13 février 2009 5 13 /02 /février /2009 23:06

 

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Reportage suisse sur la surexploitation des producteurs de café par les multinationales...édifiant  (2007)


Mondialisation de la pauvreté partie 1 envoyé par tichthay

Url de cet article: http://www.internationalnews.fr/article-27809157.html


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28 décembre 2008 7 28 /12 /décembre /2008 05:14
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5 décembre 2008 5 05 /12 /décembre /2008 22:45
Le monde diplomatique

Vers une société économe et solidaire



Doctrine officielle des organisations internationales, le développement, même « durable », est assimilé par certains économistes à la croissance et à ses dégâts. Or n’est-ce pas plutôt à une dissociation des deux qu’il faut travailler ? En effet, le mot d’ordre de décroissance ne peut s’appliquer, à la fois, aux pays pauvres démunis de l’essentiel et aux pays riches. Ce débat, qui traverse aussi le mouvement altermondialiste, ramène à une nécessaire critique des rapports sociaux.



Par Jean-Marie Harribey

Maître de conférences à l’université Bordeaux-IV, membre du conseil scientifique d’Attac, coordonnateur du livre d’Attac Le Développement a-t-il un avenir ? Pour une société solidaire et économe, Mille et une nuits, Paris, 2004 à paraître en août, et auteur de La Démence sénile du capital, fragments d’économie critique, Le Passant, Bègles, 2002. site Internet



Le « développement durable » ou « soutenable », doctrine officielle des Nations unies, est censé assurer le bien-être des générations présentes sans compromettre celui des générations futures  (1). C’est une bouée de sauvetage à laquelle se raccrochent les gouvernements fervents partisans et pourvoyeurs de l’agriculture intensive, les chefs d’entreprises multinationales gaspillant les ressources, déversant sans vergogne leurs déchets et affrétant des bateaux-poubelles, les organisations non gouvernementales ne sachant plus que faire et les économistes pris en flagrant délit d’ignorance des contraintes naturelles.

 

Pourtant, le programme du développement durable est entaché d’un vice fondamental : la poursuite d’une croissance économique infinie est supposée compatible avec le maintien des équilibres naturels et la résolution des problèmes sociaux. « Ce dont nous avons besoin, c’est d’une nouvelle ère de croissance, une croissance vigoureuse et, en même temps, socialement et “environnementalement” soutenable  (2 », énonçait le rapport Brundtland. Or ce postulat est fondé sur deux affirmations très fragiles.

 

La première est d’ordre écologique : la croissance pourrait se poursuivre parce que la quantité de ressources naturelles requise par unité produite diminue avec le progrès technique. On pourrait donc produire toujours davantage avec moins de matières premières et d’énergie. Or la baisse de l’intensité en ressources naturelles est malheureusement plus que compensée par l’augmentation générale de la production ; la ponction sur les ressources et la pollution continuent ainsi d’augmenter, comme le reconnaît le rapport du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) : « Partout dans le monde, les processus de production sont devenus plus économes en énergie (...). Cependant, vu l’augmentation des volumes produits, ces progrès sont nettement insuffisants pour réduire les émissions de dioxyde de carbone à l’échelle mondiale (3). »


Et l’Agence internationale de l’énergie (AIE) s’alarme du ralentissement des progrès accomplis en matière d’intensité énergétique (4) : entre 1973 et 1982, cette dernière avait diminué en moyenne de 2,5 % par an dans les pays représentés au sein de l’AIE, puis seulement de 1,5 % par an de 1983 à 1990 et de 0,7 % par an depuis 1991 (5).

 

Une faille dans le discours officiel


La seconde affirmation contestable se situe sur le plan social : la croissance économique serait capable de réduire la pauvreté et les inégalités et de renforcer la cohésion sociale. Or la croissance capitaliste est nécessairement inégale, destructrice autant que créatrice, se nourrissant des inégalités pour susciter sans cesse des frustrations et des besoins nouveaux. Depuis quarante ans, malgré l’accroissement considérable de la richesse produite dans le monde, les inégalités ont explosé : l’écart entre les 20 % les plus pauvres et les 20 % les plus riches était de 1 à 30 en 1960, il est aujourd’hui de 1 à 80. Cela n’est pas surprenant : le passage à un régime d’accumulation financière provoque un chamboulement des mécanismes de répartition de la valeur produite. L’élévation des exigences de rémunération des classes capitalistes, notamment par le biais de la hausse des dividendes, condamne la part de la valeur ajoutée attribuée aux salariés à décroître, tant sous forme de salaires directs que de prestations sociales.

