiques conjoints dans la région d’Arkhangelsk et en Extrême-orient russe. Les plus grandes compagnies énergétiques russes -Gazprom, Rosneft et Lukoil- sont sur le point de coter leurs actions à la Bourse de Hong Kong, non pas en dollars mais en monnaies asiatiques : yuan chinois, dollar de Hong Kong, dollar de Singapour.

 

Le processus de dédollarisation des échanges commerciaux, extrêmement redouté aux Etats-Unis, accomplit un nouveau pas avec l’accord entre la Banque centrale russe et la Banque populaire de Chine. En outre, Exim Bank, qui finance l’export-import de la Chine, a effectué des investissements dans des banques russes (Vnesheconombank, Vtb, Rosselkhozbank) touchées par les sanctions USA/Ue.


Un autre accord important concerne la réalisation de grands parcs de haute-technologie dans les deux pays, destinés en particulier à développer les systèmes satellites de navigation mondiale, le Glonass russe et le Beidou chinois, alternatifs au Gps étasunien : dans ce cadre seront installées en Chine diverses stations terrestres du Glonass.


Le chef d’état-major russe, Valery Gerasimov, a en outre annoncé que les deux gouvernements se sont mis d’accord sur  « de nombreux projets de coopération militaire ». L’un d’entre eux est le chasseur stealth (furtif) chinois J-31, analogue au F-35 étasunien, qui, doté de moteurs russes, a été montré en vol au Salon aérospatial de Zhuhai en Chine méridionale, pendant que le président Obama se trouvait à Pékin.


Les liens entre les deux pays « représentent une tendance irréversible », a déclaré le président Xi, lors de sa dixième rencontre avec le président Poutine depuis qu’il est entré en fonction en mars 2013. Et, pour preuve de ceci, les deux présidents ont annoncé que Chine et Russie célèbreront ensemble, en 2015, le 70ème anniversaire de la victoire dans la Seconde guerre mondiale.

 

Climat analogue à Brisbane, en Australie, où s’est tenu un G20 inconcluant, qui a annoncé l’objectif d’atteindre une croissance de 2,1% d’ici 2018 (moyenne statistique entre une Chine dont le pib croit de 8% par an et une Italie pratiquement à l’arrêt). L’événement le plus important s’est tenu à Brisbane en marge du G20, la réunion des chefs d’Etat et de gouvernement des pays des Brics : Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud. Leur pib total, à parité de pouvoir d’achat, est plus haut que celui du G7.  Ces pays réalisent plus de 20% du produit brut et du commerce mondiaux et le commerce interne aux Brics a doublé en cinq ans, atteignant les 300 milliards de dollars.


A Brisbane les cinq leaders ont confirmé la création, à l’intérieur des Brics, d’une Banque pour le développement avec un capital de 100 milliards de dollars (dont 41 versés par la Chine) et d’un Fond de réserve de 100 autres milliards pour fournir une liquidité ultérieure aux pays membres.

 

Le « leadership américain dans la région Asie/Pacifique » proclamé par Obama à Brisbane, doit compter avec un monde qui change.

Manlio Dinucci Journaliste et géographe

Edition de mardi 18 novembre 2014 de il manifesto

http://ilmanifesto.info/asian-games-putin-obama-2-0/

Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio

Les emphases sont d'IN

 

Source de la photo


Sur le même sujet

Ce qui s’est réellement passé à Beijing : Poutine, Obama, Xi et les coulisses d’une histoire que les médias ne vous raconteront pas. (Salon.com)
Le G20 se passe mal : le fossé se creuse entre la Russie et les occidentaux sur fond de russophobie

Dossier Vladimir Poutine

Tous les journaux de l'Establishment - financés par le contribuable - rabachent la même propagande, qui dépasse de loin celle de feue de l'Union soviétique:
JPEG - 22.8 ko 

Et le vieux Soros (celui des révolutions colorées, de Move on et des Femen) n'avait pas manqué à sa tradition de payer quelques manifestants pour brandir ses pancartes:

(Ou l'art de renverser les roles - par ceux qui ont fomenté le coup d'Etat en Ukraine pour installer des nazis à la tete du pays)

 

http://www.internationalnews.fr/article-asian-games-poutine-obama-2-0-125035520.html 

Partager cet article
Repost0
4 novembre 2014 2 04 /11 /novembre /2014 16:51

Internationalnews

Chroniques de Rorchach 3 novembre 2014

Le 24 octobre, au cours de la dernière séance du Club international de discussion Valdaï à Sotchi (lieu des Jeux Olympiques d’hiver 2014), le président russe Vladimir Poutine est intervenu pour énoncer, avec fermeté, la position de la Russie. Son discours de grande envergure aura une résonance dans les années à venir, notamment auprès des Etats-Unis auxquels il signale clairement, la fin du monde unipolaire qui est, selon le chef d’Etat, « l’apologie de la dictature des peuples et des Etats ».

Le thème de la discussion porte le titre suivant : « nouvelles règles du jeu ou un jeu sans règles ». Selon le président russe, « la Russie ne prétend à aucun leadership mondial et la thèse selon laquelle la Russie prétendrait à l'exclusivité est complètement fausse. » C’est pourquoi, il a appelé à mettre en place un « système explicite d'engagements et d'accords mutuels », afin de prévenir l'anarchie mondiale.

Le système actuel est, selon Vladimir Poutine, « sérieusement affaibli, morcelé et déformé. Les institutions internationales et régionales de coopération politique, économique et culturelle traversent une période difficileLes Etats-Unis, qui se sont proclamés vainqueurs de la guerre froide, ce que je trouve assez présomptueux de leur part, ont estimé qu'aucune réforme n'était nécessaire », a déclaré le chef de l’Etat russe. « Au lieu de mettre en place un nouvel équilibre des forces apparaissant comme la condition indispensable de l’ordre et de la stabilité, les démarches qui furent entreprises, accentuèrent radicalement le déséquilibre », poursuit le président russe.

« Lorsque le système actuel des relations internationales, le droit international et les contrepoids en place font obstacle à leurs objectifs, ce système est déclaré sans valeur et obsolète. […] L’objectivité et l’honnêteté ont été sacrifiées à l’opportunisme politique. Les normes juridiques ont été remplacées par des interprétations arbitraires et des estimations biaisées. Alors que simultanément le contrôle total des systèmes mondiaux d’information permettait, selon leurs souhaits, de vendre le blanc comme étant du noir et inversement. […] Les ambitions de ce groupe [Etats-Unis et leurs alliés, ndlr] ont grandi démesurément, au point que les approches définies dans ses officines sont présentées comme celles de la communauté mondiale, ce qui n’est pas la réalité », affirme Vladimir Poutine.

