17 juillet 2012 2 17 /07 /juillet /2012 13:08

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13 juillet par Despina PapageorgiouEric Toussaint

"Toutes les dettes accumulées par l’intermédiaire du Mémorandum sont illégitimes."

"Nous allons soutenir tous vos efforts."

Par Despina Papageorgiou du mensuel grec « Crash » (juin 2012)


En 2007, à Quito, un groupe d’experts rentrant dans leurs chambres d’hôtel sont restés sans voix : des boîtes entières de documents du ministère de l’Economie, se rapportant à la période antérieure à la présidence de M. Rafael Correa, avaient tout simplement disparu. Ces experts étaient membres du Comité d’audit de la dette de l’Equateur, qui avait été mis en place après l’élection de Correa. Le Comité était composé de douze experts de l’Équateur et six provenant de l’étranger. Le politologue belge et historien Eric Toussaint était l’un d’entre eux.

 

La parole lui est donnée aujourd’hui dans le magazine "Crash" où il décrit comment le mythe de David contre Goliath s’est une fois de plus matérialisé en Equateur, malgré les difficultés attendues. Après 14 mois de travail acharné, le Comité d’audit de la dette a produit les premiers résultats, déclarant une grande partie de la dette illégitime. Sur cette base, le gouvernement a ensuite suspendu le paiement des titres de la dette venant à échéance en 2012 et en 2030. Il a amené les créanciers à revendre ces titres à 35% de leur valeur d’origine. Washington eut une attaque...


Une décennie auparavant, l’Équateur était décrit comme une « république bananière ». De nos jours, selon le journal britannique « The Guardian », il pourrait être "l’endroit le plus radical et enthousiaste où vivre". Il y a plus d’avantages sociaux, les pauvres reçoivent des allocations et les soins de santé sont entièrement gratuits. Les dépenses publiques ont également augmenté. Le pourcentage de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté est passé de 37,6% en 2006 à 28,6% 2011.


Eric Toussaint est professeur à l’Université de Liège (Belgique), fondateur et président du Comité pour l’Annulation de la Dette du Tiers Monde (CADTM) et l’auteur de nombreux ouvrages. Il a travaillé bénévolement pour la Commission de l’Audit de la Dette de l’Equateur. Avec ses connaissances et son expérience, il peut certifier qu’il existe une alternative, à condition qu’il y ait une volonté politique.

 

Eric Toussaint est catégorique quand il affirme à "Crash" que la dette causée par le Mémorandum est non seulement illégitime et/ou odieuse. Il s’est également exprimé publiquement, à travers notre magazine, sur son soutien personnel et celui de son organisation vis-à-vis de tout effort en Grèce qui tendrait vers une Commission d’audit de la dette. "Il est plus facile pour vous d’analyser votre dette que ce n’était le cas pour l’Equateur", dit-il. "Alors faites-le !"

 

Est-ce que le nouveau gouvernement grec - après les élections du 17 Juin - entendra l’appel du professeur ? Un avertissement antérieur à un autre gouvernement grec était tombé dans l’oreille d’un sourd. "Nous avions mis en garde Georges Papandréou dans les temps ! Avant que la Grèce ne passe sous la coupe du FMI, l’ex-Premier ministre grec avait demandé conseil à Rafael Correa - sur base de sa propre expérience - sur la façon de traiter le problème de la dette ", a raconté le ministre équatorien des Affaires étrangères, Ricardo Patinio dans un discours à Quito en février 2012 (cité par L. Vatikiotis). "Le Premier ministre grec parlait beaucoup", a poursuivi Patinio. « Regardez », dit Correa. « Il y a quelque chose que vous ne devez pas faire et quelque chose que vous devez absolument faire, afin de ne pas payer. Vous ne devez pas aller au FMI. Et vous devez créer un comité d’audit de la dette. » Puis, Papandreou fit exactement le contraire"...


Ma conversation avec Eric Toussaint a commencé par la question des élections grecques. J’ai remarqué que la proposition de la constitution d’une Commission d’audit de la dette grecque est tombée à nouveau dans la période électorale. J’ai dit : "le fait que la proposition ait été rejetée par les deux partis qui ont présidé la Grèce depuis des décennies est symptomatique. Pourquoi pensez-vous qu’ils ne veulent pas analyser la dette, et pourquoi sapent-ils tous les efforts pour son annulation ?


« Il est clair que le PASOK et Nouvelle Démocratie ne sont pas intéressés à appuyer un audit, car leur responsabilité dans la dette du pays en ressortirait. Ils ont une énorme part de responsabilité dans la dette des années qui 1990 et 2000, ainsi que dans la nouvelle dette issue du protocole. Pour moi, c’est une dette illégitime ».


« Il convient de mentionner ici que la dette odieuse est une dette a) qui a été acceptée sans le consentement de la nation, b) pour laquelle l’argent dépensé fut contraire aux intérêts de la nation et c) que le prêteur était au courant des faits énoncés précédemment. Le concept dedette odieuse est attribué au professeur de droit, Alexander Sack".


« Comment expliquez-vous que la dette soit illégitime ? » demandais-je à Eric Toussaint


« Peut-être que nous devrions commencer par la nouvelle dette, de mai 2010 jusqu’à aujourd’hui. Les règles fixées par la Troïka sont une violation des droits économiques et sociaux des citoyens grecs, illustrée par une réduction des salaires, des pensions réduites, la violation des droits élémentaires du peuple grec. Par exemple, le premier protocole n’a pas été intégralement examiné par le Parlement grec, celui-ci n’a pas véritablement délibéré ; la procédure n’était pas démocratique.

 

La troïka a dit « vous devez accepter. Si vous n’acceptez pas les règles, vous ne recevrez pas d’aide. » Tout cela au mépris total du principe démocratique d’un pays souverain. Donc pour moi cette nouvelle dette qui en 2013 représentera la majeure partie de la dette publique extérieure grecque est illégitime et doit être annulée. »


« Nous devons aussi d’analyser la dette des années allant de 1990 à 2000, dette liée à la préparation des Jeux Olympiques, et aussi de la dette engendrée à travers les conditions d’accès de la Grèce à la zone Euro. Une grande partie de l’argent provenait de banques allemandes, françaises et d’autres banques privées des principaux pays de l’UE. Il est clair que beaucoup d’argent est entré en Grèce sous forme de dette privée ou publique. Les banques privées d’Allemagne, de France, de Belgique, des Pays-Bas et du Luxembourg ont octroyé ces prêts, car ceux-ci leur étaient profitables. De plus, ils savaient que si un problème se présentait, ils seraient renfloués par la Banque Centrale Européenne. Ainsi, nous pouvons aussi discuter et nous interroger sur la légitimité de ce type de prêt ».


En effet, les banques ont été renflouées par la BCE à 1% d’intérêt...

« La BCE a accordé des prêts (en Décembre 2011 et Février 2012) pour un montant de 1.000 milliards d’euros (1 000 000 000 000 €) avec un intérêt de 1% sur trois ans pour aider les banques européennes. Les grandes banques d’Allemagne, de France, de Belgique, du Luxembourg, des Pays-Bas, d’Autriche, et aussi les banques grecques et italiennes ont pris l’argent. »


Et maintenant les pays empruntent auprès des banques à des taux d’intérêt élevés …

« Ils reçoivent de l’argent à un taux d’intérêt de 1% et après cela ils prêtent cet argent aux pays périphériques à des taux de 4, 5, 6 ou 7% d’intérêt. En droit commercial, lorsque vous financez ces prêts par l’intermédiaire de crédits accordés à 1%, il contrevient aux droits commerciaux. Ces prêteurs s’enrichissent d’une manière abusive. »


Donc, la dette est juste un outil utilisé par l’élite financière et politique pour traiter avec condescendance, contrôler la population et imposer certaines politiques ?


« Il est clair que la troïka utilise la dette grecque comme un instrument, comme un outil, pour imposer une politique qui viole les droits élémentaires du peuple grec. La Grèce est alors instrumentalisée pour faire du chantage à l’égard d’autres pays - comme le Portugal, l’Irlande, l’Italie, l’Espagne - et leur imposer le même type de politique. La Grèce n’est pas une exception. La Grèce est un laboratoire où la nouvelle thérapie de choc est appliquée. »


Ce qui m’amène à la question suivante. Dans l’un de vos récents articles, vous avez écrit : "L’Europe subit une thérapie de choc comme l’Amérique latine dans les années 80 et 90". Pensez-vous que l’Europe, aussi, est maintenant entrée dans une « longue nuit néolibérale » ?

« Certainement. Le parallèle est évident. Dans les années 80 et 90, le FMI, ainsi que la Banque Mondiale et le Club de Paris, ont imposé une telle thérapie aux peuples d’Amérique latine, ainsi qu’à d’autres peuples dans le reste du Tiers Monde, en Asie - par exemple l’Indonésie, les Philippines, la Corée du Sud - après la crise asiatique en 1997. Ce n’était donc pas seulement en Amérique latine, mais dans toutes les régions du Tiers-Monde. Nous pourrions faire une comparaison avec la thérapie de choc appliquée en Russie, en Pologne, en Hongrie et en Allemagne de l’Est durant la période de réunification dans les années 90. Alors, quelles sont les politiques ? La privatisation, comme c’est le cas en Grèce en ce moment, l’augmentation de la TVA, les impôts indirects sur la majorité de la population, les licenciements dans la fonction publique, une réduction des salaires, etc. »


La recette classique du FMI...

« Exactement. Ce qu’ils font en Grèce a été mis en œuvre il y a 20 ou 30 ans dans les pays latino-américains, asiatiques, africains et les pays de l’ex-bloc soviétique. »


Et les résultats sont évidents...

« Ça a échoué parce que ça n’a pas créé de la croissance, ou de l’emploi. Mais la vraie motivation n’est pas la croissance de l’économie, la réelle motivation du FMI et des autres éléments de la Troïka, la BCE et la Commission européenne, est de ne pas fournir de croissance. Ils savent parfaitement qu’avec ce type de politique, la Grèce ne récupérera pas sur le plan économique. Ils le savent fort bien. Ils ne sont pas stupides. Ils sont intelligents. Ils se servent de la crise de façon stratégique pour réduire les salaires et le niveau de vie de la population, parce qu’ils veulent un pays et un monde augmentant les profits pour les grandes entreprises. C’est vraiment la motivation. Ils veulent aider et renforcer les grandes sociétés financières comme Goldman Sachs, Deutsche Bank, JP Morgan et toutes les grandes banques privées en Europe et aux Etats-Unis. »


« Quelqu’un qui n’est pas un économiste de gauche, Joseph Stiglitz, lauréat du prix Nobel en 2001, écrivait dans son livre "Globalization and its Discontents" que si vous analysez superficiellement les politiques du FMI, elles pourraient sembler absurdes et vouées à l’échec, mais si vous considérez que le FMI aide et défend les intérêts du capital financier, vous vous rendrez compte que ses politiques sont vraiment cohérentes et intelligentes. »

 

Et ils essaient de persuader la Grèce que c’est la seule façon d’agir, mais, comme vous le savez très bien, nous avons des exemples de pays qui ont annulé des parties de la dette illégitime. Un exemple en est bien sûr l’Equateur, où vous avez participé à la Commission d’audit de la dette. Pourriez-vous nous dire brièvement comment cet effort a évolué, comment cela a-t-il porté des fruits ?

« Tout d’abord, nous devons dire que ce fut un succès à 100% et cela sans représailles. Ce qu’a fait le peuple équatorien : il a élu un nouveau président en novembre 2006, qui, par décret présidentiel, a créé une Commission d’audit de la dette en juillet 2007 pour analyser la dette pour la période 1976-2006. Le président a choisi 18 experts, 12 de l’Equateur, 6 venant de l’étranger. J’ai été l’une des ces six personnes. Il a également demandé à 4 organes de l’Etat de faire partie de la Commission : la Commission anti-corruption, la Cour des comptes, le Ministère de la Justice, le Ministère des Finances. »


Alors, le gouvernement a appuyé pleinement l’effort.