 

La Banque mondiale elle-même avoue que l’objectif de division par deux du nombre de personnes vivant dans la pauvreté absolue d’ici à 2015 ne sera pas atteint (6) : plus de 1,1 milliard vivent encore avec moins d’un dollar par jour. Le dernier rapport de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced) établit que les pays pauvres les moins ouverts à la mondialisation sont ceux qui ont le plus progressé en termes de revenu par habitant, au contraire des pays les plus ouverts (7).

 

L’incapacité à penser l’avenir en dehors du paradigme de la croissance économique permanente constitue sans doute la faille principale du discours officiel sur le développement durable. En dépit de ses dégâts sociaux et écologiques, la croissance, de laquelle aucun responsable politique ou économique ne veut dissocier le développement, fonctionne comme une drogue dure. Lorsqu’elle est forte, on entretient l’illusion qu’elle peut résoudre les problèmes – qu’elle a fait naître pour une grande part – et que plus forte est la dose, mieux le corps social se portera. Lorsqu’elle est faible, le manque apparaît et se révèle d’autant plus douloureux qu’aucune désintoxication n’a été prévue.

 

Aussi, derrière l’« anémie » actuelle de la croissance se cache l’« anomie »  (8) grandissante dans les sociétés minées par le capitalisme libéral. Celui-ci se montre incapable d’indiquer un sens à la vie en société autre que le consumérisme, le gaspillage, l’accaparement des ressources naturelles et des revenus issus de l’activité économique, et, en fin de compte, l’augmentation des inégalités. Prémonitoire était le premier chapitre du Capital de Marx critiquant la marchandise : la croissance devient ce nouvel opium des peuples dont les repères culturels et les solidarités sont brisés pour qu’ils sombrent dans le gouffre sans fond de la marchandisation.

 

Le dogme dominant est traduit par Jacques Attali qui, bon prophète, croit déceler au début de l’année 2004 « un agenda de croissance fabuleux » que seuls « des aléas non économiques, par exemple une résurgence du SRAS  (9 » seraient susceptibles de faire échouer. Pour tous les idéologues aveugles de la croissance, l’écologie, c’est-à-dire la prise en compte des relations de l’être humain et de la nature, n’existe pas : l’activité économique s’effectue in abstracto, en dehors de la biosphère.

 

C’est faire peu de cas du caractère entropique (10) des activités économiques. Bien que la Terre soit un système ouvert recevant l’énergie solaire, elle forme un ensemble à l’intérieur duquel l’homme ne peut dépasser les limites de ses ressources et de son espace. Or l’« empreinte écologique » – la surface nécessaire pour accueillir toutes les activités humaines sans détruire les équilibres écologiques – atteint déjà 120 % de la planète et, compte tenu des disparités de développement, il faudrait quatre ou cinq planètes si toute la population mondiale consommait et déversait autant de déchets que les habitants des Etats-Unis  (11).

 

Dans ces conditions, l’idée de « décroissance » lancée par Nicholas Georgescu-Roegen (12) trouve un écho favorable au sein d’une partie des écologistes et des altermondialistes. Poussant la démarche théorique, certains auteurs adjurent de renoncer au développement, celui-ci ne pouvant selon eux être dissocié d’une croissance mortifère. Ils récusent tout qualificatif qui viserait à réhabiliter le développement que nous connaissons – qu’il soit humain, durable ou soutenable – puisqu’il ne peut être autrement que ce qu’il a été, à savoir le vecteur de la domination occidentale sur le monde. Ainsi Gilbert Rist dénonce-t-il le développement comme un « mot fétiche (13)  » et Serge Latouche le développement durable comme un « oxymoron (14) ». Pourquoi, alors que nous critiquons comme eux le productivisme impliqué par le règne de la production marchande, leur refus du développement ne nous convainc-t-il pas ?