Le président russe poursuit son intervention avec la notion de « souveraineté nationale » qui, « pour la majorité des Etats, est devenue relative » car « plus l’allégeance au centre principal d’influence est forte, plus la légitimité de tel ou tel régime sera forteCeux qui oseront s’opposer à la politique de ce groupe, subiront des pressions économiques, la propagande et l’intervention dans leurs affaires intérieures. […] Les gouvernements qui ne conviennent pas, seront mis à l’écart. Il est prouvé qu’ils recourent au chantage, à l’égard de certains dirigeants. Ce n’est pas pour rien que celui que l’on appelle "Big Brotherdépense, sans compter, des milliards de dollars pour la surveillance du monde entier et de ses alliés proches ! »

La question que nous devons nous poser, selon Vladimir Poutine, est de savoir si nous sommes heureux de vivre dans ce monde, si le leadership des Etats-Unis est un bienfait pour nous et si leurs interventions répétées dans les affaires du monde apportent la paix, le bien-être, le progrès, le développement et la démocratie. « Je me permettrai de dire que ce n’est pas le cas, ce n’est pas du tout le cas », répond le président russe.

« Le diktat unilatéral et l’imposition de leurs propres modèles apportent le résultat contraire : au lieu de régler des conflits, c’est l’escalade et au lieu d’avoir des Etats souverains et stables, c’est l’expansion du chaos, et en lieu et place de la démocratie, c’est le soutien à des populations douteuses : des purs néo-nazis aux islamistes radicaux », note le président russe.

« En Syrie, comme par le passé, les Etats-Unis et leurs alliés ont entrepris de fournir directement des armes et de financer des combattants, de renforcer leurs rangs de mercenaires originaires de différents pays. Permettez-moi de vous demander d’où ces combattants tiennent-ils l’argent, les armes et les spécialistes militaires ? D’où cela provient-il ? Comment se fait-il que ceux qu’on appelle l’EI ["Etat islamique", ndlr] se soient transformés en une réelle et puissante armée ? », s’interroge Vladimir Poutine avant de conclure :

« Nous comprenons bien que le monde est entré dans une ère de changement et de profondes mutations et que nous avons tous besoin d’un certain niveau de prudence pour éviter les démarches insensées. Dans les années qui ont suivi la guerre froide, les intervenants de la politique mondiale ont un peu perdu ces qualités. Le temps est venu de s’en souvenir. Dans le cas contraire, l’espoir d’un développement stable apparaitra comme une dangereuse illusion et les secousses actuelles seront les prémisses de la chute de l’ordre mondial ! »

Dossier vladimir poutine

Dossier vladimir poutine

 

 

 

 

 

http://www.internationalnews.fr/article-president-vladimir-poutine-la-fin-de-l-hegemonie-americaine-a-sonne-124935273.html

Partager cet article
Repost0
27 octobre 2014 1 27 /10 /octobre /2014 15:56

Internationalnews

Alors que les autorités françaises se ridiculisent et ridiculisent la France en tentant de faire du chantage à la Russie pour la livraison du premier bâtiment de type Mistral déjà payé, les représentants qui sévissent dans les medias officiels ne cessent de balader les auditeurs en affirmant par exemple, par malhonneteté ou ignorance, que les deux bâteaux pourraient être utilisés par la France ou par l'OTAN (alors qu'ils ont été fabriqués selon des normes russes et ne sont pas adaptables).

Le "spécialiste" des questions de défense au "Point" et sur les plateaux de télévision, Jean Guinel évoque quant à lui un soi-disant précédent de non livraison datant de 1969, mais il affabule totalement en parlant de missiles en lieu et place de frégates. (BFM, 25/11/14, à 4')

A partir de ce précédent, d'autres veulent faire croire que les Russes seraient capables d'imiter les Israéliens qui avaient dérobés à Cherbourg en 1969 les vedettes lance-missiles qu'un embargo décidé à la suite de la guerre des six jours interdisait d'exporter... L'occasion de rappeler cette affaire rocambolesque.

 


 

Source


Noël 1969, deux heures du matin, dans le port de Cherbourg. Les moteurs de cinq vedettes de guerre construites par les Chantiers de Normandie retentissent. Quelques minutes plus tard, ces vedettes filent vers le large alors que personne ne s'en émeut. En fait il s'agit d'un vol organisé.


Comment cette incroyable opération a-t-elle été possible ? Une affaire d'Etat qui ébranle la présidence De Gaulle et le gouvernement dirigé par Georges Pompidou.

C'est une jeune journaliste "incarnée" qui retrace toute la chronologie des événements, guidée par Patrick Pesnot (animateur de "rendez-vous avec X ", sur France Inter). Ce travail d'enquête nourrit d'archives inédites, de rencontres avec les derniers témoins, met en lumière les liens étroits entre l'industrie de l'armement et le pouvoir.


Rappel des faits :

En 1966 l'état d'Israël commande à la France 12 vedettes militaires qui doivent être construites par les Chantiers de Normandie à Cherbourg. Depuis la création d'Israël, la France a été un grand fournisseur d'armes. Mais en 1967, à la suite de la guerre des "Six jours", la position française est devenue intenable au Proche-Orient, et le président Charles De Gaulle décrète un embargo total de la ventes d'armes à Israël.

Cinq vedettes ont été livrées, puis deux juste avant l'ordre d'embargo. Mais pour l'amiral Limon, attaché militaire basé à Paris, les 5 vedettes restantes ont été payées, elles appartiennent à Israël qui en a besoin urgemment pour surveiller ses côtes. Il veut à tout prix les récupérer, aussi il met au point toute l'opération avec les services secrets israéliens.


Une société norvégienne est créée pour la circonstance qui se propose d'acheter les navires. Un centaine de marins techniciens, agents du Mossad, s'installent alors à Cherbourg pour monter cette incroyable opération...

Le 26 décembre 1969, l'affaire connaît un retentissement international. La presse relate l'enlèvement des vedettes par Israël au nez et à la barbe de la France. Les navires accostent ensuite à Haïfa le 31 décembre 1969 et les marins sont accueillis en héros par Golda Meir.