« Nous avons travaillé pendant 14 mois et, à la fin de cette période, en septembre 2008, nous avons remis notre conclusion et nos recommandation au gouvernement. Après deux mois de délibération, ils ont décidé de suspendre le paiement de la dette sous forme de titres (ceux venant à échéance en 2012 et en 2030. »

 

C’est étonnant, il a fallu seulement 16 mois, 14 pour le travail d’audit et deux de plus pour que le gouvernement agisse…

« Il a fallu 14 mois pour analyser et deux mois pour discuter au sein du gouvernement de ce qui devait être fait. Nous avons eu plusieurs réunions avec le gouvernement au cours de ces 14 mois et après, mais c’est le gouvernement qui a pris la décision finale de suspendre les paiements des titres. Après huit mois de non-paiement, ils ont réussi à forcer les détenteurs de titres à accepter une réduction de 65% de la valeur. L’Etat, l’Equateur, a acheté des obligations à prix réduits. Pour une obligation d’une valeur de 1.000 dollars, ils ont payé 350 dollars. »


Je suppose que vous avez rencontré des difficultés. Je veux dire, vous vous êtes élevés contre les créanciers internationaux, les banques et le système. Il a été rapporté dans un article que des boîtes avec des documents provenant du Ministère de l’Economie ont disparu de vos chambres.


« Il est évident que lorsque nous étions au travail, les personnes au pouvoir avant l’élection du nouveau président et qui avait été soudoyées, ou qui avaient signé des contrats illégaux qui contribuent à l’endettement du pays, n’ont pas voulu nous donner toute la documentation dont nous avions besoin pour notre travail. Sous certains points de vue, ce fut difficile, mais à la fin nous avons eu toute la documentation dont nous avions besoin. »


« Dans le cas de la Grèce, je pense que ça doit être, dans un certain sens, plus facile parce qu’il y a plus d’information disponible ; il n’y a pas de secret au sujet des conditions imposées par la Troïka par exemple. Nous pouvons analyser exactement ce que la Troïka a fait avec la Grèce dans les deux dernières années. Donc, nous n’avons pas vraiment besoin d’accéder à des secrets d’État ».


La dette de l’Equateur est passée de 1,2 milliards de dollars en 1970 à 14,25 milliards de dollars en 2006. Elle était plus petite que la dette grecque.  J’ai donc demandé à Eric Toussaint :


Étant donné que la Grèce est dans la zone euro et que sa dette est supérieure à celle de l’Equateur, pensez-vous qu’il serait plus difficile pour la Grèce d’effacer la partie illégale de sa dette ?

« Je crois qu’il est plus facile d’analyser la dette grecque que celle de l’Equateur, parce que cette dernière était plus compliquée et concernait beaucoup plus de contrats que ce n’est le cas en Grèce. Dans le cas de l’Équateur, nous avons eu à analyser un par un, les contrats du pays avec la Banque mondiale, le FMI, la Banque interaméricaine de développement, les pays membres du Club de Paris, mais aussi sa dette (titres) envers les marchés. »

« Dans le cas de la Grèce, la plus grande partie de la dette sera rapidement sous forme de titres achetés par la Troïka ou de prêts accordés par elle. Donc, je pense que c’est plus facile. Dans le cas de l’Équateur, la dette aurait pu être relativement plus faible, mais il y avait plus de 100 contrats. L’analyse était donc plus difficile. »

Je me souviens de la déclaration du gouvernement Correa par l’intermédiaire du Ministre des Finances Ricardo Patinio - et il a respecté cette déclaration : « Nous n’acceptons pas ce que les autres gouvernements ont accepté. Ceci est valable pour notre politique économique dictée par le FMI. Nous considérons que c’est inacceptable. » Est-ce que les Grecs oseront faire la même chose ? ai-je demandé à Eric Toussaint :


Le peuple grec est dans la crainte que si on annule la dette illégitime, il pourrait y avoir des représailles sur les marchés et qu’il ne serait alors même plus capable de manger. Dans le cas de l’Equateur, il n’y a pas eu de représailles. Y at-il une possibilité de représailles dans le cas de la Grèce ?


« Nous devons être clairs. J’ai dit qu’il n’y avait pas eu de représailles, mais nous devons nous rappeler que désormais l’Équateur ne finance plus ses politiques sur les marchés. Il n’y a pas eu de représailles, mais il est clair que si vous arrêtez de payer la dette aux banques privées, il faudra attendre quelques années avant que les banques acceptent de vous financer à nouveau. »

« La Grèce, dans les conditions actuelles, devrait trouver des méthodes alternatives de financement de ses politiques et de son développement. La Grèce devrait combiner une suspension du paiement de la dette avec un audit de celle-ci, et réformer sa politique fiscale. Le pays devrait élaborer une politique fiscale qui respecte la règle de l’égalité. Je dois mentionner, par exemple, qu’en Grèce, l’Eglise, ainsi que le secteur du transport maritime, sont largement exonérés d’impôt. Les différentes institutions et secteurs du pays devraient contribuer à la fiscalité. »

« Vous devez établir un budget fondé non seulement sur l’argent de l’étranger, mais de l’intérieur du pays aussi. Et, bien sûr, je ne veux pas dire en imposant plus de TVA aux pauvres. Je dis tout simplement que les secteurs qui ne contribuent pas au budget devraient y contribuer ».


Pendant ce temps, le peuple grec serait en mesure de survivre ?


La réponse me laisse sans voix :

« Si vous arrêtez de payer, vous aurez l’argent ! Si vous n’utilisez pas l’argent pour payer les banques, vous pouvez l’utiliser pour payer les salaires, augmenter les pensions, payer les fonctionnaires, créer des emplois, stimuler l’économie. C’est exactement ce qu’a fait l’Argentine après avoir cessé de payer sa dette en 2001. Depuis lors, ils n’ont plus demandé de financement auprès des banques étrangères privées ni auprès des marchés. Et l’Argentine se porte très bien. Ce que l’Argentine et l’Équateur ont fait, ils ont imposé de plus grands impôts sur les grandes entreprises. J’insiste : cela ne signifie pas que la Grèce devrait demander à la majorité des gens, les pauvres, à payer plus d’impôts. Je dis que les grandes sociétés privées devraient contribuer. »


Il est révélateur que, malgré le fait que l’Équateur est un pays exportateur de pétrole, le pays a reçu de petits revenus de ces exportations, étant donné que les compagnies pétrolières multinationales obtenaient la plus grande partie des bénéfices. Cela a changé lorsque, en juillet 2010, par le biais d’une loi adoptée par le gouvernement de Correa, la part de l’Etat dans les exportations de pétrole a augmenté de 13% à 87% sur les revenus pétroliers bruts. 7 des 16 compagnies pétrolières ont fui le pays, et ont été remplacées par les entreprises d’État. Les autres sont restées. L’augmentation des recettes pétrolières d’État était de 870 millions de dollars en 2010.


 

En outre, les impôts immédiats, imposés principalement sur les entreprises, ont augmenté de 35% en 2006 à plus de 40% en 2011. Le projet a nécessité une forte volonté politique dans son conflit avec les intérêts des puissants. Il y avait aussi une confrontation avec l’élite nationale. Cela m’amène à la question suivante :


Nous tenons également à ouvrir les comptes bancaires des personnes qui s’occupaient de la dette. Vous l’avez fait en Équateur, aussi.


« Si nous voulons mettre en évidence les cas de corruption, il est clair que la justice doit engager des poursuites et que le Ministère des Finances doit amener certaines personnes à répondre à des questions concrètes sur leur richesse, comment ils sont arrivés à s’enrichir, à partir de quelles sources ils ont reçu l’argent et la fortune qu’ils ont accumulée. Une Commission d’audit aurait besoin de l’aide de ceux en charge du contrôle des impôts ainsi que du Ministère de la Justice. ».


Vous avez parlé de pots de vin. Donc, vous êtes certain qu’il y en a eu


« Dans certains cas. Oui. En Grèce, ce n’est peut-être pas le problème majeur, mais il est clair qu’il y avait des contrats financés par des prêts, des contrats pour acheter du matériel de Siemens etc. Déjà, le Ministère de la Justice en Grèce a montré que, dans le cas de Siemens, il y avait eu une énorme quantité des pots de vin versés à des politiciens dans l’optique de faire approuver le contrat avec Siemens. Ce n’est donc pas un secret. C’est bien connu ».


En Équateur, vous avez également découvert des pots de vin versés par des entreprises multinationales et des banques. Pourriez-vous nous donner quelques exemples, comme Siemens ?

 

« Les gens au sein du gouvernement pendant les années 90 et 2000 ont reçu de l’argent pour signer des contrats avec les banques, et pour accepter des conditions favorables aux banquiers ».


Voulez-vous dire que les pots de vin ont été offerts afin que les fonctionnaires acceptent des conditions favorables aux entreprises et non pas aux citoyens du pays ?

« Exactement ».


Vous souvenez-vous de certains cas ?


« Citigroup, mais aussi JP Morgan ont participé. Et il y avait aussi la participation d’avocats à New York qui se spécialisent dans le conseil aux banques et aux gouvernements, et qui ont également reçu leurs parts d’intermédiaires dans ce cycle de corruption. »

Il est clair que Correα a provoqué - au moins dans une certaine mesure – la "Révolution citoyenne », qu’il avait déclaré lors de son arrivée au pouvoir. Le président de l’Equateur est le « but contre son camp » de l’Occident : en dépit d’avoir été éduqué dans les universités européennes et américaines - certaines d’entre elles, forteresses de l’école de Chicago -, quand il est arrivé au pouvoir, il a pratiqué l’exact opposé de ce qu’il avait appris. Aujourd’hui, cependant, il obtient la critique, même de la gauche, avec l’accusation selon laquelle il n’est pas allé jusqu’au bout.


J’ai demandé à Eric Tousssaint : "Avez-vous eu un contact récent avec le président Correa sur l’abolition de la dette illégitime ?"


« Dans le cas de l’Équateur, ce fut un succès à 100%. J’ai rencontré le président de l’Equateur en Janvier 2011, deux ans après les travaux de la Commission d’audit. Il m’a dit que c’était un succès à 100% car il n’y avait absolument pas de représailles contre l’Equateur. Il pensait dorénavant àsuspendre d’autres parties du paiement de la dette extérieure. Nous allons voir ce qu’il fera ».


Il y a des critiques qui disent que l’Equateur n’a pas parcouru tout le chemin possible...

« Ils auraient pu faire plus et ils le savent. Donc, ils sont en train de penser à d’autres parties de la dette qu’ils pourraient remettre en cause. »


Toutefois, pendant ce temps, l’Equateur emprunte à la Chine à des taux d’intérêt élevés


« Il y a certains accords entre l’Équateur et la Chine, pour l’exploration et l’exploitation pétrolière. Ils empruntent de l’argent à des sociétés chinoises".

Eric Toussaint dit qu’il n’est pas un représentant de la présidence de l’Equateur et qu’il soutient tout simplement le changement politique positif et critique les côtés négatifs.

 

La Chine a été le prêteur numéro un envers l’Equateur après le défaut de paiement en 2008. L’Etat approuva un prêt de 2 milliards de dollars en 2011 de la China Development Bank. Les conditions du prêt, cependant, ne semblent pas avoir réduit les dépenses sociales : de toute l’Amérique du Sud, l’Equateur a le plus haut pourcentage de dépenses sociales par rapport à son PIB de toute l’Amérique latine et les Caraïbes

 

Dans quelles conditions la Grèce peut-elle suivre l’exemple de l’Équateur ?