 

Sur le plan politique, il n’est pas juste d’ordonner uniformément la décroissance à ceux qui regorgent de tout et à ceux qui manquent de l’essentiel. Les populations pauvres ont droit à un temps de croissance économique, et l’idée que l’extrême pauvreté renvoie à une simple projection des valeurs occidentales ou à un pur imaginaire est irrecevable. Il faudra bâtir des écoles pour supprimer l’analphabétisme, des centres de soins pour permettre à toutes les populations de se soigner et des réseaux pour amener l’eau potable partout et pour tous.

 

Il est donc parfaitement légitime de continuer à appeler développement la possibilité pour tous les habitants de la Terre d’accéder à l’eau potable, à une alimentation équilibrée, aux soins, à l’éducation et à la démocratie. Définir les besoins essentiels comme des droits universels n’équivaut pas à avaliser la domination de la culture occidentale ni à adhérer à la croyance libérale en des droits naturels comme celui de la propriété privée. Les droits universels sont une construction sociale qui résulte d’un projet d’émancipation permettant à un nouvel imaginaire de s’installer sans que celui-ci se réduise à « l’imaginaire universaliste des “droits naturels” » critiqué par Cornelius Castoriadis (15).

 

D’autre part, il n’est pas raisonnable d’opposer à la croissance économique, élevée au rang d’objectif en soi par le capitalisme, la décroissance, elle-même érigée en objectif en soi par les anti-développementistes (16). Avec deux écueils symétriques : la croissance fait tendre la production vers l’infini et la décroissance ne peut que la faire tendre vers zéro si aucune borne n’est mise.

 

Le principal théoricien en France de la décroissance, Serge Latouche, semble en être conscient lorsqu’il écrit : « Le mot d’ordre de décroissance a surtout pour objet de marquer fortement l’abandon de l’objectif insensé de la croissance pour la croissance, objectif dont le moteur n’est autre que la recherche effrénée du profit pour les détenteurs du capital. Bien évidemment, il ne vise pas au renversement caricatural qui consisterait à prôner la décroissance pour la décroissance. En particulier, la décroissance n’est pas la “croissance négative”, expression antinomique et absurde qui traduit bien la domination de l’imaginaire de la croissance (17). »


Or que signifierait une décroissance qui ne serait pas une diminution de la production ? Serge Latouche tente de s’extraire de ce piège en disant vouloir « sortir de l’économie de croissance et entrer dans une “société de décroissance” ». La production continuerait-elle de croître ? On ne comprendrait plus alors le mot de décroissance. Ou bien serait-elle maîtrisée, auquel cas le désaccord s’estomperait ? D’ailleurs, Serge Latouche finit par convenir que ce mot d’ordre de décroissance pour tous les Terriens est inadéquat : « En ce qui concerne les sociétés du Sud, cet objectif n’est pas vraiment à l’ordre du jour : même si elles sont traversées par l’idéologie de la croissance, ce ne sont pas vraiment pour la plupart des “sociétés de croissance” (18). » Subsiste une terrible ambiguïté : les populations pauvres peuvent-elles accroître leur production ou bien les sociétés de « non-croissance » doivent-elles rester pauvres ?


Eloge sans nuances de l’économie informelle


Les antidéveloppementistes attribuent l’échec des stratégies du développement au vice, supposé fondamental, de tout développement et jamais aux rapports de forces sociaux qui, par exemple, empêchent les paysans d’avoir accès à la terre en raison de structures foncières inégalitaires. D’où l’éloge sans nuance de l’économie informelle en oubliant que cette dernière vit souvent sur les restes de l’économie officielle. Et d’où la définition de la sortie du développement comme une sortie de l’économie, parce que celle-ci ne pourrait être différente de celle qu’a construite le capitalisme. La rationalité de l’« économie », au sens où l’on économise les efforts de l’homme au travail et les ressources naturelles utilisées pour produire, est mise sur le même plan que la rationalité de la rentabilité, c’est-à-dire du profit. Et toute amélioration de la productivité du travail se trouve assimilée à du productivisme.