 

Reportage d'Olivier Brunet diffusé sur France 3. Collection Etranges affaires. emission Docs Interdits

Produit par Antoine Martin et Jean-François Le Corre. Vidéo ajoutée le 13octobre 2014

 

 

En complément:

http://www.opex360.com/2012/04/15/laffaire-des-vedettes-lance-missiles-de-cherbourg/


http://www.boursorama.com/forum-politique-les-vedettes-de-cherbourg-433648010-1


Url de cet article:

http://www.internationalnews.fr/article-l-affaire-des-vedettes-lance-missiles-de-cherbourg-documentaire-125091663.html

Partager cet article
Repost0
21 octobre 2014 2 21 /10 /octobre /2014 15:34

Internationalnews


20 octobre 2014


Dans cette analyse, nouvelle et originale, Thierry Meyssan expose les raisons géopolitiques de l’échec de la guerre contre la Syrie et les objectifs réels de la prétendue guerre contre Daesh. Cet article est particulièrement important pour comprendre les relations internationales actuelles et la cristallisation des conflits au Levant (Irak, Syrie et Liban).

Les trois crises au sein de la Coalition


Nous assistons à la troisième crise dans le camp des agresseurs depuis le début de la guerre contre la Syrie.


- En juin 2012, lors de la conférence de Genève 1, qui devait marquer le retour à la paix et organiser un nouveau partage du Proche-Orient entre les États-Unis et la Russie, la France qui venait d’élire François Hollande posa une interprétation restrictive du communiqué final. Puis, elle organisa la relance de la guerre, avec l’aide d’Israël et de la Turquie et le soutien de la secrétaire d’État Hillary Clinton et du directeur de la CIA David Petraeus.


- Clinton et Petraeus ayant été éliminés par le président Obama, la Turquie organisa à l’été 2013, avec Israël et la France, le bombardement chimique de la ghoutta de Damas en le faisant attribuer à la Syrie. Mais les États-Unis refusèrent de se laisser embarquer dans une guerre punitive.


- En janvier 2014, les États-Unis firent voter lors d’une séance secrète du Congrès le financement et l’armement de Daesh avec la mission d’envahir la zone sunnite de l’Irak et la zone kurde de la Syrie de manière à diviser ces grands États. La France et la Turquie armèrent alors Al-Qaïda (le Front al-Nosra) pour qu’il attaque Daesh et contraigne les États-Unis à revenir au plan initial de la Coalition. Si Al-Qaïda et Daesh se sont réconciliés en mai à la suite d’un appel au calme d’Ayman al-Zawahiri, la France et la Turquie ne participent toujours pas aux bombardements alliés.


D’une manière générale, la Coalition des Amis de la Syrie, qui comprenait en juillet 2012 « une centaine d’États et d’organisations internationales », n’en comprend aujourd’hui plus que 11. La Coalition contre Daesh regroupe, quand à elle, officiellement « plus de 60 États », mais ils ont si peu de choses en commun que leur liste reste secrète. Seuls 22 membres ont été invités à la réunion des chefs d’état-major de cette Coalition.


Des intérêts distincts

En réalité, la Coalition est composée de nombreux États qui poursuivent chacun des buts spécifiques et ne parviennent pas à s’entendre sur leur but commun. On peut y distinguer quatre forces :


- Les États-Unis cherchent à contrôler les hydrocarbures de la région. En 2000, le National Energy Policy Development Group (NEPDG) présidé par Dick Cheney avait identifié, grâce à des images satellitaires et à des données de forage, les réserves mondiales d’hydrocarbures et avait observé les immenses réserves de gaz syrien.

Lors du coup d’État militaire de 2001, Washington décida d’attaquer huit pays successivement (Afghanistan, Irak, Libye, Liban et Syrie, Soudan, Somalie, Iran) pour s’emparer de leurs richesses naturelles. Son état-major adopta alors le plan de remodelage du « Moyen-Orient élargi » (qui prévoit également le démantèlement de la Turquie et de l’Arabie saoudite) tandis que le département d’État créa l’année suivante son service MENA pour organiser les « printemps arabes ».


- Israël défend ses intérêts nationaux : sur le court terme, il poursuit pas à pas son expansion territoriale. Simultanément et sans attendre de contrôler tout l’espace entre les deux fleuves, le Nil et l’Euphrate, il entend maîtriser l’ensemble de l’activité économique de la zone, dont bien entendu les hydrocarbures.

Pour assurer sa protection à l’ère des missiles, il entend d’une part prendre le contrôle d’une zone de sécurité à sa frontière (aujourd’hui il a chassé les Casques bleus de la frontière du Golan et les a remplacés par Al-Qaïda) et d’autre part neutraliser les armées égyptiennes et syriennes en les prenant à revers (déploiement des missiles Patriot de l’Otan en Turquie, création d’un Kurdistan en Irak et du Sud-Soudan).


- La France et la Turquie poursuivent le rêve de restaurer leurs empires. La France espère obtenir un mandat sur la Syrie, ou tout au moins sur une portion du pays. Elle a créé l’Armée syrienne libre et lui a remis le drapeau vert, blanc, noir à trois étoiles du mandat français de 1920. La Turquie, quand à elle, entend restaurer l’Empire ottoman. Elle a désigné depuis septembre 2012 un wali pour administrer cette province. Les projets turcs et français sont compatibles car l’Empire ottoman avait admis que certaines de ses provinces puissent être administrées avec d’autres puissances coloniales.


- Enfin, l’Arabie saoudite et le Qatar savent qu’ils ne peuvent survivre qu’en servant les États-Unis et en combattant les régimes laïques, dont la République arabe syrienne est désormais l’unique expression dans la région.


L’évolution de la Coalition


Ces quatre forces n’ont pu collaborer que durant la première partie de la guerre, de février 2011 à juin 2012. Il s’agissait en effet d’une stratégie de quatrième génération : quelques groupes de forces spéciales organisaient des incidents et des embuscades ici et là, tandis que les télévisions atlantistes et du Golfe mettaient en scène une dictature alaouite réprimant une révolution démocratique. Les sommes investies et les soldats déployés ne représentaient pas grand-chose et chacun croyait pouvoir tirer un peu la couverture vers lui une fois la république arabe syrienne renversée.


Cependant, au début 2012, la population syrienne commença à douter que le président Bachar el-Assad torturait des enfants et que la République allait être renversée au profit d’un régime confessionnel de type libanais. Le siège des takfiristes de l’Émirat islamique de Baba Amr laissait entrevoir la défaite de l’opération. La France négocia alors une sortie de crise et la restitution des officiers français qui avaient été faits prisonniers. Les États-Unis et la Russie négocièrent de se substituer au Royaume-uni et à la France et de se partager l’ensemble de la région comme Londres et Paris le firent avec les accords Sykes-Picot de 1916.