« Il ya deux scénarios. Si, après les élections, un gouvernement conservateur suit la politique de la Troïka, il est impossible d’imaginer qu’un tel gouvernement donne son soutien à un audit honnête. C’est le premier scénario. L’autre scénario est l’élection d’un gouvernement progressiste de gauche. S’il s’agit d’un gouvernement progressiste, démocratique et souverain, il devrait abroger l’accord avec la Troïka et entreprendre un audit de la dette. Donc, oui, dans ce cas, ce sera très positif. Un tel gouvernement saura révéler ce qui s’est réellement passé avec la dette grecque. 

 
Dans le premier scénario, si vous avez encore un gouvernement qui respecte l’accord avec la Troïka, ce qui devrait être entrepris est un audit citoyen, totalement indépendant du gouvernement.
Je voudrais exprimer publiquement que dans les deux cas, si le peuple veut lancer un réel audit citoyen de la dette, nous soutiendrons cette option. Dans le second scénario, si un gouvernement progressiste suspendait l’accord imposé par la Troïka et voulait auditer la dette, nous serions favorables à cette initiative avec enthousiasme. »


Supposons que la Grèce annule une partie de la dette illégitime. Cela amènerait-il à un déclenchement d’une « révolution » européenne contre la dette ?


« Si la Grèce fait cela, il y aura beaucoup de gens au Portugal et en Espagne, et nous espérons aussi en Irlande et en Italie, qui soutiendront cette décision. Et on trouvera aussi un soutien dans les pays comme la France, l’Allemagne, la Belgique, le Royaume-Uni. Nous sommes actifs dans ces pays et nous avons une campagne de solidarité avec la Grèce.

 

Notre campagne reçoit un soutien important. Il n’est pas réaliste de dire, que les gens dans tous ces pays ont déjà compris ce qui se passe réellement. Mais il y a une partie importante de l’opinion publique qui comprend que les conditions imposées à la population grecque sont totalement inacceptables, tandis que de nombreuses personnes dans d’autres pays européens espèrent voir le peuple grec émerger comme un exemple d’un pays qui a recouvré sa souveraineté et donc être une source d’inspiration pour une force alternative en Europe ».


D’un aperçu à l’autre de l’Europe démocratique, nous avons conclu notre entretien avec Eric Toussaint. Ses dernières phrases ont persisté longtemps dans mon esprit : la Grèce pourrait ouvrir la voie pour sortir de la « longue nuit néolibérale » européenne.


"Je vais vous faire une offre que vous ne pourrez pas refuser" était la phrase mémorable de Marlon Brando dans le film bien connu « le Parrain ». De la même manière, la Grèce semble être soumise à un chantage en respectant le mémorandum avec la Troïka. Mais la clé pour comprendre la position de l’élite internationale contre le pays se trouve dans les mots du juge à l’égard des membres de la mafia dans ce film même : « La pomme pourrie peut gâcher le cageot" ...


... Selon l’image de la "pomme pourrie" (que Noam Chomsky a souvent utilisée), la raison pour laquelle les Etats-Unis ont puni Cuba n’était pas que Fidel Castro constituait une véritable menace pour eux. Leur principale crainte était que la « pomme pourrie » - le leader cubain - puisse en inspirer d’autres et créer un effet domino qui pourrirait le cageot entier. En effet, comme la « marée rouge » a gagné l’Amérique latine et a amené certains dirigeants à rompre le « Consensus de Washington », Washington a connu son plus grand cauchemar.


Dans le cas de la Grèce, si le " cobaye occupe le laboratoire" – comme le dit Costas Douzinas -, si la Grèce rend la politique de la Troïka vide de sens et prouve que les démocraties ne sont pas des cul-de-sac et ne portent que des solutions uniques, l’Europe peut conduire vers la démocratie . Dans ce cas, bien sûr, les "pommes" ne seront pas pourries. Elles seront simplement mûres.


Traduit de l’anglais par Maude Petit.

 

http://www.internationalnews.fr/article-eric-toussaint-la-grece-pourrait-ouvrir-la-voie-en-europe-a-la-sortie-de-la-longue-nuit-neoliber-108141470.html

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6 juillet 2012 5 06 /07 /juillet /2012 22:04

Internationalnews

7 juillet 2012

 

Dans le style, bien particulier, du grand "Monde". IN.

 

Le Monde 7 juillet 2012


L'Union européenne a conclu des accords de partenariat de pêche avec 21 pays d'Afrique de l'Ouest, du golfe de Guinée et d'Océanie.

 

Pour la flotte de pêche européenne, les eaux poissonneuses des pays du Sud représentent un véritable eldorado.

Mais, selon certains, l'Union européenne exploite ces ressources sans en payer le juste prix, notamment à Madagascar. C'est notamment l'accusation portée par des chercheurs de l'université canadienne British Columbia, de la Banque mondiale et de l'ONG britannique Blue Ventures, dans une étude publiée par la revue scientifique Marine Policy.

"L'Europe est très demandeuse en poisson. Les eaux européennes étant déjà surexploitées, l'UE doit soit s'approvisionner sur les marchés internationaux soit conclure des accords de pêche avec des pays tiers pour envoyer ses bateaux dans des zones encore riches en ressources", explique Philippe Cury, directeur du laboratoire de Sète à l'Institut de recherche pour le développement (IRD).

D'après l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, laconsommation européenne de poisson s'élevait à 22,2 kg par personne et par an en 2007, en augmentation de 2 % par an. La France et l'Espagne se classent en tête, avec environ 40 kg, bien au-delà de la moyenne mondiale, à 17 kg. Résultat : chaque année, 65 % du poisson mangé sur le Vieux-Continent est importé.

 ACCORDS DE PÊCHE AVEC 21 PAYS

Pour permettre cette consommation, la Commission européenne a conclu  des accords de partenariat de pêche avec 21 pays d'Afrique de l'Ouest, du golfe deGuinée et d'Océanie, pour le thon, mais aussi des poissons de fond comme le merlu ou la sole, ainsi que les crevettes, dans le cadre de la législation de Montego Bay. La convention des Nations unies sur le droit de la mer, de 1982, prévoit en effet que les pays qui n'ont pas la possibilité d'exploiter totalement leur stock de poissons doivent céder ce surplus à des pays tiers via des droits d'accès à leur zone économique exclusive (ZEE) en échange d'un soutien financier au développement de la pêche durable.  

 

Les accords de pêche conclus entre l'Union européenne et des pays tiers.

 

"L'Union européenne peut donc légalement envoyer sa flotte dans la ZEE de Madagascar dans la mesure où Antananarivo n'a pas de bateaux pour pêcher au large. Il n'y a donc pas de concurrence avec la pêche cotière du pays. Le problème, c'est que les accords conclus sont injustes au niveau des prix et se dégradent au fur et à mesure des années", dénonce Frédéric Le Manach, principal auteur de l'étude, doctorant à l'université British Columbia et chercheur à l'IRD.

 BAISSE DE 90 % DES REVENUS DE MADAGASCAR

Selon l'étude, les quotas de pêche européenne en eaux malgaches ont augmenté de 30 % depuis 1986, date du premier accord avec le pays : aujourd'hui, l'Espagne et la France, essentiellement, mais aussi l'Italie, le Portugal et le Royaume-Uni pêchent 13 300 tonnes de thon par an au large des côtes malgaches contre 10 000 en 1986.

Dans le même temps, les versements effectués en contrepartie par l'UE ont diminué.

Si le prix nominal semble montrer une augmentation, passant de 1,1 million d'euros en 1986 à 1,7 million en 2010, la réalité est différente en ce qui concerne le prix ajusté : en tenant compte de l'inflation, malgache d'un côté et européenne de l'autre, les revenus annuels de la pêche perçus par Madagascar ont régressé de 90 % sur la période tandis que la contribution de l'Union a été allégée de 20 %.

Et si 2 000 Malgaches travaillent grâce à l'exploitation européenne du thon, la trésorerie du pays n'en profite pas vraiment, faute de taxes à l'exportation.


 BÉNÉFICES DE L'INDUSTRIE DE LA PÊCHE

Au final, les tarifs payés à Madagascar, dont l'accord de pêche vient d'être renouvelé pour la période 2013-2014, s'avèrent très faibles par rapport au prix du marché : 130 euros la tonne de thon pour un poisson qui se vend actuellement 1 800 euros au premier prix de gros sur le marché.

Sur cette somme de 130 euros, les armateurs ne déboursent que 35 euros, grâce aux subventions de l'Europe, qui couvrent 75 % du prix.

"Actuellement, c'est donc essentiellement le contribuable européen qui finance la pêche à Madagascar. Certes, les pêcheurs ont des charges d'exploitation mais leurs marges sont substantielles. Or, selon la politique de pêche commune, les bénéfices devraient être plus équitablement partagés entre les pays", assure Frédéric Le Manach.

 FAIBLE MARGE DE NÉGOCIATION POUR LES PAYS DU SUD

Selon le chercheur, qui prépare une étude plus vaste, ce problème de tarifs inéquitables est le même pour l'ensemble des pays du Sud concernés par des accords de pêche avec l'Europe. 

"Ces Etats ne sont pas en mesure de négocier les accords, explique Frédéric Le Manach. Madagascar fait notamment partie des dix nations les plus pauvres au monde." 

Mais le chercheur de tempérer: 

"Les accords européens ne sont cependant pas les piresLe Japon, la Chine ou la Russie établissent des accords encore moins avantageux pour les pays tiers, et surtout de manière totalement opaque car les textes ne sont pas publics, contrairement à ceux de l'UE."

Pour l'équipe de chercheurs, l'Union européenne devrait malgré tout chercher à améliorer sa politique de pêche commune. L'étude conseille ainsi à la Commission de supprimer les subventions, en laissant payer les droits à l'industrie de la pêche, et surtout d'ajuster chaque année les versements aux pays du Sud en prenant en compte l'inflation ainsi que le prix réel de vente des poissons sur les marchés.

"Par le passé, nos accords ont pu être, effectivement, injustes ou inéquitables, reconnaît la Commission européenne. C'est pourquoi nous avons présenté une réforme de la pêche, qui est actuellement discutée devant le Parlement européen. Elle a pour missions d'éviter la surpêche, de bénéficier aux peuples locaux et de respecter la législation internationale en termes de droits de l'homme et du travail."

 Affaire à suivre.

Audrey Garric

Article lié:

Ressources halieutiques à Madagascar

 

http://www.internationalnews.fr/article-comment-la-peche-europeenne-lese-madagascar-107898901.html 

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2 juillet 2012 1 02 /07 /juillet /2012 16:56

Internationalnews

 

 

Slate Afrique


Les chocolats si appréciés des Occidentaux sont parfois produits au prix du travail forcé des enfants d’Afrique de l’Ouest. Enquête.

Bar Chocolat in Clifton Village by heatheronhertravels via Flickr CC.

 

Pendant Halloween, on estime que 36 millions d’enfants costumés partent en vadrouille à la recherche d’une bonne frayeur et de sacs de bonbons. Heureusement pour eux, plus de la moitié des ménages américains distribueront des chocolats, à la grande joie également de cette industrie qui devrait gagner des centaines de millions de dollars à Halloween cette année. Mais ce qu’ignorent peut-être les consommateurs à la fête c’est que nous nous offrons des douceurs aux dépens du travail forcé et du travail des enfants en Afrique de l’Ouest.