 

En bref, il nous est dit que la chose économique n’existerait pas en dehors de l’imaginaire occidental qui l’a créée, au prétexte que certaines cultures ne connaissent pas les mots « économie », « développement », dont l’usage nous est familier. Mais si les mots n’y sont pas, la réalité matérielle, c’est-à-dire la production des moyens d’existence, est bien là. La production est une catégorie anthropologique, même si le cadre et les rapports dans lesquels elle est réalisée sont sociaux. Il résulte de cette confusion – qui revient à refaire du capitalisme une donnée universelle et non historique, rappelant curieusement le dogme libéral – une incapacité à penser simultanément la critique du productivisme et celle du capitalisme : seule la première est menée, mais sans qu’elle soit rattachée à celle des rapports sociaux dominants. Vouloir donc « sortir de l’économie (19) » tout en prétendant réenchasser « l’économique dans le social (20) » est pour le moins curieux.

 

Sur le plan théorique, soit on considère qu’une différence existe entre croissance et développement, soit on voit dans les deux phénomènes une même logique d’extension perpétuelle conduisant à l’impasse. La seconde position est aisément identifiable : c’est celle des partisans de la décroissance, qui sont aussi « antidéveloppementistes » ; mais la première est revendiquée tant par des économistes libéraux que par des antilibéraux. Les libéraux affirment poursuivre des objectifs qualitatifs ne se réduisant pas à la croissance matérielle, surtout depuis l’échec social des plans d’ajustement structurel du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale. Mais cette distinction entre croissance (quantitative) et développement (qualitatif) représente une imposture dans la logique libérale dès lors que la croissance est considérée comme une condition nécessaire et suffisante du développement, et de surcroît éternellement possible.

 

Au vu des dégâts sociaux et écologiques d’un mode de développement qui semble indissociablement lié à la croissance, les économistes antilibéraux, issus du marxisme, du structuralisme ou du tiers-mondisme ont beaucoup de mal à faire valoir qu’on peut distinguer les deux notions. Les adversaires de tout développement ont alors beau jeu de récuser croissance et développement en niant toute possibilité de les dissocier.


Toute production n’est pas polluante


Peut-on dépasser cette contradiction ? Le capitalisme a intérêt à faire croire que croissance et développement vont toujours de pair, l’amélioration du bien-être humain ne pouvant passer que par l’accroissement perpétuel de la quantité de marchandises. Nous devons alors fonder pour l’avenir une distinction radicale entre les deux concepts : l’amélioration du bien-être et l’épanouissement des potentialités humaines se réalisant hors du sentier de la croissance infinie des quantités produites et consommées, hors du sentier de la marchandise et de la valeur d’échange, mais sur celui de la valeur d’usage  (21) et de la qualité du tissu social qui peut naître autour d’elle.

 

Le mot d’ordre de décroissance, appliqué indistinctement pour tous les peuples ou pour tout type de production, serait injuste et inopérant. D’abord parce que le capitalisme nous impose actuellement une certaine décroissance, surtout celle des biens et services dont nous aurions socialement le plus besoin : transports collectifs, santé, éducation, aide aux personnes âgées, etc. Ensuite parce que toute production n’est pas forcément polluante ou dégradante. Le produit intérieur brut (PIB), évalué monétairement, enregistre la croissance des activités de services, dont la pression sur les écosystèmes n’est pas comparable à celle de l’industrie et de l’agriculture. La nature de la croissance importe au moins autant que son ampleur. L’urgente nécessité de diminuer l’empreinte écologique n’implique pas la décroissance de toutes les productions sans distinction entre elles ni entre ceux auxquels elles sont destinées.

 

L’utilisation planétaire des ressources doit être organisée de telle sorte que les pays pauvres puissent enclencher la croissance nécessaire à la satisfaction des besoins essentiels, et que les plus riches deviennent économes. Tout modèle imposé aux pays pauvres ne pourrait que détruire leurs racines culturelles et constituer un obstacle à un développement émancipateur. Dans les pays riches, il convient de penser les politiques en fonction de la transition à assurer : le décrochage progressif de la croissance et du développement.