Depuis ce moment-là, plus rien ne fonctionne dans la Coalition. Ses échecs successifs montrent qu’elle ne pourra pas gagner.


En juillet 2012, la France réunissait en grande pompe à Paris la plus importante réunion de la Coalition et relançait la guerre. Le discours prononcé par François Hollande avait été écrit en anglais, probablement par les Israéliens, puis traduit en français. La secrétaire d’État Hillary Clinton et l’ambassadeur Robert S. Ford (formé par John Negroponte) s’engageaient dans la plus vaste guerre secrète de l’histoire.

Comme jadis au Nicaragua, des armées privées recrutaient des mercenaires et les envoyaient en Syrie. Sauf que cette fois, ces mercenaires étaient encadrés idéologiquement pour former des hordes jihadistes. La supervision des opérations échappait au Pentagone pour revenir au département d’État et à la CIA.

Le coût de cette guerre fut faramineux, mais il ne fut pas imputé aux Trésors des États-Unis, de la France ou de la Turquie, car entièrement assumé par l’Arabie saoudite et le Qatar.


Selon la presse atlantiste et du Golfe, quelques milliers d’étrangers vinrent ainsi prêter main forte à la « révolution démocratique syrienne ». Cependant, sur place, il n’y avait nulle part de « révolution démocratique », mais des groupes de fanatiques scandant des slogans tels que « Révolution pacifique : les chrétiens à Beyrouth, les alaouites au tombeau ! » [1] ou encore « Non au Hezbollah, non à l’Iran, nous voulons un président qui craigne Dieu ! » [2].

Selon l’Armée arabe syrienne, ce ne sont pas quelques milliers, mais 250 000 jihadistes étrangers qui seraient venus se battre, et souvent mourir, de juillet 2012 à juillet 2014.


Or, le lendemain du jour de sa réélection, Barack Obama contraignait à la démission le directeur de la CIA, le général David Petraeus, puis se débarrassait d’Hillary Clinton lors de la formation de sa nouvelle administration. De sorte qu’au début 2013, la Coalition ne reposait pratiquement plus que sur la France et la Turquie, les États-Unis en faisant le moins possible. C’est évidemment le moment qu’attendait l’Armée arabe syrienne pour lancer son inexorable reconquête du territoire.


François Hollande et Recep Tayyip Erdoğan, Hillary Clinton et David Petraeus entendaient renverser la République laïque et imposer un régime sunnite qui aurait été placé sous administration directe de la Turquie, mais incluant des hauts-fonctionnaires français. Un modèle hérité de la fin du XIXe siècle, mais qui ne représentait aucun intérêt pour les États-Unis.


Barack Obama et ses deux secrétaires à la Défense, Leon Panetta et Chuck Hagel sont animés par une vision politique radicalement différente : Panetta est issu de la Commission Baker-Hamilton et Obama a été élu sur le programme de cette Commission. Selon eux, les États-Unis ne sont pas et ne doivent pas être une puissance coloniale au sens méditerranéen du terme, c’est-à-dire qu’ils ne doivent pas envisager de contrôler un territoire en y installant des colons. L’expérience de l’administration Bush en Irak a été extrêmement coûteuse par rapport à son retour sur investissement. Elle ne doit pas être reproduite.


Après que la Turquie et la France ont tenté d’embarquer les États-Unis dans un vaste bombardement de la Syrie, en mettant en scène la crise chimique de l’été 2013, la Maison-Blanche et le Pentagone ont décidé de reprendre la main. En janvier 2014, ils ont convoqué une séance secrète du Congrès et lui ont fait voter une loi secrète approuvant un plan de division de l’Irak en trois et de sécession de la zone kurde de la Syrie. Pour ce faire, ils ont décidé de financer et d’armer un groupe jihadiste capable de réaliser ce que le droit international interdit de faire à l’armée états-unienne : un nettoyage ethnique.


Barack Obama et ses armées n’envisagent pas le remodelage du « Moyen-Orient élargi » comme un but en soi, mais uniquement comme un moyen de contrôler les ressources naturelles. Ils utilisent un concept classique, « Divide ut regnes » (Diviser pour régner), non pas pour se créer des postes de rois et de présidents dans de nouveaux États, mais pour poursuivre la politique des États-Unis depuis Jimmy Carter.


Dans son discours sur l’état de l’Union du 23 janvier 1980, le président Carter posait la doctrine qui porte son nom : les États-Unis considèrent que les hydrocarbures du Golfe sont indispensables à leur économie et leur appartiennent. Par conséquent, toute remise en cause, par qui que ce soit, de cet axiome, sera considéré comme « une atteinte aux intérêts vitaux des États-Unis d’Amérique et une telle atteinte sera repoussée par tous les moyens nécessaires, y compris la force militaire ». Que l’on ne s’y trompe pas, le président Carter ne parlait pas d’approvisionner l’industrie états-unienne avec du pétrole du Golfe à la place du pétrole local, mais de contrôler le marché mondial du pétrole, en dollars, à la manière dont le Royaume-Uni avait assis sa puissance au XIXe siècle en contrôlant le marché mondial du charbon. Avec le temps, Washington s’est doté de l’instrument de cette politique, le CentCom, et a étendu sa zone réservée jusqu’à la Corne de l’Afrique.


Dès lors, l’actuelle campagne de bombardements de la Coalition n’a plus aucun rapport avec la volonté initiale de renverser la République arabe syrienne. Elle n’a pas non plus de rapport avec son affichage de « guerre au terrorisme ». Elle vise exclusivement à défendre les intérêts économiques des seuls États-Unis, au besoin en créant de nouveaux États, mais pas forcément.


Actuellement, le Pentagone est symboliquement aidé par quelques avions saoudiens et qataris, mais ni par la France, ni par la Turquie. Il revendique lui-même avoir mené plus de 4 000 sorties aériennes, mais n’avoir tué qu’un peu plus de 300 combattants de l’Émirat islamique. Si l’on s’en tient au discours officiel, cela fait plus de 13 sorties aériennes et on ne sait combien de bombes et de missiles pour tuer un seul jihadiste. Il s’agirait alors de la campagne aérienne la plus coûteuse et la plus inefficace de l’Histoire.

 

Mais si l’on considère le raisonnement qui a précédé, l’attaque de Daesh contre l’Irak correspond à une manipulation des cours du pétrole qui les a fait chuter de 115 $ le baril à 83 $, soit une baisse de près de 25 %. Nouri al-Maliki, le Premier ministre irakien légitimement élu, qui vendait la moitié de son pétrole à la Chine, a été subitement stigmatisé et renversé.