Les esclaves du chocolat

La plus grande partie des chocolats est produite à base de cacao cultivé dans des conditions de travail douteuses. En fait, le recours à l’esclavage a joué un rôle crucial dans la production de cacao à grande échelle pendant des siècles, à l’instar d’autres types de cultures requérant une main d’œuvre abondante, comme le coton et le tabac.Si sur le papier l’esclavage a été aboli dans le monde entier, il existe encore de graves abus dans les plantations de cacao. Ces problèmes persistent dans les pays d’Afrique de l’Ouest tels que le Cameroun, la Côte d'Ivoire, le Ghana, la Guinée et le Nigéria, qui à eux tous produisent près de 70% du cacao mondial.

Le Département d’État américain estime que rien qu’en Côte d’Ivoire (productrice de plus de 40% du cacao mondial), plus de 100.000 enfants travaillent dans «les pires conditions de travail des enfants possibles» et qu’au moins 10.000 enfants sont victimes du trafic d’êtres humains et d’esclavage.


L’industrie du chocolat est parfaitement consciente de tous ces problèmes. En 2001, sous la pression de groupes d’observation et du gouvernement américain, les grands producteurs de chocolat ont signé le Harkin-Engel Protocol (pdf).


Ce protocole rassemblait les acteurs du secteur, les gouvernements ouest-africains, les syndicats et les organisations non-gouvernementales dans un accord international visant à mettre un terme aux pires formes de travail des enfants dans la culture du cacao.


Cet accord demandait aux entreprises productrices de chocolat de reconnaître le problème publiquement, de mettre en place des plans d’action et des moyens de faire des rapports sur les conditions de travail et de développer et d’instaurer des normes de certification au niveau des exploitations afin de garantir la protection de la main d’œuvre.


Si cet accord a débouché sur de petites améliorations dans le secteur, les plus grandes entreprises chocolatières se sont traînées à une allure de limace au cours des dix dernières années.


Hershey’s, qui domine le marché du chocolat américain (42,5%), est systématiquement mal noté par Green America, Global Exchange et le International Labor Rights Forum pour son absence de toute velléité d’avoir recours à des systèmes d’organismes indépendants pour enquêter sur et empêcher le travail forcé, le trafic d’êtres humains et le travail des enfants.


Le rapport de 2011 «Still Time to Raise the Bar: The Real Corporate Social Responsibility Report for the Hershey Company [Il est encore temps de relever la barre: le vrai rapport de responsabilité sociale d’entreprise de Hershey]» montre le retard de l’entreprise par rapport à tous les autres grands producteurs de chocolat dans le domaine des normes établies par le Harkin-Engel Protocol.


Mars, Kraft et Nestlé se sont au moins publiquement engagés à acheter du cacao issu du commerce équitable et certifié par un organisme indépendant pour certains de leurs produits. Il convient de ne pas oublier cependant qu’ils sont encore très en retard en ce qui concerne le soutien total du chocolat à l’origine éthiquement irréprochable—Green America attribue (pdf) à Mars, Kraft et Nestlé un D, à comparer avec le F de Hershey’s.


Concrètement, que peut-on y faire?

Tout d’abord, choisissez des chocolats répondant à des normes de production éthiques. J’ai dressé une liste complète de chocolats de Halloween issus du commerce équitable, avec des comparaisons de prix et des recommandations sur les endroits où les acheter sur mon blog Bittersweet Notes. Ces chocolats sont bons pour les enfants, enveloppés individuellement et abordables pour tout un éventail de budgets. Mais surtout, ils sont élaborés à partir de chocolat issu du commerce équitable et peuvent se substituer aux marques plus connues.


Il n’est pas si aisé de passer aux chocolats issus du commerce équitable. Ceux-ci sont difficiles à trouver dans les magasins où la plupart des Américains font leurs achats, et souvent les enfants rechignent à accepter des friandises qu’ils ne reconnaissent pas.


S’il s’avère que vous ne pouvez vous les offrir ou que vous ne trouvez pas les chocolats de ma liste, optez alors pour des produits de Mars, Kraft ou Nestlé afin d’encourager leurs premiers efforts de soutien du commerce équitable. Souvenez-vous que selon l’International Cocoa Organization, seul 0,1% du chocolat vendu est certifié commerce équitable, il y a donc de grandes chances que votre chocolat ne le soit pas à moins que cela ne soit explicitement exposé sur l’emballage.


Ensuite, demandez aux grandes entreprises productrices de chocolat de faire des efforts. Si vous êtes pour le chocolat éthique, contactez les fabricants—Hershey's, Mars, Kraft, Nestlé—derrière vos marques préférées pour leur faire part de votre avis sur la question.

Enfin, apprenez-en plus et faites passer le message. Faites votre propre éducation et celle des autres sur la question. Partagez cet article et d’autres dans la même veine. Si vous aimez les films, regardez The Dark Side of Chocolate. Si vous êtes un rat de bibliothèque, lisez le livre de Carol Off, Bitter Chocolate: The Dark Side of the World's Most Seductive Sweet ou celui d’Órla Ryan Chocolate Nations: Living and Dying for Cocoa in West Africa.

Ce recours historique à l’esclavage pour la culture du cacao nous a permis de profiter d’un produit de luxe à des prix au rabais, et nous a donné le sentiment outré que le chocolat se doit d’être bon marché. Il est dans l’intérêt des entreprises d’aujourd’hui de garder les prix, et subséquemment la transparence de leurs activités, à un niveau aussi bas que possible. Après tout, elles ne font que satisfaire notre appétit pour un chocolat à bas prix.

Réhabiliter le chocolat

Le système qui nous permet d’obtenir du chocolat est faussé. Les économies de pays en développement tout entières dépendent des cours du cacao, les traders font des paris risqués sur cette matière première et des millions de vies sont mises dans la balance.

Pour Halloween, les consommateurs privilégient généralement la quantité au détriment de la qualité, ce qui fait de cette fête la plus importante en termes de volume de chocolat vendu aux États-Unis, mais seulement la quatrième en termes de revenus. Peut-être économise-t-on quelques sous sur notre junk food, mais à quel prix?

Certes, nous ne résoudrons pas ces problèmes uniquement grâce à nos choix d’achats sur une seule journée. Pourtant, Halloween représente l’opportunité de transmettre à des millions de personnes, y compris à des enfants, le message que nous devons insister pour tirer de meilleurs résultats à la fois de l’industrie du chocolat et de nous-mêmes.

Nous avons tous nos préférences en termes de chocolat, des confections produites en masse aux bouchées des chocolatiers en passant par les barres artisanales qui mettent en valeur les innombrables et délicieuses vertus du chocolat. À tout moment et quelle que soit la nature de ce que nous mangeons, il est essentiel de prendre en compte le coût humain de notre consommation.

Les mouvements militant pour l’amélioration de la qualité de notre alimentation nous ont appris que grâce au développement de relations saines, la nourriture peut être à la fois bonne pour nous et pour ceux qui la produisent. Nous devrions adopter les mêmes standards pour le chocolat.

Carla Martin est doctorante en études africaines et afro-américaines à l’université de Harvard. Elle est l’auteure du blog Bittersweet Notes, projet de recherche open source sur le chocolat, la culture et la politique de l’alimentation. Suivez la sur Twitter et Facebook.

Traduit par Bérengère Viennot

Carla Martin

The Root

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http://www.internationalnews.fr/article-le-gout-amer-du-chocolat-reportage--105400253.html

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10 mai 2012 4 10 /05 /mai /2012 08:19

Internationalnews

 

L'inde importe et recycle plus d'un million de tonnes de déchets toxiques (radioactifs, chimiques...) par an, prenant le risque de véritables catastrophes sanitaires.


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Source de la photo: inde.aujourdhuilemonde.com
En complément:
http://www.internationalnews.fr/article-l-inde-poubelle-du-monde-reportage-104856343.html
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17 janvier 2012 2 17 /01 /janvier /2012 14:46

Internationalnews

Counterpunch - traduit par Les Moutons enragés 14 janvier 2012

Original: Humanitarian Aid in Haiti » Counterpunch


 

12 janvier 2010, le centre ville de Port-au-Prince au lendemain du séisme.

Deux ans après le séisme de janvier 2010, le pays est loin de s’être remis debout. Peut-être est-ce parce qu’il a à peine vu la couleur des dons promis ? L’enquête du site américain CounterPunch détaille dans quelles poches sont tombées les sommes versées par Washington.

En Haïti, on dirait que le tremblement de terre a eu lieu il y a deux mois, et non il y a deux ans. Plus de 500 000 personnes n’ont toujours pas de logement et vivent dans des camps informels ; le sol est encore jonché de tous les débris des bâtiments en ruine, et le choléra a été introduit dans le pays et s’est transformé en une épidémie meurtrière qui a déjà tué des milliers de personnes et continue d’en toucher des milliers d’autres. 

RFI/REUTERS

La vérité, c’est que pratiquement aucun don du public n’a directement été envoyé en Haïti. Les Haïtiens n’ont à peu près aucun contrôle sur cet argent, mais si l’on en croit l’Histoire, il est probable qu’on leur reprochera ces échecs – un petit jeu appelé : « Accusons la victime ».

Comme beaucoup d’autres personnes dans le monde, les Haïtiens se demandent où est passé l’argent. Voilà sept endroits où les dons sont ou ne sont pas allés.

1) Le bénéficiaire principal de l’argent octroyé par les Etats-Unis après le tremblement de terre s’est révélé être le gouvernement des Etats-Unis. Il en va de même pour les donations des autres pays.

Juste après le séisme, les Etats-Unis ont consenti une aide de 379 millions de dollars et ont envoyé 5 000 soldats. L’agence américaine Associated Press a découvert en janvier 2010 que 33 centimes de chacun de ces dollars avaient en fait été rendus directement aux Etats-Unis pour compenser le coût de l’envoi des troupes militaires. Pour chaque dollar, 42 centimes ont été envoyés à des ONG publiques et privées comme Save the Children, le Programme alimentaire mondial des Nations Unies et l’Organisation panaméricaine de la santé.

L’ensemble du 1,6 milliard de dollars alloué par les Etats-Unis au secours d’urgence a été dépensé de la même façon : 655 millions de dollars ont servi à rembourser le département de la Défense, 220 millions ont été envoyés au département de la Santé et des Services à la personne pour qu’il aide les Etats américains à fournir des services aux réfugiés haïtiens, 350 millions ont été affectés à l’aide d’urgence fournie par l’Agence des Etats-Unis pour le développement international (Usaid), 150 millions sont partis au département de l’Agriculture pour participer à l’aide alimentaire d’urgence, 15 millions au département de la Sécurité intérieure pour couvrir les frais d’immigration, etc.

L’aide internationale a été répartie de la même façon. L’envoyé spécial des Nations unies pour Haïti a révélé que l’argent du fonds humanitaire, soit 2,4 milliards de dollars, avait été distribué de la façon suivante : 34 % ont été renvoyés aux organismes civils et militaires des donateurs pour l’intervention d’urgence, 28 % attribués à des agences des Nations unies et à des ONG, 26 % alloués à des sociétés privées et à d’autres ONG, 5 %  reversés à des sociétés nationales et internationales de la Croix-Rouge, 1 % a été versé au gouvernement haïtien et 0,4 % à des ONG haïtiennes.


2) Seulement 1 % des dons a été envoyé au gouvernement haïtien. Selon l’agence Associated Press, sur chaque dollar accordé par les Etats-Unis pour l’aide d’urgence, moins d’un centime est parvenu au gouvernement haïtien. Il en va de même avec les autres donateurs internationaux. Le gouvernement haïtien n’a absolument pas été mis à contribution dans le cadre de l’intervention d’urgence menée par les Etats-Unis et la communauté internationale.