 

Cela passe non pas par une décroissance aveugle, inacceptable pour une majorité de citoyens, mais par une décélération ciblée permettant d’enclencher la transformation des processus productifs et aussi celle des représentations culturelles : la décélération de la croissance, comme première étape avant d’envisager la décroissance sélective, en commençant par celle des activités nuisibles, pour une économie réorientée vers la qualité des produits et des services collectifs, une répartition primaire des revenus plus égale et une baisse régulière du temps de travail au fur et à mesure des gains de productivité, seule manière de promouvoir l’emploi en dehors de la croissance. En sachant que toute remise en cause du modèle de développement actuel n’est réaliste qu’à condition de remettre en cause simultanément les rapports sociaux capitalistes (22).

 

Définir le développement comme l’évolution d’une société qui utiliserait ses gains de productivité non pour accroître indéfiniment une production génératrice de dégradations de l’environnement, d’insatisfactions, de désirs refoulés, d’inégalités et d’injustices, mais pour diminuer le travail de tous en partageant plus équitablement les revenus de l’activité, ne constitue pas un retour en arrière par rapport à la critique du développement actuel. Cela ne condamne pas à rester à l’intérieur du paradigme utilitariste, si les gains de productivité sont obtenus sans dégrader ni les conditions de travail ni la nature.

 

A partir du moment où l’on admet que l’humanité ne reviendra pas à l’avant-développement et que, de ce fait, les gains de productivité existent et existeront, leur utilisation doit être pensée et rendue compatible avec la reproduction des systèmes vivants. On peut faire l’hypothèse que la baisse du temps de travail peut contribuer à débarrasser notre imaginaire du fantasme d’avoir toujours davantage pour mieux être, et que l’extension des services collectifs, de la protection sociale et de la culture soustraits à l’appétit du capital est source d’une richesse incommensurable avec celle que privilégie le marché. Derrière la question du développement sont en jeu les finalités du travail et donc le chemin vers une société économe et solidaire.


Lire aussi : Tozeur, ravagée par le tourisme

(1) Gro Harlem Brundtland, Notre avenir à tous, Rapport de la Commission mondiale pour l’environnement et le développement, Fleuve, Montréal, 1987.

(2) Ibid., p. XXIII.

(3) Rapport mondial sur le développement humain 2002, De Boeck, 2002, Bruxelles, p. 28.

(4) L’intensité énergétique (et plus généralement l’intensité en ressources naturelles) de la production est la quantité d’énergie (ou de ressources naturelles) nécessaire pour produire 1 euro de PIB.

(5) AIE, Oil crises and climate challenges : 30 years of energy use in IEA countries, Vienne, 2004, www.iea.org.

(6) Déclaration de son président, M. James Wolfensohn, citée dans « Les objectifs de réduction de la pauvreté ne seront pas atteints », Le Monde, 24 avril 2004.

(7) Cnuced, The Least Developed Countries, Report 2004, Nations unies, Genève, mai 2004, 362 p.

(8) Durkheim définissait l’anomie comme l’absence ou la disparition des valeurs communautaires et des règles sociales.

(9) Jacques Attali, « Un agenda de croissance fabuleux », Le Monde, « 2004, l’année du rebond », 4-5 janvier 2004.

(10) L’entropie désigne la dégradation de l’énergie.

(11) Redefining Progress, www.rprogress.org

(12) Nicholas Georgescu-Roegen, La Décroissance, Sang de la terre, Paris, 1995.

(13) Gilbert Rist, « Le “développement” : la violence symbolique d’une croyance », dans Christian Comeliau (sous la dir. de), « Brouillons pour l’avenir. Contributions au débat sur les alternatives », LesNouveaux Cahiers de l’IUED, Genève, no 14, PUF, Paris, 2003, p. 147.

(14) Serge Latouche, En finir, une fois pour toutes, avec le développement, Le Monde diplomatique, mai 2001. Un oxymoron est la juxtaposition de deux termes contradictoires.

(15) Cornélius Castoriadis, Le Monde morcelé. Les carrefours du labyrinthe 3, Seuil, Paris, 1990, p. 193.

(16) Silence, Objectif décroissance. Vers une société harmonieuse, Parangon, Paris, 2003.

(17) Serge Latouche, « Il faut jeter le bébé plutôt que l’eau du bain », dans Christian Comeliau (sous la dir. de), op. cit., p. 127.