 

Daesh et le Gouvernement régional du Kurdistan irakien ont eux-mêmes diminué leur vol de pétrole et leur exportation d’environ 70 %. L’ensemble des installations pétrolières utilisées par les compagnies chinoises ont été purement et simplement détruites. De facto, le pétrole irakien et le pétrole syrien ont échappé aux acheteurs chinois et ont été réintégrés dans le marché international contrôlé par les États-Unis.


En définitive, cette campagne aérienne est une application directe de la « doctrine Carter » et une mise en garde au président Xi Jinping qui tente de conclure, ici et là, des contrats bilatéraux pour l’approvisionnement de son pays en hydrocarbures, sans passer par le marché international.


Anticiper l’avenir


De cette analyse, nous pouvons conclure que :

- Dans la période actuelle, les États-Unis n’acceptent de mener de guerre que pour défendre leur intérêt stratégique de maîtrise du marché international du pétrole. Par conséquent, ils peuvent entrer en guerre contre la Chine, mais pas contre la Russie.


- La France et la Turquie ne parviendront jamais à réaliser leurs rêves de recolonisation. La France devrait réfléchir au rôle que l’AfriCom lui a assigné sur le continent noir. Elle peut continuer à intervenir dans tous les États qui tentent de se rapprocher de la Chine (Côte d’Ivoire, Mali, République centrafricaine) et rétablir l’ordre « occidental », mais elle ne parviendra jamais à restaurer son Empire colonial [3].

La Turquie devrait également baisser le ton. Même si le président Erdoğan parvient à réaliser une alliance contre-nature entre les Frères musulmans et les officiers kémalistes, il devrait abandonner ses ambitions neo-ottomanes. Surtout, il devrait se souvenir qu’en tant que membre de l’Otan, son pays est plus que tout autre susceptible d’être victime d’un coup d’État pro-US, comme l’ont été avant lui le Grec Geórgios Papandréou ou le Turc Bülent Ecevit.


- L’Arabie saoudite et le Qatar ne seront jamais remboursés des milliards qu’ils ont investis à perte pour renverser la République arabe syrienne. Pire, il est probable qu’ils devront payer pour une partie de la reconstruction. La famille Séoud devrait continuer à satisfaire les intérêts économiques états-uniens, mais éviter de poursuivre des guerres de grande ampleur et considérer qu’à tout moment, Washington peut décider de partitionner leur propriété privée, l’Arabie saoudite.


- Israël peut espérer continuer à jouer en sous-main pour provoquer à moyen terme la division effective de l’Irak en trois. Il obtiendrait ainsi un Kurdistan irakien comparable au Sud-Soudan qu’il a déjà créé. Il est cependant peu probable qu’il puisse y relier immédiatement le Nord de la Syrie. De même, il est peu probable qu’il puisse évincer la FINUL du Sud du Liban et la remplacer par Al-Qaïda comme il l’a fait avec la FNUOD à la frontière syrienne.

Mais, en 66 ans, Israël s’est habitué à tenter beaucoup et souvent pour obtenir toujours un peu plus. Il est en réalité le seul gagnant de cette guerre contre la Syrie, puis au sein de la Coalition. Il a non seulement affaibli son voisin syrien pour de longues années, mais il est parvenu à le contraindre à abandonner son arsenal chimique. De sorte qu’il est aujourd’hui le seul État au monde à disposer officiellement à la fois d’un arsenal atomique perfectionné et d’un arsenal chimique et biologique.


- L’Irak est de facto divisé en trois États distincts dont un, le Califat, ne pourra jamais être reconnu par la Communauté internationale. Dans un premier temps, on ne voit pas ce qui empêcherait la sécession du Kurdistan, sinon la difficulté d’expliquer par quel enchantement il a augmenté son territoire de 40 % par rapport à sa définition administrative, incluant les champs de pétrole de Kirkouk.

Le Califat devrait progressivement laisser la place à un État sunnite, probablement gouverné par des hommes qui auront officiellement « quitté » Daesh, mais de manière moins cruelle. Il s’agirait alors d’un processus comparable à celui de la Libye où les anciens combattants d’Al-Qaïda ont été placés au pouvoir sans soulever la moindre protestation.


- La Syrie retrouvera progressivement la paix et se consacrera à sa longue reconstruction. Elle se tournera pour cela vers les entreprises chinoises, mais elle tiendra Pékin à l’écart de ses hydrocarbures. Pour reconstruire son industrie pétrolière et pour exploiter ses réserves de gaz, elle se tournera vers des entreprises russes. La question des pipe-lines qui la traverseront dépendra de ses soutiens iranien et russe.


- Le Liban continuera à vivre sous la menace de Daesh, mais jamais l’organisation ne jouera un autre rôle que celui de terroristes. Les jihadistes seront juste un moyen de geler un peu plus le fonctionnement politique d’un pays qui sombre dans l’anarchie.


- Enfin, la Russie et la Chine devraient intervenir urgemment contre Daesh, en Irak, en Syrie et au Liban, non pas par compassion pour les populations locales, mais parce que cet outil sera prochainement utilisé contre eux par les États-Unis. D’ores et déjà, si Daesh est commandé par le prince saoudien Abdul Rahman, qui finance, et par le calife Ibrahim, qui dirige les opérations, ses principaux officiers sont Géorgiens, tous membres des services secrets militaires, et parfois Chinois turcophones. En outre, le ministre géorgien de la Défense a reconnu, avant de se raviser, héberger des camps de formation de jihadistes. Si Moscou et Pékin hésitent, ils devront affronter Daesh dans le Caucase, dans la vallée de Ferghana, et au Xinjiang

[1] « Révolution pacifique » signifie ici que l’on ne fera pas de mal aux sunnites.

[2] Au début de la guerre, le Hezbollah n’était pas présent en Syrie, mais la République arabe syrienne soutenait militairement le Hezbollah dans sa lutte contre l’agresseur israélien. Il ne s’agissait donc pas de mettre le Hezbollah hors de Syrie, mais de cesser de soutenir la Résistance.

[3] Je reviendrais dans un prochain article sur la présence actuelle d’officiers de la Légion étrangère française en mission secrète en Syrie. En avril 2014, sept d’entre eux ont été tués alors qu’ils dirigeaient une katiba du Front al-Nosra (Al-Qaïda) et maniaient des missiles Milan.