3) Des sommes dérisoires sont parvenues aux entreprises et aux ONG haïtiennes. Le Center for Economic and Policy Research, la meilleure source d’information qui soit dans ce domaine, a analysé les 1 490 contrats attribués par le gouvernement américain entre janvier 2010 et avril 2011, et s’est rendu compte que seuls 23 d’entre eux avaient été accordés à des entreprises haïtiennes. Dans l’ensemble, les Etats-Unis ont distribué 194 millions de dollars à des sous-traitants, dont 4,8 millions seulement à des sociétés haïtiennes, soit environ 2,5 % du total. Quant aux sociétés privées de la région de Washington DC, elles ont reçu 76 millions de dollars, soit 39,4 % du total.

L’ONG Refugees International a indiqué que leurs collaborateurs sur place avaient eu du mal à accéder aux réunions opérationnelles organisées dans le complexe des Nations unies. D’autres ont noté que la plupart des réunions de coordination de l’aide internationale n’étaient même pas traduites en créole, langue que parlent la majorité des Haïtiens !


4) Un pourcentage non négligeable de l’argent a été transmis aux organismes internationaux d’assistance et aux grandes organisations non gouvernementales faisant partie de réseaux influents. La Croix-Rouge américaine a reçu plus de 486 millions de dollars de dons pour Haïti. Selon l’organisation, deux tiers de cet argent a servi à sous-traiter l’intervention d’urgence et la reconstruction, bien qu’il soit difficile d’obtenir plus de détails. Le salaire annuel du PDG de la Croix-Rouge est supérieur à 500 000 dollars par an [390 000 euros, soit 33 000 euros par mois].


On peut aussi mentionner le contrat de 8,6 millions de dollars entre Usaid et la société privée CHF, chargée de nettoyer les décombres dans Port-au-Prince. CHF est une entreprise de développement international qui, politiquement, fait partie de réseaux influents, qui a un budget annuel de plus de 200 millions de dollars et dont le PDG a gagné 451 813 dollars [354 000 euros] en 2009. Les bureaux de CHF en Haïti « sont installés dans deux hôtels particuliers spacieux de Port-au-Prince et l’entreprise dispose d’une flotte de véhicules flambant neufs, » selon le magazine Rolling Stone.

Rolling Stone a également révélé l’existence d’un autre contrat, d’une valeur de 1,5 million dollars, accordé au cabinet de conseil Dalberg Global Development Advisors, dont le siège est à New York. Selon l’article, le personnel de Dalberg « n’avait jamais vécu à l’étranger, n’avait aucune expérience en matière de catastrophe naturelle ou d’urbanisme, et n’avait jamais été responsable de programmes sur le terrain », et seul un membre de l’équipe parlait français.

Le 16 janvier 2010, George W. Bush et Bill Clinton ont annoncé le lancement d’une collecte de fonds pour Haïti. En octobre 2011, les dons avaient atteint la somme de 54 millions de dollars. Deux millions ont contribué à la construction d’un hôtel de luxe en Haïti, pour un budget total de 29 millions de dollars.


5) Une partie de l’argent a été versée à des entreprises qui profitent des catastrophes naturelles. Lewis Lucke, un coordinateur haut placé d’Usaid, a rencontré le Premier ministre haïtien deux fois à la suite du tremblement de terre. Il a ensuite démissionné et a été embauché – pour un salaire mensuel de 30 000 dollars – par la société Ashbritt, installée en Floride (déjà célèbre pour avoir obtenu des subventions considérables sans appel d’offres après l’ouragan Katrina) et par un partenaire haïtien prospère, afin de faire du lobbying pour obtenir des contrats. Lewis Lucke a déclaré qu’il était « devenu évident que si la situation était gérée correctement le séisme pouvait apparaître comme une opportunité autant que comme une calamité ». Ashbritt et son partenaire haïtien se sont rapidement vu attribuer un contrat de 10 millions de dollars sans appel d’offres.


6) Une partie non négligeable de l’argent promis n’a jamais été distribuée. La communauté internationale a décidé de ne pas laisser le gouvernement haïtien gérer le fonds d’assistance et de relèvement et a insisté pour que deux institutions soient créées pour approuver les projets et les dépenses dédiées aux fonds de reconstruction envoyés pour Haïti : la Commission intérimaire pour la reconstruction d’Haïti (CIRH) et le Fonds pour la reconstruction d’Haïti.

En mars 2010, lors d’une conférence, les Etats membres de l’ONU se sont engagés à verser 5,3 milliards de dollars sur deux ans et un total de 9,9 milliards de dollars sur trois ans. En juillet 2010, seules 10 % des sommes promises avaient été versées à la CIRH.


7) Une grande partie de l’argent donné n’a pas encore été dépensée. Près de deux ans après le tremblement de terre, moins de 1 % des 412 millions de dollars alloués par les Etats-Unis à la reconstruction d’infrastructures en Haïti ont été dépensés par Usaid et le département d’Etat américain, et seuls 12 % ont réellement été affectés, selon un rapport publié en novembre 2011 par le bureau américain chargé du contrôle des comptes (GAO).

La CIRH qui, depuis sa création, a été sévèrement critiquée par les Haïtiens, entre autres, est suspendue depuis la fin de son mandat, en octobre 2011. Le Fonds pour la reconstruction d’Haïti a été créé pour fonctionner en tandem avec la CIHR. Ainsi, tant que cette dernière est interrompue, le Fonds pourra difficilement poursuivre sa mission.

Que faire ? Au lieu de donner de l’argent à des intermédiaires, les dons devraient être envoyés autant que possible aux organismes haïtiens publics et privés. Le respect, la transparence et l’obligation de rendre des comptes constituent les fondements des droits humains.

14 janvier 2012

 

 

Tous les articles sur haïti/in haïti articles and videos update novembre 2010

Tous les articles sur haïti/in haïti articles and videos update novembre 2010

 

 

 

http://www.internationalnews.fr/article-haiti-ou-est-passe-l-argent-collecte-pour-la-reconstruction--97656591.html

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12 janvier 2012 4 12 /01 /janvier /2012 02:00

http://www.rnw.nl/data/files/imagecache/must_carry/images/lead/2184531708_da2f77e1e2_o.jpg
 

Mise à jour du 22 janvier 2012 

 

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Internationalnews Counterpunch - traduit par Les Moutons enragés 14 janvier 2012 Original: Humanitarian Aid in Haiti » Counterpunch 12 janvier 2010, le centre ville de Port-au-Prince au lendemain du séisme. Deux ans après le séisme de janvier 2010, le pays est loin de s’être remis debout. Peut-être est-ce parce qu’il a à peine vu la couleur des dons promis ? L’enquête du site américain CounterPunch détaille dans quelles poches sont tombées les sommes versées par Washington. En Haïti, on […]
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Original in English: As US Prepares Long-term Occupation, Haiti’s Quake Victims Still Without AidTous les articles: Dossier Haïti Pendant ce temps, les victimes du tremblement de terre d’Haïti ne sont pas encore secourues Mondialisation.ca Le 25 janvier 2010 WSWS 23 Janvier 2010 par Bill Van Auken Alors que les États-Unis préparaient une occupation à long terme, les victimes du tremblement de terre d’Haïti tardaient à être secourues Avec le « déferlement » des militaires US à Haïti, qui […]
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WSWS 22 January 2010 Thousands of Haitians are dying every day for lack of medical care and supplies, according to a leading humanitarian aid group. Meanwhile, the Pentagon has announced that it is expanding the US military presence in the country, maintaining Washington’s priority of troops over humanitarian aid. The US-based medical aid group Partners in Health has warned that as many as 20,000 Haitians may be dying daily due to infections such as gangrene and sepsis that have set in, as […]
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michelcollon.info 27 Janvier 2010 Interview de Jean Lavalasse, photographe et documentariste haïtien résidant à Bruxelles depuis le début des années 70. Il participera à une soirée de soutien à Haïti, le samedi 30 à Bruxelles (détails à la fin de l'interview) PAR MAUD BELLON Comment qualifieriez-vous la situation avant le séisme qui a touché Haïti ce 12 janvier 2010 ? La situation était simple, nous étions sous occupation… et ce, depuis que Jean Bernard Aristide fut expulsé vers l’Afrique […]
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As if the quake disaster is not enough. Man Shot dead for "stealing" rice in Haiti quake. (CF. Katrina) http://www.internationalnews.fr/article-police-shot-dead-man-for-stealing-rice-in-haiti-quake-video--43564893.html
Original: Haiti Disaster Relief Scenario Was Envisaged by the US Military One Day Before the Earthquake Mondialisation.ca, Le 25 janvier 2010 Source: arabnewsblog.net Un scénario de secours aux sinistrés avait été envisagé pour Haïti au quartier général de l’US Southern Command (SOUTHCOM), basé à Miami, un jour avant le tremblement de terre. Les simulations de préparation à un désastre étaient celles d’un ouragan frappant Haïti. Elles se sont tenues le 11 janvier (Bob Brewin, Defense […]
Countercurrents 5 February, 2010 By Bill Quigley Photo: fmsc.org You can walk down many of the streets of Port au Prince and see absolutely no evidence that the world community has helped Haiti. Twenty-three days after the earthquake jolted Haiti and killed over 200,000 people, as many as a million people have still not received any international food assistance. On February 4, the UN World Food Program reported they had given at least some food, mostly 55 pound bags of rice, to over a […]
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WSWS 28 January 2010 By Patrick Martin Troops under United Nations command have opened fire on crowds of hungry Haitians seeking food, an ominous sign of impending confrontation between the people of the earthquake-wracked country and the armed forces dispatched there under the auspices of the imperialist powers. On Monday, Uruguayan troops, part of the UN peacekeeping force deployed here since 2004, fired rubber bullets at people who crowded around food trucks, eventually pulling out and […]
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The Real News February 1, 2010 Ronald Charles: Providing aid like this is a way to humiliate us and many Haitians will not accept it. Ronald Charles is a Ph.D. student in Biblical Studies at the Department of Relgion, University of Toronto. He is a poet and a violinist. And he was lecturer at Christianville University College in Haiti, where he translated parts of the Bible into Haitian Creole. Transcript below the video Transcript PAUL JAY, SENIOR EDITOR, TRNN: Welcome to The Real News […]
150x150.png?~aHR0cDovL2ltZy55b3V0dWJlLmNPart I: Haitians will defend their sovereignty - Providing aid like this is a way to humiliate us (video and transcript) The Real NewsFebruary 1, 2010 Ronald Charles: After Haitian revolution, colonial oppression turned into oppression by its ruling elite Ronald Charles is a Ph.D. student in Biblical Studies at the Department of Relgion, University of Toronto. He is a poet and a violinist. And he was lecturer at Christianville University College in Haiti, where he translated parts of the […]
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As aid starts to trickle in, and the extent of the horror becomes known, decisions are already being made that will affect the Haiti that emerges from this. Ansel Herz reports live from Port-Au-Prince on the role that the deployed US troops are playing, while author Peter Hallward weighs in on the role that the US has played in Haiti's recent history and shares his concerns that post-earthquake Haiti will further cement the domination of the Haitian people by foreigners. Ansel Herz is an […]
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Voltaire 20 janvier 2010 English Alors que les Etats-Unis profitent du chaos consécutif au tremblement de terre pour envahir et occuper Haïti, comme ils le firent de 1915 à 1934, la presse internationale présente la misère qui frappe ses habitants comme une fatalité comparable au séisme. Sophie Perchellet et Eric Toussaint rappellent qu’il n’en est rien. Depuis le XIXe siècle, lorsque les esclaves durent indemniser leurs maîtres, jusqu’aux oukazes du FMI, la pauvreté est le fruit de […]
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"After the earthquake in Haiti, America is seen coming to the aid of the Haitians, with its mighty military power, although aid has been sent, it is not getting through to the people, which may be purposely done to plunge Haiti into rioting and looting that will need the U.S. soldiers to step in and declare military rule. This will be the prelude to yet another puppet government put into place to serve the U.S. Imperialists. The Shock Doctrine has been observed many times before. After a […]
Mondialisation.ca Le 17 janvier 2010 Radio-Canada.ca Photo: La Presse Canadienne /AP Photo/Fernando Llano - Hugo Chavez (archives) Le président vénézuélien Hugo Chavez a accusé dimanche les États-Unis de vouloir occuper Haïti sous prétexte d'aider ce pays, terrassé par un violent tremblement de terre. « J'ai lu que 3000 soldats allaient arriver. Des marines armés comme s'ils allaient en guerre. Mon Dieu, il n'y a pas pénurie d'armes là-bas! Des médecins, des médicaments, du carburant, des […]


Séisme et réserves hydrocarbures à Haïti Interview d'un sismologue haïtien

Comment les grandes puissances ont ruiné Haïti par Ashley SMITH

Haiti: humanitarian operation or invasion? By michel chossudovsky

Haitians dying by the thousands as US escalates military intervention

L’histoire qui « lie » les États-Unis à Haïti par Bill Van Auken

Haïti : Les troupes américaines sont déployées alors que la colère populaire monte

Haïti : non-lieu pour le FMI !