(18) Serge Latouche, Pour une société de décroissance, Le Monde diplomatique, novembre 2003.

(19) Serge Latouche, Justice sans limites. Le défi de l’éthique dans une économie mondialisée, Fayard, Paris, 2003, p. 275.

(20) Serge Latouche, ibid., p. 278.

(21) La valeur d’usage est l’utilité d’un bien ou d’un service, notion qualitative non mesurable et non réductible à une valeur d’échange monétaire. Cette dernière est le rapport dans lequel deux marchandises vont s’échanger entre elles par le biais de la monnaie. En soulignant cette distinction, on signifie le refus que tout soit marchandisé.

(22) L’Economie économe. Le développement soutenable par la réduction du temps de travail, L’Harmattan, Paris, 1997 ; La Démence sénile du capital. Fragments d’économie, Ed. du Passant, Bègles, 2e éd., 2004.


http://www.monde-diplomatique.fr/2004/07/HARRIBEY/11307 - juillet 2004
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23 novembre 2008 7 23 /11 /novembre /2008 00:10

 Charlie Rose - An hour with Brzezinski, Scowcroft & Kissinger - 56 mn - 15 juin 2007

A conversation about foreign policy with former National Security Advisor Zbigniew Brzezinski, former National Security Advisor Brent Scowcroft & former Secretary of State Henry Kissinger.

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8 novembre 2008 6 08 /11 /novembre /2008 11:50

 

Mondialisation.ca,
Le 27 octobre 2008
Article original en anglais, Wall Street`s Trojan Horse, 26 octobre 2008. 






















 

 

  Photo: Joëlle Pénochet Oct 2008


 

Sergei Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères, a annoncé que le Brésil, la Russie, l'Inde et la Chine «coordonnaient leurs efforts pour surmonter la crise financière.» Cette déclaration suggère que les quatre pays vont se confronter à l’alliance dominante, US-UK-UE, qui personnifiera les intérêts bancaires occidentaux, au prochain sommet de Washington.



"Nous allons coordonner nos initiatives avec les principales économies émergentes. Nous sommes en contact direct avec l'Inde, la Chine et le Brésil ; nous sommes en interaction avec les organisations BRIC et RIC [Russie-Inde-Chine et Brésil], » a-t-il ajouté.


Plus tôt ce mois-ci, le premier ministre Vladimir Poutine a dit que la crise montrait que les pays du BRIC pourraient devenir « la locomotive de l'économie mondiale dans les années à venir. »

Les ministres des Finances et les gouverneurs des banques centrales des pays du G-20 se réuniront à São Paulo en novembre avant les réunions au sommet à Washington.

 

La question cruciale : une politique alternative à celle proposée par Wall Street et le ministère des Finances étasunien pourrait-elle naître des discussions du sommet du BRIC et/ou du G-20 ?

 

Le BRIC constitue-t-il un « Triangle Stratégique », comme le suggère la dépêche de la presse officielle de Moscou ?

 

Il est fort improbable qu'une autre alternative puisse sortir de la réunion du BRIC ou du G-20.

 

Alors que la Chine et la Russie conservent un certain degré de souveraineté économique et financière, la politique monétaire de la plupart des pays en développement, notamment de l’Inde et du Brésil, est sous surveillance directe de Washington et de Wall Street.

 

Manmohan Singh, le Premier ministre indien, est un ancien fonctionnaire de la Banque mondiale. Au début des années 1990, en tant que ministre des Finances, il a mené à bonne fin les réformes macro-économiques imposées à l'Inde par le FMI, en étroite coordination avec les institutions de Bretton Woods.

 

L'actuel gouverneur de la Reserve Bank of India (RBI), le Dr Duvvuri Subbarao, est aussi fonctionnaire à la Banque mondiale. Il a été nommé à un moment très critique, le 5 septembre 2008, au tout début de la crise financière. Duvvuri Subbarao a passé dix ans à la Banque mondiale à Washington. (1994-2004). À peine deux semaines après le début de son mandat de gouverneur à la RBI, le marché boursier indien s’effondrait.