 

Titre original:

Géopolitique de la guerre contre la Syrie et de celle contre Daesh


Illustration: http://www.nowtheendbegins.com
Partager cet article
Repost0
30 septembre 2014 2 30 /09 /septembre /2014 21:29

Internationalnews 30 septembre 2014


"La Turquie est aux avant-postes de l’opération militaire contre la Syrie : ici l’Otan a plus de vingt bases aériennes, navales et d’espionnage électronique, renforcées en 2013 par 6 batteries de missiles Patriot étasuniens, allemandes et hollandaises..."

 

Il s’est formé « underground » dans les deux dernières années, en profitant du « chaos de la guerre civile en Syrie » : voilà comment le président Obama reconstruit dans une interview à 60 Minutes la genèse de l’Isis (Emirat Islamique), en disant l’avoir « sous-estimé » et avoir « surestimé » la capacité de l’armée irakienne de le combattre. Raison pour laquelle les Etats-Unis « reconnaissent que la solution est en train de devenir militaire ».

 

Obama fait ainsi d’une pierre deux coups : d’un côté il assume la fausse faute d’avoir sous-évalué l’Isis, mais pas celle, réelle, d’en avoir facilité le développement en armant et infiltrant des groupes islamistes en Syrie et en Irak, de l’autre il présente l’image d’une administration aux mains propres obligée aujourd’hui d’avoir recours à la force militaire pour protéger de l’EI les civils syriens, kurdes et irakiens.

 

Les attaques étasuniennes se concentrent sur les sites pétrolifères syriens, sous le prétexte qu’ils sont exploités par l’EI : le plan est à coup sûr de démolir tout le réseau des industries et infrastructures syriennes restantes pour faire s’écrouler le gouvernement de Damas.

 

Ces sites sont frappés non seulement depuis les airs mais aussi depuis la mer : deux navires de guerre étasuniens, le Uss Arleigh Burke et le Uss Philippine Sea, sont en train de lancer depuis la Mer Rouge et le Golfe Persique des centaines de missiles de croisière sur les sites syriens. En même temps, pendant que sont armés et entraînés des « groupes rebelles syriens modérés », on prépare l’opération de terre sous le paravent du dit « plan Erdogan ».

 

Le plan, officiellement proposé par le président turc, prévoit la création d’une « zone tampon » en territoire syrien le long de la frontière avec la Turquie, renforcée par une « no-fly zone » établie sur la Syrie nord-orientale formellement pour protéger les civils des attaques des avions gouvernementaux syriens (qui de fait aujourd’hui déjà ne peuvent pas survoler la zone, dominée par la U.S. Air Force).

 

Le plan est en réalité le produit de la stratégie Usa/Otan : comme le confirment le Secrétaire à la défense Hagel et le général Dempsey, la plus haute autorité militaire étasunienne, qui se sont déclarés « disponibles pour considérer la requête du président Erdogan ». La création d’une zone tampon est « devenue une possibilité », a déclaré le général Dempsey, en ajoutant qu’elle requerrait  « des attaques aériennes pour mettre hors d’usage le système des défense aérien du gouvernement syrien » (The New York Times, 27 septembre).

 

La Turquie est aux avant-postes de l’opération militaire contre la Syrie : ici l’Otan a plus de vingt bases aériennes, navales et d’espionnage électronique, renforcées en 2013 par 6 batteries de missiles Patriot étasuniens, allemandes et hollandaises, pouvant abattre des vélivoles dans l’espace aérien syrien.

 

A ces bases s’est ajouté un des plus importants commandements de l’Alliance: le Landcom, responsable de toutes les forces terrestres des 28 pays membres, activé à Izmir (Smyrne) (voir il manifesto du 16 juillet 2013)[1]. Le déplacement du commandement des forces terrestres alliées de l’Europe à la Turquie –adossées au Moyen-Orient  (en particulier Syrie, Irak et Iran) et à la Caspienne- indique que, dans les plans USA/Otan, on prévoit l’emploi aussi de forces terrestres alliées dans cette aire de première importance stratégique.

 

Le Landcom, aux ordres du générale étasunien Hodges, fait partie du JFC Naples, la Force conjointe alliée dont le quartier-général est à Lago Patria, aux ordres de l’amiral étasunien Ferguson : celui-ci est en même temps commandant de la Force conjointe alliée, des Forces navales étasuniennes en Europe et des Forces navales du Commandement Africa. Un jeu stratégique des trois cartes, qui permet au Pentagone de toujours garder le commandement.


Comme en informent aussi des enquêtes du New York Times et du Guardian, dans les provinces turques d’Adana et du Hatay, frontalières avec la Syrie, la CIA a ouvert des centres de formation militaire de combattants à infiltrer en Syrie, dans lesquels ont été entraînés des groupes islamistes (d’abord qualifiés par Washington de terroristes) provenant d’Afghanistan, Bosnie, Tchétchénie, Libye et autres pays. Les armes arrivent surtout via l’Arabie saoudite et le Qatar. A bord de navires Otan dans le port d’Alexandrette se trouve le commandement des opérations. Celui qu’est en train de préparer le « plan Erdogan ».


Manlio Dinucci Géographe et journaliste

Edition de mardi 30 septembre 2014 de il manifesto 

Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio

Les emphases sont d'IN

 


[1] « L’Otan en stand-by prête à l’attaque ».

 

http://www.internationalnews.fr/article-l-otan-derriere-le-plan-erdogan-par-manlio-dinucci-124686107.html

Partager cet article
Repost0
30 septembre 2014 2 30 /09 /septembre /2014 15:16

Internationalnews

 

L'ancien dirigeant cubain affirme que le sénateur américain John McCain a collaboré avec le Mossad pour créer le groupe terroriste Etat islamique. L’ancien dirigeant cubain Fidel Castro s’est exprimé ce lundi en disant que l’agence de renseignement israélienne Mossad était derrière l’État islamique (ISIS), un groupe terroriste, selon l’AFP.

 

Les allégations de Castro ont été faites dans une colonne publiée dans les médias cubains dans laquelle il a fustigé les États-Unis et l’Europe, et les a accusés de bellicisme. Il a aussi comparé les représentants de l’alliance militaire de l’OTAN aux SS nazis.


Castro a également attaqué le sénateur américain John Mc Cain sur la politique des États-Unis au Moyen -Orient, l’appelant «l’allié le plus inconditionnel d’Israël».


Il a choisi Mc Cain, le candidat républicain à la présidentielle de 2008, disant qu’il avait soutenu l’agence de renseignement du Mossad  et «participé avec ce service dans la création de l’Etat islamique, qui contrôle aujourd’hui une partie importante et vitale de l’Irak et aurait un tiers de la Syrie ».