Haiti: Guns or food? (The Real News video)

Haïti : au-delà des effets d’annonce par Eric Toussaint*, Sophie Perchellet*

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29 juin 2011 3 29 /06 /juin /2011 21:22

Internationalnews

 

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Radio Canada 29 juin 2011

 

Les preuves « suggèrent fortement » que des Casques bleus de l'ONU ont importé la souche de choléra qui a tué des milliers de personnes en Haïti, affirme une étude réalisée par une équipe d'épidémiologistes et de médecins.

Cette étude présente les preuves les plus solides jusqu'à maintenant appuyant l'hypothèse selon laquelle des Casques bleus népalais installés dans une base de l'ONU à Mirebalais ont transporté le choléra en Haïti. La bactérie s'est ensuite répandue dans les affluents de la rivière Artibonite et ailleurs dans le pays.

Le choléra a tué plus de 5500 personnes en Haïti et en a contaminé plus de 363 000 autres depuis octobre, selon le gouvernement haïtien.

« Nos conclusions suggèrent fortement que la contamination de l'Artibonite et de l'un de ses affluents en aval d'un camp militaire a déclenché l'épidémie », affirme le rapport de l'étude, publié dans le numéro de juillet de la revue scientifiqueEmerging Infectious Diseases, une publication des centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC).

L'article affirme qu'il existe une « corrélation exacte » dans le temps et dans l'espace entre l'arrivée d'un bataillon népalais originaire d'une région aux prises avec une épidémie de choléra et les premiers cas signalés près de la rivière Meille quelques jours plus tard.

L'isolement de la rivière Meille, dans le centre du pays, et l'absence d'autres facteurs rendent improbable la possibilité que le choléra soit arrivé en Haïti d'une autre façon, affirme le rapport.

L'Associated Press a tenté à plusieurs reprises, mercredi, de contacter la mission de l'ONU en Haïti pour l'inviter à commenter l'étude, sans succès.

La publication de cette étude survient au moment où les travailleurs de la santé en Haïti font face à une recrudescence des cas de choléra, après plusieurs semaines de pluie. L'organisation Oxfam a déclaré plus tôt ce mois-ci que ses travailleurs traitaient plus de 300 nouveaux cas de choléra par jour, soit trois fois plus qu'au plus fort de l'épidémie en octobre.

Le choléra est causé par une bactérie qui produit de graves diarrhées et une déshydratation pouvant causer la mort. La maladie se transmet par l'eau et les aliments contaminés.

La maladie s'est répandue à la République dominicaine voisine, où plus de 36 décès ont été rapportés depuis novembre.

L'épidémiologiste Renaud Piarroux, auteur principal de l'article, avait tout d'abord été envoyé en Haïti par le gouvernement français à la fin de 2010 afin d'enquêter sur les origines de l'épidémie. Il a ensuite rédigé un rapport pour le compte des Nations unies et des autorités haïtiennes, qui affirmait que les Casques bleus népalais avaient « probablement » causé l'épidémie. Un exemplaire de ce rapport a été obtenu par l'Associated Press.

L'étude de la revue Emerging Infectious Diseasesest plus complète et sa méthodologie a été vérifiée par un groupe de scientifiques.

Pendant près de deux mois après le début de l'épidémie en octobre, les Nations unies, l'Organisation mondiale de la santé et les centres américains de contrôle et de prévention des maladies ont refusé d'enquêter sur l'origine de l'épidémie de choléra, affirmant qu'il était plus important de soigner les patients que de chercher la source de la maladie.

Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, sous la pression de manifestants haïtiens et de preuves circonstancielles mettant en cause les Casques bleus, a finalement cédé en décembre et a demandé la tenue d'une enquête.

En mai, un groupe d'experts indépendants a conclu que l'épidémie de choléra en Haïti a été causée par une souche d'Asie du Sud importée par une activité humaine qui a contaminé un réseau hydrographique où des milliers d'Haïtiens boivent, se lavent et jouent.

Mais l'étude n'allait pas jusqu'à mettre en cause un groupe en particulier. Sans identifier aucune autre source possible, le rapport a attribué l'épidémie à une « convergence de circonstances », notamment au manque d'infrastructures sanitaires et à la dépendance des Haïtiens envers l'eau de la rivière.

La nouvelle étude souligne qu'il est important pour les scientifiques de déterminer l'origine des éclosions de choléra et la façon dont elles se répandent afin d'arriver à éliminer « une maladie importée accidentellement ».

L'étude ajoute que le fait de déterminer l'origine de l'épidémie aidera les travailleurs de la santé à mieux traiter et prévenir le choléra en minimisant « la méfiance associée aux suspicions répandues de dissimulation d'une importation délibérée du choléra ».

Selon les auteurs de l'étude, le fait de démontrer que le choléra a été importé en Haïti devrait inciter les organisations internationales à revoir leurs procédures sanitaires.

 

RadioCanada.ca

 

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Url de cet article:

http://www.internationalnews.fr/article-haiti-une-etude-confirme-que-le-cholera-a-ete-importe-par-des-casques-bleus-78211609.html

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24 mai 2011 2 24 /05 /mai /2011 05:14

Internationalnews

22 mai 2011


Sur cette carte du monde la surface des pays a été modifiée afin de refléter le poids dont chacun dispose en termes de droits de vote au sein du FMI. On distingue clairement que la Belgique (10 millions d’habitants) occupe une surface supérieure à celle de pays comme le Brésil (qui a pourtant une population 18 fois plus importante et un territoire 279 fois plus étendu), le Mexique, l’Indonésie ou la République démocratique du Congo (6 fois plus d’habitants que la Belgique et un territoire 77 fois plus étendu).


Le FMI est au centre de la scène internationale ?

Depuis quelques jours, les accusations que porte la justice des Etats-Unis contre Dominique Strauss Kahn renouvellent l’intérêt de l’opinion publique pour l’institution dont il est le directeur général. Avec la crise qui s’est aggravée au Nord en septembre 2008, le FMI est revenu sur le devant de la scène après des années très difficiles.

 

Profondément délégitimé par ses graves échecs au cours des décennies 1980 et 1990, il connaît aussi une sévère crise interne puisque ses deux derniers directeurs généraux ont démissionné avant la fin de leur mandat. Malgré cela, le G20 réuni à Londres en avril 2009 a voulu le remettre au centre du jeu politique car il est un outil essentiel de la domination des grandes puissances. Les pays du Sud préfèrent souvent éviter autant que possible de se plier aux conditions qui accompagnent toute signature d’un accord avec le FMI.

 

Le Mexique, l’Argentine et la Pologne, qui ont obtenu la promesse de crédits possibles pour un total de 52 milliards, attendent le dernier moment pour effectivement accepter ces prêts. Ils veulent explorer toutes les alternatives possibles et éviter autant que faire se peut les diktats du FMI. En 2011, le Portugal a tenté pendant plusieurs mois d’éviter de devoir recourir aux prêts du FMI car, la dernière fois que celui-ci est intervenu, il y a eu un bain de sang social. C’était en 1983. L’opinion publique portugaise est opposée à un accord avec le FMI mais Socrates, le premier ministre (socialiste) démissionnaire est favorable à un tel accord.


Les conditions du FMI sont tellement contraignantes ?

Oui. Elles se basent sur le Consensus de Washington, en vigueur depuis une trentaine d’années, qui préconise de comprimer les dépenses publiques et les budgets sociaux, de privatiser à tout va, d’ouvrir les marchés pour permettre les profits des sociétés transnationales et d’abandonner toutes les protections dont bénéficiaient les producteurs locaux et les populations pauvres. Officiellement, ce consensus n’a plus cours mais en réalité, les conditions qu’impose le FMI aux pays qui font appel à lui n’ont pas changé et leur logique est toujours la même. La Hongrie, qui fut le premier pays à solliciter un prêt après la crise financière, a dû supprimer le treizième mois de ses fonctionnaires.


L’Ukraine a été sommée de reculer l’âge de la retraite. Les conditions imposées à la Grèce et à l’Irlande en 2010 provoquent une brutale régression sociale au point qu’on peut parler de violation des droits économiques et sociaux de la population. Le FMI dicte ses volontés aux gouvernements et leur impose des mesures très impopulaires. Il se permet de réécrire les codes nationaux du travail en contraignant les parlementaires à revoir les législations en vigueur dans un sens favorable aux grands créanciers et défavorables aux populations du pays.

 

Bien sûr, officiellement, ce sont les autorités du pays qui prennent l’initiative de modifier les lois mais en réalité le travail est prémâché par les équipes du FMI. Pourtant, en Grèce, les accords passés en 2010 entre le FMI et le gouvernement grec n’ont pas été approuvées en bonne et due forme par le parlement grec. On en revient au temps des oukases du temps du Tsar de toutes les Russies.


La Hongrie, la Grèce, l’Irlande,… sont des pays européens. Le FMI n’intervenait jusqu’ici qu’au Sud ?

Ce n’est pourtant pas une première. On l’a oublié, mais au cours des années 1970, le gouvernement travailliste a fait appel à lui pour enrayer la chute de la livre sterling. Le plan concocté par le FMI a produit un tel rejet de la population que celle-ci a infligé aux travaillistes une punition électorale qui a abouti à l’élection de Margaret Thatcher ! Comme dit plus haut, le Portugal du socialiste Mario Soares a également fait appel au FMI en 1983. En 2009, c’était au tour de l’Europe centrale et orientale, sans oublier l’Islande, touchée de plein fouet par la crise financière.

 

En 2010, la Grèce et l’Irlande sont soumises aux exigences du FMI. En 2011, le Portugal passera sous ses fourches caudines et d’autres pays risquent de s’ajouter à la liste. Ses tentacules se développent au Nord sans relâcher la pression sur le Sud, il faut combattre l’action du FMI de manière urgente.


Le pouvoir de décision au FMI est distribué en fonction de la quote-part versée par les pays membres au moment de leur adhésion. Pourquoi les pays qui s’estiment sous-représentés n’augmentent-ils tout simplement pas leur contribution ?


Parce qu’on les en empêche. La Chine dispose de plus de 2 200 milliards de dollars de réserves de change. Elle demande à avoir plus de poids au FMI, mais les contributions ne sont pas volontaires, elles dépendent des alliances géostratégiques. Le FMI a été imaginé, au sortir de la seconde guerre mondiale, par les pays industrialisés qui y disposent de la majorité des voix alors qu’ils représentent moins de 20 % de la population mondiale. Ils rechignent à redistribuer les cartes aujourd’hui. Ils ont construit un FMI à leur service et veulent le maintenir tel quel.