 

L’inaction du Dr Duvvuri Subbarao à la tête de la RBI à l’apogée de la crise a largement contribué à aggraver la fuite des capitaux.

 

Les projets de réunions de la BRIC

 

Sergueï Lavrov, le Ministre russe des Affaires étrangères, a dit : « La Russie coordonne ses actes avec l'Inde et la Chine pour surmonter la crise financière. » Les réunions de la BRIC se tiendront à São Paulo avant celles du G-20 :

 

«Lavrov a rappelé qu'une réunion des ministres des Finances du G-20 se tiendra à São Paulo, au Brésil, dans la première moitié de novembre. Au cours de cette réunion, il a aussi prévu de rencontrer le ministre des Finances chinois. Malgré l’apparition de nouveaux centres de croissance économique, de pouvoir financier et d'influence politique, a souligné Lavrov, divers pays doivent unir leurs efforts pour chercher les moyens de surmonter la crise et l'empêcher de se répéter. Il a aussi déclaré qu’une conférence se tiendra à Washington le 15 novembre. Cette conférence sera extrêmement importante, a observé Lavrov, car tous les principaux acteurs sont censés être là. Il a toutefois souligné qu'il était vital qu’ils ne fassent pas que se réunir, mais qu'ils coopèrent aussi les uns avec les autres. » (RBC News, 26 octobre 2008)

 

Qui assistera à ces réunions ? Quelle est la relation entre ces hauts fonctionnaires (gouverneurs de banques centrales et ministres des Finances) et les intérêts de Wall Street ?

 

Le président de la Banque centrale du Brésil, Hector Meirelles, jouera un rôle clef dans les séances du BRIC et du G-20 à São Paulo, ainsi que dans celle du 15 novembre à Washington.

 

Le Cheval de Troie

 

Henrique de Campos Meirelles, nommé patron de la Banque centrale du Brésil en 2003 par le président « socialiste » Luis Inácio Lula da Silva, se trouve être parmi les plus puissants financiers de Wall Street. Avant de devenir gouverneur de la Banque centrale du Brésil, il a été président de la division du "global banking" et directeur général (CEO) de Fleet Boston, la septième plus grande banque des États-Unis, qui a ensuite fusionné avec la Bank of America, formant la plus grande institution financière du monde.

 
Hector Meirelles est un cheval de Troie.

 

La nomination de l'ancien directeur général d'une banque de Wall Street à la tête de la Banque centrale du pays équivaut à « donner la garde du poulailler au renard ».

 

Durant son mandat antérieur de directeur général, Bank Boston (qui a plus tard fusionné pour former Fleet Boston) fut l'une des diverses banques de Wall Street à avoir spéculé contre le real brésilien en 1998-99, entraînant l'effondrement spectaculaire de la bourse de São Paulo le « mercredi noir » du 13 janvier 1999. On estime que Bank Boston a fait 4,5 milliards de dollars de bénéfices inattendus au Brésil au cours du Plan Real, lancé avec un investissement initial de cent millions de dollars. (Latin Finance, 6 août 1998.)

 

Dans la crise financière actuelle, la perte des réserves de devises étrangères du pays a été spectaculaire. Hector Meirelles a servi les intérêts de Wall Street. En moins d'un mois, quelque 22,9 milliards de dollars des réserves de change de la Banque centrale ont été perdus sous la forme de fuites de capitaux. (Bloomberg, 26 octobre 2008.) Imposé par le Consensus de Washington, il n'existe au Brésil aucun contrôle des changes qui pourrait protéger le real des attaques spéculatives :

 

Les ventes de réserves pour acheter des reals sur le marché ont atteint 3,2 milliards de dollars entre le 8 et le 20 octobre, a déclaré Henrique Meirelles, président de la Banque centrale, lors d’un témoignage devant le Congrès hier soir. Les autres types d'intervention, notamment les prêts et les échanges de devises, n’affectent pas le niveau des réserves…

 

 Les décideurs politiques brésiliens ont été contraints de faire appel à des réserves records – plus de 200 milliards dollars – après que des investisseurs prudents ont retiré de l'argent des marchés émergents, causant la pire chute du real brésilien depuis sa dévaluation de 1999.