 


Il a accusé l’Occident de « cynisme », et a déclaré qu’il était devenu «un symbole de la politique impérialiste», selon l’AFP. En ce qui concerne l’OTAN, Castro a déclaré que les représentants de l’alliance rappelaient  l’Allemagne nazie :

 

« Beaucoup de gens sont surpris quand ils entendent les déclarations faites par certains porte-paroles d’Europe pour l’OTAN quand ils parlent avec le style et le visage de la SS nazie»


« L’empire basé sur la cupidité d’Adolf Hitler est entré dans l’histoire avec pas plus de gloire que l’encouragement fourni aux gouvernements agressifs et bourgeois de l’OTAN, ce qui les rend la risée de l’Europe et du monde», a ajouté Castro.

Le mois dernier, Castro a comparé l’opération militaire israélienne dans la bande de Gaza à une «forme dégoûtante de fascisme ».


Il a signé plus tard un manifeste international « soutenir la Palestine »  demandant à Israël de respecter les résolutions des Nations Unies et de se retirer de «Gaza, la Cisjordanie et Jérusalem-Est. »

 

http://www.internationalnews.fr/article-fidel-castro-le-mossad-a-cree-l-etat-islamique-isis-124686013.html

Partager cet article
Repost0
23 septembre 2014 2 23 /09 /septembre /2014 14:07

Internationalnews
23 septembre 2014

Mondialisation 23 septembre 2014

 

On dépeint l’État islamique (EI) comme un ennemi des États-Unis et du monde occidental.

 

Avec le soutien de la Grande-Bretagne, l’indéfectible allié des États-Unis, le président Barack Obama a ordonné une série de bombardements étasuniens sur l’Irak visant apparemment à vaincre l’armée rebelle de l’EI.

 

« Nous ne renoncerons pas à notre volonté de faire face à l’État islamique [...] Si les terroristes pensent que nous allons faiblir face à leurs menaces, ils ne peuvent pas être davantage dans l’erreur. »

(Barack Obama et David Cameron, Strengthening the NATO alliance, lettre d’opinion publiée dans le Times de Londres, 4 septembre 2014, c’est l’auteur qui souligne.)

 

Mais qui est derrière le projet de l’État islamique?


Par une cruelle ironie du sort, les rebelles de l’État islamique, anciennement connu sous le nom « État islamique en Irak et au Levant » (EIIL) étaient jusqu’à tout récemment présentés comme « des combattants de la liberté de l’opposition » en Syrie, dévoués au « rétablissement de la démocratie » et au renversement du gouvernement laïc de Bachar al-Assad.

Et qui était derrière l’insurrection djihadiste en Syrie?

 

Ceux qui ont ordonné les bombardements sont ceux qui sont derrière le projet de califat.


Les milices de l’EI, qui sont actuellement la cible présumée d’une campagne de bombardements des États-Unis et de l’OTAN en vertu d’un mandat de « lutte au terrorisme », ont été et sont toujours soutenues clandestinement par les États-Unis et leurs alliés.

 

Autrement dit, l’État islamique a été créé par le renseignement étasunien , avec le soutien du MI6 britannique, du Mossad israélien, de l’Inter-Services Intelligence (ISI) pakistanais et l’Al Mukhabarat Al A’amah de l’Arabie saoudite (رئاسة الاستخبارات العامة ou General Intelligence Presidency (GIP) en anglais). Par ailleurs, selon des sources du renseignement israélien (Debka), l’OTAN, en liaison avec le haut commandement turc, était impliqué dans le recrutement de mercenaires djihadistes dès le début de la crise syrienne en mars 2011.

 

En ce qui concerne l’insurrection syrienne, les combattants de l’État islamique ainsi que le Front Al-Nosra, des forces djihadistes affiliées à d’Al-Qaïda, sont les fantassins de l’alliance militaire occidentale. Ils sont secrètement soutenus par les États-Unis, l’OTAN et Israël. Leur mandat consiste à mener une insurrection terroriste contre le gouvernement de Bachar al-Assad. Les atrocités commises par les combattants de l’État islamique en Irak sont similaires à celles commises en Syrie.

 

En raison de la désinformation médiatique, l’opinion publique occidentale n’est pas au courant que dès le tout début, les terroristes de l’EI ont été soutenus par les États-Unis et leurs alliés.

 

Les meurtres de civils innocents par les terroristes de l’État islamique en Irak sont utilisés afin de créer un prétexte et une justification en faveur d’une intervention militaire étasunienne pour des raisons humanitaires. Les bombardements ordonnés par Obama, cependant, ne sont pas destinés à éliminer l’État islamique, qui constitue un « atout du renseignement » étasunien. Bien au contraire, les États-Unis visent la population civile ainsi que le mouvement de résistance irakien.

 

 

Le rôle de l’Arabie saoudite et du Qatar


Fait amplement documenté, le soutien des États-Unis et de l’OTAN à l’État islamique est acheminé clandestinement par les plus fidèles alliés des États-Unis, à savoir le Qatar et l’Arabie saoudite. Les médias occidentaux ont reconnu que Riyad et Doha, agissant en liaison avec Washington et en son nom, ont joué (et jouent toujours) un rôle central dans le financement de l’État islamique, ainsi que dans le recrutement, la formation et l’endoctrinement religieux des forces mercenaires terroristes déployées en Syrie.

 

Selon le Daily Express de Londres : « Ils [les terroristes de l'EI] avaient de l’argent et des armes fournies par le Qatar et l’Arabie saoudite. »

 

« La plus importante source de financement de l’EI à ce jour provient des pays du Golfe, principalement de l’Arabie saoudite mais aussi du Qatar, du Koweït et des Émirats arabes unis »

(Selon le Dr Günter Meyer, directeur du Centre de recherche sur le Monde arabe à l’Université de Mayence, en Allemagne, Deutsche Welle )

Ces fonds ont été acheminés aux terroristes de l’EI qui se battent contre les forces gouvernementales en Syrie:

Grâce à des alliés comme l’Arabie saoudite et le Qatar, l’Occident [a] soutenu des groupes rebelles militants qui ont depuis mutés en EI et autres milices liées à al-Qaïda. (Daily Telegraph, 12 juin 2014)

Selon Robert Fisk, le projet de califat « a été financé par l’Arabie saoudite » :

[V]oici la plus récente contribution monstrueuse de l’Arabie saoudite à l’histoire mondiale : le Califat islamiste sunnite en Irak et au Levant, conquérant de Mossoul et Tikrit – et de Racca en Syrie – et peut-être de Bagdad, « humiliateurs » ultimes de Bush et d’Obama.

