Plogoff est une petite commune de 2 300 habitants, à 5 km de la pointe du Raz, à l’extrémité de la Bretagne. C'est sur cette pointe, face à l’île de Sein, l’un des plus typiques paysages bretons, que le gouvernement tenta de construire une centrale nucléaire.
1/ Un mobilisation spectaculaire contre l'implantation d'une centrale nucléaire
Février 1980 : la population de Plogoff entière se soulève pour lutter contre l’implantation d’une centrale nucléaire dans leur commune. Les affiches et slogans fleurissent : à la devanture de chaque commerce, sur les fenêtres des habitations, sur les murs de la commune, même sur le clocher, et dans les environs. La population refuse entièrement le projet d’implantation d’une centrale nucléaire sur leurs terres.
Le gouvernement met en place une enquête publique, destinée à connaître l’avis de la population.
« Il ne saurait être question d’imposer aux français un programme nucléaire auquel ils seraient profondément opposés après avoir été complètement informés. » déclare Valéry Giscard d’Estaing, président de la république, au journal « Le Monde », le 26 janvier 1978.
Cette enquête est boycottée, autant par les habitants que par leurs maires, qui refusent d'y soumettre la population. En effet, après avoir contacté diverses communes sur lesquelles une centrale fut construite, les élus se rendent compte que l’avis populaire n’est jamais pris en considération. Devant le refus des habitants et du maire de se conformer à cette enquête, le gouvernement envoie des gardes mobiles sur place. Pour contrer, peut-être, un début de révolte ? Il ne s’imagine sans doute pas que la population résistera pendant 6 semaines, avant d’obtenir gain de cause.
2/ Les raisons qui motivent la population de Plogoff à lutter
Très vite, la population entière se mobilise. Les habitants de Plogoff sont rapidement rejoints par ceux des communes adjacentes, et par des manifestants venus de plus loin.
La centrale nucléaire à Plogoff ? La population est unanimement contre. Pourquoi ? Parce que cette centrale polluera le paysage, tout d’abord. Les pêcheurs sont persuadés (à juste raison), que ses rejets feront fuir ou empoisonneront les poissons. Les anciens, eux, refusent de voir la terre sur laquelle ils ont grandi occupée par une centrale.
Après des démonstrations pacifistes, les manifestants décident de se défendre plus fermement. Certains commencent à lancer pavés et cocktails molotov. D’autres, choqués par la violence les premiers jours, s’y résigneront aussi. C’est le début des violences policières. Les parachutistes sont appelés en renfort, accompagnés de 800 gendarmes mobiles. Pour réprimer la révolte, les policiers lancent des fumigènes, qui irritent les yeux et les bronches, sur les manifestants, même pacifistes. Les manifestants sont dispersés à coup de charges, de matraques; certains habitants sont arrêtés.
Aussi bien des jeunes que des anciens, des femmes et enfants, ont pris parti dans cette lutte. A force d’injonctives, les mamies font craquer les militaires les plus jeunes et les moins préparés.
Grâce à des mois de lutte acharnée, la centrale nucléaire prévue à Plogoff ne verra jamais le jour. Aujourd’hui, le vent continue de souffler sur le terrain prévu à cet effet et la zone a été classée. Aucune centrale nucléaire ne devrait y voir le jour.
3/ Interview Nicole et Félix Le Garrec
Nicole et Felix Le Garrec ont réalisé le film documentaire" Plogoff, des pierres contre des fusils", sorti en 1980. Ils répondent aux questions de Nucléaire non Merci lors d'un interview le 07 Mars 2009.