Sur la carte, l’Afrique ne semble pas trop mal lotie…

Soyons sérieux : l’Afrique subsaharienne occupe une place égale à la France alors qu’elle compte 10 fois plus d’habitants. L’Afrique au Sud du Sahara ne dispose que de deux membres au sein du Conseil d’administration du FMI et ces deux membres doivent exprimer le point de vue de 48 pays.


La France dispose à elle seule d’un administrateur. Les pays de l’Union européenne ont 8 représentants au sein du Conseil d’administration sur un total de 24 membres, soit un tiers d’entre eux. Vous imaginez la difficulté des 48 pays africains à se faire entendre si seuls 2 administrateurs les représentent. Le FMI est parfaitement verrouillé par les pays européens et nord-américains. L’Afrique a demandé que l’on porte de 24 à 26 le nombre d’administrateurs afin de dégager deux sièges supplémentaires en sa faveur. Ils se sont heurtés à un refus net des États-Unis. C’est donc l’immobilisme qui prévaut, mais pendant ce temps, les dégâts sociaux au Nord et au Sud s’aggravent.


Le FMI est donc irréformable ?

Oui car ses statuts sont foncièrement antidémocratiques. Le G20 réuni à Pittsburgh en 2009 a décidé de transférer 5% des voix des pays surreprésentés vers certains pays sous-représentés comme la Chine, l’Espagne et la Pologne. Ce transfert, qui se fera probablement au détriment des pays comme la Suisse et la Belgique, ne transformera pas pour autant le FMI en une institution démocratique, car il concernera quelques dixièmes de pourcent mais ne modifiera pas les rapports de force en profondeur.

 

En conclusion, il faut créer une nouvelle institution mondiale garantissant la stabilité monétaire, notamment en luttant contre la spéculation, et fondamentalement centrée sur le respect des droits humains fondamentaux, ce qui n’est pas du tout le cas actuellement. Il est très important de faire sauter le verrou du FMI pour espérer jeter les bases d’un autre monde.


Eric Toussaint

Le présent texte est une version actualisée et modifiée par l’auteur d’une interview donnée à Jean-François Pollet du magazine Imagine (www.imagine-magazine.com).

La version originale de cette interview a été publiée par Imagine dans son numéro de janvier-février 2010. Source pour la carte : http://www.worldmapper.org/display....

Eric Toussaint
www.cadtm.org
345 Avenue de l’Observatoire
4000 Liège
Belgique

Source: http://www.legrandsoir.info
Url de cet article: http://www.internationalnews.fr/article-le-fmi-une-institution-antidemocratique-qui-impose-la-regression-sociale-eric-toussaint-74836004.html
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4 avril 2011 1 04 /04 /avril /2011 20:50

Internationalnews

WSWS

By Ann Talbot 
4 April 2011

 

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Up to 1,000 civilians have reportedly been massacred in the town of Duékoué in the West African country of Ivory Coast. This is the biggest loss of life in the former French colony since the disputed presidential election in November 2010.


There has been a standoff between the two rival presidential candidates since the election. The stalemate has now descended into civil war, as Alassane Ouattara, who is backed by France, the United States and international bodies, tries to oust the incumbent Laurent Gbagbo.


Ouattara’s forces have seized most of the country, including the political capital, Yamassoukro, and the main port, San Pedro. They are now fighting to gain control of the commercial capital, Abidjan. Gbagbo retains the support of his 2,500-strong presidential guard, an unknown number of mercenaries and the Patriotic Youth movement. Many elements in the army have shifted their allegiance to Ouattara, following a United Nations Security Council resolution on March 30.


France and Nigeria sponsored the resolution that called on all state officials to recognise Ouattara. This was the signal for the beginning of Ouattara’s military assault on Gbagbo’s forces.


“In a sense, this resolution is maybe the last message that we wanted to send to Gbagbo which is very simple: Gbagbo must go,” France’s ambassador to the UN, Gerard Araud, said. “It is the only way to avoid a full-fledged civil war and maybe bloody violence in the streets of Abidjan,” he claimed.


The exact opposite has been the case. The UN resolution has given the green light for a civil war with disastrous consequences for the civilian population. One million people are thought to have fled the Ivory Coast in recent months. The numbers have swelled in the last few days. Many of them have crossed the border into neighbouring Liberia, which now faces a major humanitarian crisis in overcrowded refugee camps. Abidjan residents are sheltering in their homes as heavy shelling continues around the presidential palace and armed youths roam the streets. Shops and petrol stations have been looted.


Henry Gray, a field coordinator for Médecins Sans Frontières, told reporters, “We had been visiting clinics until a few days ago, but the situation on the streets has deteriorated to such an extent that it’s just become too dangerous to go outside. There’s a lot of pillaging and looting going on, and if you’re out on the streets you’re basically a target. There is a real atmosphere of fear, particularly in poorer areas.”


France’s policy in Ivory Coast follows the pattern set in Libya, where France and Britain secured a UN resolution for a no-fly zone under the pretext of protecting civilians. The military action in Libya and Ivory Coast reflects the increasingly aggressive attitude the Western powers are taking in Africa, where they find themselves in an ever more intense competition for resources with China and other emerging economies.


France has reinforced its military presence in Ivory Coast. Paris has maintained a military presence there under Operation Licorne since the previous civil war. Operation Licorne acts in coordination with the United Nations Operation in Cote d’Ivoire (UNOCI). Paris has now flown in 300 more troops, bringing the number of French troops to 1,400. It has taken control of the main airport.


AFP reported a statement from Colonel Thierry Burkhard, a spokesman for Operation Licorne, who said, “Licorne, in coordination with UNOCI, has taken control of Felix Houphouet-Boigny airport. UNOCI and Licorne troops are ensuring security and air traffic control at the airport.” It would, Burkhard said, allow “civil and military aircraft to land at the airport so that foreigners wishing to leave Ivory Coast can do so.”


There are some 12,000 French citizens in Ivory Coast, but no plans have been made to evacuate them. The UN has already evacuated its non-military personnel. It ordered its non-essential personnel out of the country several weeks ago, when UN facilities came under attack from Gbagbo’s forces. The airport was previously in the hands of the UN and could have been used for an evacuation had that proved to be necessary. The French seizure of the airport is an act of colonial aggression. Under the cover of international legality and humanitarian concerns, France is in the process of reasserting direct control over Ivory Coast.


The deaths in Duékoué are the immediate result of this drive by France to re-establish imperial power in Africa. Responsibility should be laid at the door of the Elysée Palace, where on Sunday President Nicholas Sarkozy was holding a meeting to discuss the situation in Ivory Coast. The massacre took place as Ouattara’s forces were taking control of the town.


Washington has been obliged to criticise Ouattara, despite its political support for him. US Secretary of State Hillary Clinton expressed “concern” about the massacre at Duékoué and called “on the forces of President Ouattara to respect the rules of war and stop attacks on civilians.”


Guillaume Ngefa, deputy head of the UNOCI, said that Ouattara’s forces had carried out the killings in Duékoué. “We have evidence, we have pictures. This was retaliation.”


UN Secretary-General Ban Ki-moon has spoken to Ouattara about the deaths. But the UN cannot sidestep its own responsibility. There were 200 UN peacekeepers conducting what they describe as “robust” patrols in the town at the time. UNOCI spokesman Hamadoun Toure claimed that the UN was “not aware” that civilians were being attacked and killed in the town. Yet in December, UNOCI established a 24-hour help line so that civilians could report attacks to them. UNOCI claims to have had 9,000 calls.


“We receive calls from all over the place, from the north, the east, the south, from Abijan and from villages as well,” Guillaume Ngefa told Deutsche Welle.


Ngefa admitted that pro-Ouattara forces had been carrying out atrocities elsewhere. In one case, a whole village had been emptied of its inhabitants and replaced by Outtara supporters. He knew that there had been cases of rape and that Gbagbo loyalists had “disappeared”. A UN helicopter had even been attacked by Ouattara forces in the north of the country, he said.


Despite this information, UNOCI claims not to have known what was happening in Duékoué. Yet the town was known to be a potential flash point. It dominates the cocoa-growing region of Ivory Coast and is a strategic prize. There have been longstanding tensions in the town between groups that consider themselves to be Ivory Coast natives and “foreigners” who come from the north of the country. In recent days, hundreds of displaced people have fled to the town, increasing tensions between rival communities.


Survivors say that when Ouattara’s forces entered the town, they made straight for the Carrefour district, which is known as a pro-Gbabgo neighbourhood. “There were massive killings, they set the place ablaze and burned down the [neighbourhood] completely,” said Patrick Nicholson of the Catholic charity Caritas.


The victims were shot or hacked to death with machetes. Retreating pro-Gbabgo forces and Liberian mercenaries then fell back on Guiglo, a town some 25 miles (40 kilometres) away, where they massacred migrant cocoa workers.


The full extent of what has happened in the district is not yet clear, but the massacre at Duékoué is well attested. Red Cross officials have been attempting to preserve the bodies for identification. Spokeswoman for the Red Cross (ICRC) Dorothea Krimitsas acknowledged, “There is no doubt that something on a large scale took place in this city, on which the ICRC is continuing to gather information. Everything seems to indicate that this was inter-ethnic violence.”


Bishop Gaspard Beby Gneba of Man reported on the situation of more than 1,500 people who have taken refuge in a local mission compound:

 

“There’s a traumatic humanitarian situation. They need food, medicine, water, sanitation. People have lost everything—houses, clothes—they do not even have a mat to sleep on.”


Refugees in Liberia told the BBC that fighters had attacked their villages with orders “to kill everyone and anyone”.


“I can’t go home, the rebels have guns. I don’t have a gun. They kill people and rape women. They can kill children and then they take the small children to go and fight. It’s impossible. I can’t go back,” one man said.


Clinton had no option but to warn Ouattara about the conduct of his troops, but Washington is nonetheless determined to replace Gbagbo and has made its support for Ouattara clear. Despite the massacre, she asserted that “Gbagbo is pushing Cote d’Ivoire into lawlessness. He must leave now so the conflict may end.”


Baroness Ashton of the European Union echoed Clinton’s call. “Alassane Ouattara is the democratically elected president of [Ivory Coast],” she said. “I urge Laurent Gbagbo to step down immediately and hand himself over to the legal authorities.”


What Ashton describes as “the legal authorities” are also carrying out atrocities and war crimes to the extent that the UN itself attributes the majority of deaths of civilians to Ouattara’s forces. Ouattara is supported only because he is acting as a proxy for the major powers that want to ensure that Ivory Coast remains under their domination.

WSWS

http://www.internationalnews.fr/article-civilians-massacred-by-western-backed-forces-in-ivory-coast-71006854.html

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19 février 2011 6 19 /02 /février /2011 20:36

 

Article primé par Project Censored

Réseau Voltaire 16 février 2011


Moins souvent évoquées par la presse des pays du Nord que les mésaventures des otages, les conditions de vie des « pirates » somaliens et de leurs concitoyens rèvèlent qu’ils sont avant tout des pêcheurs en lutte contre le pillage occidental de la pêche et la décharge de déchets toxiques. Dans cet article retenu par le Projet Censuré 2010, la réalité des conséquences du chaos politique persistant en Somalie n’apparaît pas seulement sous l’aspect de la piraterie : en effet même l’ONU y fait depuis longtemps preuve de négligence quant aux traités en vigueur sur les déchets toxiques. 

La communauté internationale a condamné avec force les pirates-pêcheurs somaliens et leur a déclaré la guerre, tout en dissimulant derrière un voile de discrétion les opérations des flottes qui se consacrent à la pêche illégale non déclarée et non réglementée.

Ces flottes en provenance du monde entier pratiquent la pêche furtive et déchargent des déchets toxiques dans les eaux somaliennes depuis la chute du gouvernement de ce pays, il y a dix-huit ans.