D’Alep, dans le nord de la Syrie, jusqu’aux environs la frontière irako-iranienne, les djihadistes de l’EIIL et autres groupuscules divers payés par les wahhabites saoudiens, et des oligarques koweïtiens, règnent maintenant sur des milliers de miles carrés. (Robert Fisk, The Independent, 12 juin 2014)

En 2013, dans le cadre de son recrutement de terroristes, l’Arabie saoudite a pris l’initiative de libérer des condamnés à mort incarcérés dans les prisons saoudiennes.

 

Une note confidentielle a révélé que les prisonniers étaient « recrutés” » pour rejoindre les milices djihadistes (y compris Al-Nosra et l’EIIL) afin de lutter contre les forces gouvernementales en Syrie.

Prison saoudienne

On aurait offert une entente aux prisonniers – rester et être exécuté ou lutter contre Assad en Syrie. Dans le cadre de l’entente, on offrait aux prisonniers un « pardon et une allocation mensuelle pour leurs familles, autorisées à demeurer dans le royaume sunnite ».

Les responsables saoudiens leur auraient donné le choix : décapitation ou djihad? En tout, des détenus du Yémen, de la Palestine, de l’Arabie saoudite, du Soudan, de la Syrie, de la Jordanie, de la Somalie, de l’Afghanistan, de l’Égypte, du Pakistan, de l’Irak et du Koweït ont choisi d’aller combattre en Syrie. (Voir Global Research, 11 septembre 2013)

Volte-face


Le 11 septembre 2014, coïncidant avec la commémoration du 11-Septembre, le roi d’Arabie saoudite ainsi que les monarques des pays du Golfe ont annoncé leur soutien indéfectible à la guerre sainte d’Obama contre l’État islamique, laquelle a été et est toujours financée par des fonds du Qatar et de l’Arabie saoudite dans le cadre d’une opération de renseignement soigneusement conçue.

 

Le secrétaire d’État John F. Kerry, à gauche, parle avec Joseph W. Westphal, l’ambassadeur étasunien en Arabie saoudite, et le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Saoud Al-Fayçal à son arrivée à l’aéroport international du roi Abdulaziz de Djeddah, en Arabie saoudite le 11 septembre 2014 (Photo : Brendan Smialowski, Associated Press)

Alors qu’ils ont activement contribué au financement de l’État islamique, sans compter qu’ils ont recruté et formé des terroristes au nom de Washington, l’Arabie saoudite et les États du Golfe ont promis d’appuyer fermement la campagne militaire d’Obama, « d’avilir et finalement détruire » l’État islamique.

 

La déclaration d’appui contenue dans le communiqué, engage les « principaux pays arabes à travailler avec les États-Unis afin de couper le flux de combattants et les fonds étrangers de l’État islamique ». Elle confirme également que les membres ont discuté d’une « stratégie pour détruire l’EIIL où qu’il soit, y compris en Irak et en Syrie ».

L’Arabie saoudite a fini par comprendre que le groupe État islamique constitue aussi une menace sérieuse pour leur pays, et qu’il ne s’agit pas d’un mouvement sunnite traditionnel. L’un des éléments du plan d’Obama contre l’EI vise à saper les liens idéologiques et religieux avec l’islam invoqués par les militants de l’État islamique.

L’administration espère que Riyad usera de son influence parmi les chefs religieux islamiques. (Voice of America, 11 septembre 2014)

Recrutement de « terroristes modérés »


Dans le cadre de cet accord, la famiile Al-Saoud sera « l’hôte d’un centre de formation pour des milliers de combattants rebelles syriens qui luttent à la fois contre l’État islamique et le régime du président Bachar al-Assad ». Cette proposition est fausse et absurde. Jusqu’au 9 septembre, l’Arabie saoudite a « officiellement » soutenu l’État islamique contre le gouvernement de Bachar Al-Assad, et on lui a maintenant confié le recrutement de djihadistes pour combattre l’État islamique. Les médias n’ont toutefois pas réussi à relier les points et à découvrir le grand mensonge.

 

Il s’agit d’un projet diabolique : les artisans de l’État islamique ont informé le monde qu’ils « se lancent à la poursuite » de leurs propres terroristes dans le cadre d’une opération de contreterrorisme.


Bien que ces actions soient menées sous la bannière de la « guerre mondiale au terrorisme », les États-Unis n’ont pas l’intention de cibler leurs propres brigades terroristes de l’EI, intégrées par des forces spéciales et les services de renseignement occidentaux. En réalité, la seule campagne crédible et efficace contre les terroristes islamiques de l’EI est menée par les forces gouvernementales syriennes.

 

Inutile de dire que le financement et l’appui des États-Unis, de l’OTAN, de l’Arabie saoudite et du Qatar continueront. L’objectif n’est pas de détruire l’État islamique, tel que l’a promis Obama. Il s’agit plutôt d’un processus de déstabilisation et de destruction de l’Irak et de la Syrie, chapeauté par les États-Unis. La campagne contre l’État islamique est utilisée pour justifier le bombardement des deux pays en ciblant principalement les civils.

 

Le but ultime est de déstabiliser l’État-nation que constitue l’Irak et de déclencher sa partition en trois entités distinctes.

 

L’objectif stratégique général des États-Unis et de l’OTAN consiste à déstabiliser toute la région du Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord, de l’Asie centrale et du Sud, incluant l’Iran, le Pakistan et l’Inde.

Michel Chossudovsky

Article original : “Going After” the Islamic State. Guess Who is Behind the Caliphate Project?

Traduction: Julie Lévesque pour Mondialisation.ca

 

Source de la photo: http://beforeitsnews.com/war-and-conflict/2013/08/obama-now-to-seek-congressional-approval-to-bomb-syria-video-2448070.html

 

http://www.internationalnews.fr/article-a-la-poursuite-de-l-etat-islamique-devinez-qui-est-derriere-le-projet-califat-par-prof-mich-124636230.html

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : internationalnews
  • : Un site d'information et de réflexion sur l'actualité internationale, le nouvel ordre mondial, la géostratégie, la propagande, l'impérialisme, le nucléaire, l'économie, l'environnement et la culture, illustré de documentaires. Site géré par des journalistes bénévoles, sans aucune obédience politique, religieuse ou autre.
  • Contact

STOP TAFTA !

Rechercher

Dossiers les plus consultés