Lorsque le gouvernement somalien s’effondra, en 1991, les intérêts étrangers saisirent l’occasion pour entreprendre le pillage des richesses alimentaires marines de la nation et faire de ses eaux échappant à toute surveillance la décharge des déchets nucléaires et toxiques.

Selon le Groupe de travail en haute mer (HSTF, sigle en anglais), en 2005, plus de huit cent bateaux de pêche [IUU] opéraient dans les eaux somaliennes, tirant profit de l’incapacité dans laquelle se trouvait le pays de surveiller ses eaux et ses zones de pêche.

Les bateaux IUU puisent chaque année dans les eaux somaliennes des fruits de mer et des poissons pour une valeur globale de 450 millions de dollars : ils privent ainsi la population somalienne, l’une des plus pauvres du monde, d’une source inestimable de protéines et ruinent les pêcheurs, privés de leur gagne-pain.

Dès le début des années 90, on enregistrait des réclamations concernant le largage de déchets toxiques et la pêche illégale, mais il a fallu que le tsunami dévaste le pays, en 2004, pour qu’apparaissent les pièces à conviction [1]. Le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) a signalé que le tsunami a poussé des conteneurs oxydés, pleins de déchets toxiques, jusqu’aux terres du Puntland, dans le nord de la Somalie.

Nick Nuttall, porte-parole du PNUE, a déclaré à la chaîne arabe Al Jazeera que lorsque les conteneurs furent éventrés par la force des vagues, on a pu découvrir que des inconnus se livraient à une « activité terrifiante » depuis plus de dix ans.

« La Somalie sert de décharge pour les substances dangereuses depuis le début des années 90 et cela s’est prolongé pendant toute la durée de la guerre civile », ajoute-t-il. « Les déchets sont de natures diverses : on y trouve des résidus radioactifs d’uranium, pour l’essentiel, mais aussi du plomb, des métaux lourds comme le cadmium et le mercure, ainsi que des déchets industriels, hospitaliers et chimiques : de tout ! »

Nuttall précise que depuis que les conteneurs ont échoué sur des plages, des centaines d’habitants de la côte sont tombés malades, souffrant d’hémorragies abdominales et buccales et d’infections de la peau, entre autres maladies. « Ce qu’il y a de plus alarmant, ce sont les déchets nucléaires.

Les résidus radioactifs d’uranium menacent les Somaliens de mort et détruisent totalement l’océan », précise-t-il.

Ahmedou Ould-Abdallah, envoyé de l’ONU pour la Somalie, assure que dans les faits, le pétrole a contribué à la guerre civile qui dure depuis dix-huit ans dans ce pays, car pour décharger leurs déchets, les compagnies paient les ministres du gouvernement et/ou les leaders des milices. « Il n’y a pas de contrôle gouvernemental… et peu de gens respectueux de l’éthique… ils payent des gens haut placés, mais c’est à cause de la fragilité du «gouvernement fédéral transitoire», sans compter que quelques-unes des corporations ne consultent même pas les autorités : elles déchargent leurs déchets et s’en vont. »

En 1992, les pays membres de l’Union européenne et 168 autres nations ont signé la Convention de Bâle, sur le contrôle des mouvements transfrontaliers des déchets dangereux et leur stockage.

L’accord interdit le commerce de résidus entre les pays signataires de même qu’aux pays qui n’ont pas signé le document, à moins d’un accord bilatéral négocié. Il interdit de même l’envoi de résidus dangereux dans les zones de guerre.

L’ONU a trahi ses propres principes et fait la sourde oreille aux demandes somaliennes et internationales pour mettre un terme à la dévastation ininterrompue des ressources marines somaliennes et à la décharge de déchets toxiques. Ces violations ont également été ignorées par les autorités maritimes de la région.

Documentaire vidéo sur les déchets nucléaires (uranium) et autres des pays industrialisés jetés en Somalie. 

Tel est le contexte dans lequel ont surgi ceux qu’on a appelés les « pirates »

On s’accorde à dire que dans un premier temps, ce sont de simples pêcheurs somaliens qui ont pris leur canot à moteur pour tenter de dissuader les incursions de bateaux qui déchargeaient leurs déchets et pêchaient à la traîne, ou au moins leur faire payer un « impôt ». Ils s’étaient eux-mêmes donnés le titre de « Gardes-côtes volontaires de Somalie »

Un des leaders des pirates, Sugule Ali, a expliqué pour sa part qu’il se proposait de «mettre fin à la pêche illégale et au largage de déchets dans nos eaux…

Nous ne nous considérons pas comme des bandits de la mer. Nous considérons que les bandits, ce sont eux, ceux qui pêchent, déversent des déchets illégalement et portent des armes dans nos eaux nationales

Le journaliste britannique Johann Hari a fait remarquer, dans le Huffington Post, que malgré le fait que rien ne justifie la prise d’otages, les pirates bénéficient du soutien écrasant de la population locale, et cela pour une raison.

Le site web indépendant somalien Wardher News [2], a mené la meilleure enquête dont nous disposons sur ce que pense le citoyen somalien lambda. 70 % des personnes sondées par ce site « soutiennent énergiquement la piraterie, parce que c’est une manière d’assurer la défense des eaux territoriales du pays ». [3]

Au lieu de prendre des mesures pour protéger la population et les eaux somaliennes contre les infractions internationales, la réponse de l’ONU a été d’approuver des résolutions agressives qui donnent droit aux transgresseurs de faire la guerre aux pirates somaliens, quand elles ne les y encouragent pas.

Les voix des pays exigeant en chœur le durcissement de l’action internationale ont obtenu que des forces navales multinationales et unilatérales se hâtent d’envahir les eaux somaliennes et prennent le contrôle.

Le Conseil de sécurité de l’ONU (certains de ses membres pourraient fort bien avoir des motifs cachés pour protéger indirectement leurs flottes de pêches illégales en eaux somaliennes) a approuvé les résolutions 1816, en juin 2008, et 1868, en octobre 2008, qui « invitent les Etats favorables à la sécurité des activités maritimes à participer activement à la lutte contre la piraterie en haute mer, au large de la Somalie, notamment en déployant leurs bateaux de guerre et leur aviation militaire… »

L’OTAN et l’Union européenne ont également donné des ordres en ce sens. La Russie, le Japon, l’Inde, la Malaisie, Égypte et le Yémen se sont joints à la bataille, aux côtés d’un nombre croissant de pays.

Pendant des années, il était demeuré impossible de faire passer des résolutions de l’ONU pour contrôler la piraterie dans les mers du monde, en grande partie parce que les nations membres subodoraient qu’il y allait de leur souveraineté et de leur sécurité.

Les pays renâclent à l’idée de céder la surveillance et le contrôle de leurs eaux territoriales. Les résolutions 1816 et 1838 de l’ONU, auxquelles s’opposèrent plusieurs nations d’Afrique occidentale, des Caraïbes et d’Amérique du Sud, ont donc été taillées exclusivement à la mesure de la Somalie, un pays qui n’a pas de représentation assez solide aux Nations unies pour exiger des amendements destinés à protéger sa souveraineté.

De la même manière furent ignorées les objections de la société civile somalienne au projet de résolution, qui ne faisait même pas mention de la pêche illégale ni du déversement de déchets.

Hari s’interroge : « Nous attendons-nous à ce que les Somaliens affamés s’installent passivement sur leurs plages ou rament au milieu de nos déchets nucléaires tout en regardant comment nous leur volons leurs poissons pour les déguster dans des restaurants de Londres, de Paris et de Rome ?

Nous n’avons strictement rien fait contre ces délits. Mais quand des pêcheurs rétorquent en interrompant le trafic du couloir maritime par lequel passe 20 % du pétrole du monde, nous poussons des hauts cris contre ce « coup bas ». Si nous entendons réellement combattre la piraterie, commençons par en extirper la racine, c’est-à-dire par poursuivre nos propres délinquants, avant d’envoyer nos canonnières nettoyer le couloir de tout criminel somalien. »

Mise à jour de Mohamed Abshir Waldo (de WardheerNews)

Les crises de piraterie multiple n’ont pas reculé en Somalie depuis mon dernier article « Les deux pirateries en Somalie : pour l’une ignore-t-elle l’autre ? », publié en décembre 2008. [4] La piraterie de la pêche illégale, du dépôt de déchets et du trafic maritime non contrôlé se poursuit de plus belle. Les pêcheurs somaliens réagissent à la pêche furtive étrangère, en provenance de bateaux armés, par une guerre intensifiée contre tout bâtiment empruntant le golfe d’Aden et l’océan Indien

Les gouvernements étrangers, les organisations internationales et les grands médias se sont unis pour diaboliser la Somalie et faire passer ses pêcheurs pour de dangereux assassins qui attaquent par surprise et terrorisent les marins (même si, jusqu’à présent, aucun n’a été blessé). Cette version est de toute évidence manipulée. Les grands médias se montrent infiniment plus discrets quant aux autres formes de piraterie, celles de la pêche illégale, et du largage de déchets.

Les marines de guerre du monde —plus de 40 navires de guerre dont dix asiatiques, arabes et africains, et les autres de nations de l’OTAN et de l’Union européenne— livrent une véritable chasse aux pêcheurs-pirates somaliens et ne se soucient guère de savoir si leurs cibles repérées en eaux somaliennes pratiquent la pêche, tout simplement, ou la piraterie. Les diverses réunions du Groupe international de contact pour la Somalie (ICGS, sigle en anglais) sont continuellement l’occasion de stigmatiser les pêcheurs somaliens et d’inviter ses membres à lancer des expéditions punitives, sans qu’il y soit jamais question des violations commises par leurs propres flottes.

Lors de la réunion anti-piraterie de l’ICGS du Caire, qui s’est tenue le 30 mai 2009, Égypte et l’Italie sont les pays qui ont le plus insisté pour exiger des châtiments sévères contre les pirates-pêcheurs somaliens.

Tandis que ces pays se réunissaient à nouveau à Rome, le 10 juin 2009, la communauté de la ville côtière somalienne de Las Khorey a retenu une barge italienne et deux bateaux égyptiens pleins à craquer de poisson capturé illégalement en eaux somaliennes. La barge acheminait deux énormes réservoirs dont on soupçonne qu’ils contenaient des déchets toxiques ou nucléaires. La communauté de Las Khorey a invité les experts internationaux à venir enquêter sur place, mais n’ont toujours pas reçu de réponse.

Il reste à signaler que la pêche illégale, non déclarée et non réglementée (IUU) ainsi que le déversement de déchets se produisent aussi au large d’autres pays africains, et en particulier la Côte d’Ivoire, autre grande victime du réseau de déchetterie toxique international.

Certains affirment que les actes de piraterie obéissent à la logique du désespoir, et, dans le cas de Somalie, les pirates des uns ne seraient-ils pas les gardes-côtes des autres ?

 

Documentaire en anglais sur les déchets toxiques jetés en Somalie par le compagnies maritimes italiennes. Deux journalistes de la péninsule enquêtant sur ces trafics dans ce pays africain furent assassinés à Mogadiscio.

 

 

[1Al Jazeera English, 11 octobre 2008, “Toxic waste behind Somali piracy”, par Najad Abdullahi.

[2] Voir : http://wardheernews.com/Editorial/e...

[3Huffington Post, 4 janvier 2009, “You are being lied to about pirates”, par Johann Hari.

[4WardheerNews, 8 janvier 2009, “The Two Piracies in Somalia : Why the World Ignores the other”, par Mohamed Abshir Waldo

Jeffrey St. Clair, pour le Réseau Voltaire

Les emphases sont d'IN

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http://www.internationalnews.fr/article-somalie-pirates-ou-pecheurs-en-lutte-par-jeffrey-st-clair-67765197.html

 

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