 

Le real a perdu un tiers de sa valeur face au dollar depuis le 1er août après neuf ans d’apogée, provoquant des pertes de plus de 5 milliards de reais (2,2 milliards de dollars) chez certaines grandes compagnies, à cause de mauvais paris sur la monnaie. L'indice boursier de référence a baissé de 32 pour cent durant la période.

 

Dans un décret publié aujourd'hui, le président Luiz Inácio Lula da Silva a permis à la Banque centrale de s'engager dans des opérations d’échange de monnaie avec les banques centrales étrangères. Les fonctionnaires de la Banque centrale à Brasilia ne sont pas immédiatement disposés à faire des commentaires, selon le bureau de presse. (Bloomberg, 26 octobre 2008.)

 

En outre, le gouvernement brésilien a imité le ministère des Finances étasunien en organisant le renflouage des institutions bancaires brésiliennes, dont la plupart sont en réalité contrôlées par des banques étasuniennes et européennes.

 

Le ministre des Finances du Brésil, Guido Mantega, sera à la présidence de la réunion du Groupe des 20 (G-20). 
  

Le président de la Réserve fédérale US, Ben Bernanke (à gauche), le ministre des Finances US, Henry M. Paulson Jr. (2ème à gauche), le ministre des Finances du Brésil, Guido Mantega (2ème à droite), le président de la Banque centrale du Brésil, Henrique Meirelles (à droite) et le président US, George W. Bush (au centre), assistent à la réunion du Comité International Monétaire et Financier au siège du FMI, le 11 octobre 2008 à Washington. Les Ministres des Finances et les patrons des institutions financières sont à Washington pour les réunions annuelles.

 

L’union des pays du G-20 inclut le G-8 (Canada, France, Allemagne, Italie, Japon, Royaume-Uni, Russie, États-Unis) plus le G-11 (Argentine, Australie, Brésil, Chine, Inde, Indonésie, Mexique, Corée du Sud, Arabie Saoudite, Afrique du Sud, Turquie) et l'Union européenne.

 

La plupart des pays du G-11 pays sont lourdement endettés envers les créanciers occidentaux. Le consensus néolibéral prédomine. A l’exception de l’Australie et de l’Arabie Saoudite, ces pays obéissent aux diktats des institutions de Bretton Woods et de Wall Street.

 

De nombreux chevaux de Troie de la Banque mondiale et de Wall Street sont dispersés dans les banques centrales et les ministères des finances des quatre coins du monde. 
 

Les réunions du G-20 et les négociations font partie d'un rituel.

 



Le cartel des créanciers, Wall Street et les institutions de Bretton Woods, préfère les débats et les discussions à huis clos, avec ses collègues et amis du G-20. Il s'agit du « réseau des copains » (« old boys network ».

 

Il est peu probable qu’une alternative différente du consensus Washington-Wall Street ne naisse lors des réunions du G-20 ou du BRIC.

 www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=10713

La version française de cet article a été révisée le 30 octobre 2008.
Traduction Pétrus Lombard. Révisé par Nicolas Gourio pour Mondialisation.ca.
 



 



Michel Chossudovsky est directeur du Centre de recherche sur la mondialisation et professeur d'économie à l'Université d'Ottawa. Il est l'auteur de Guerre et mondialisation, La vérité derrière le 11 septembre et de la
Mondialisation de la pauvreté et nouvel ordre mondial (best-seller international publié en 11 langues). 
(The Hindu, 26 octobre 2008)

Articles de Michel Chossudovsky publiés par Mondialisation.ca

Articles/videos : Economie/Economy
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3 novembre 2008 1 03 /11 /novembre /2008 16:53


Le Monde.fr


Ralph Nader
envoyé par lemondefr
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2 novembre 2008 7 02 /11 /novembre /2008 00:16
Le Matin
12 octobre 2008

Interview par
Stéphanie GERMANIER


L’inépuisable défenseur des démunis publie un nouvel ouvrage. Il y décrit et théorise la haine du Sud pour l’Occident et pose un regard très critique sur les Nations Unies d’aujourd’hui.

Question :


 "Monsieur Ziegler, si l’on en croit votre dernier livre, l’ONU ne sert à rien."


Jean Ziegler :


 "J’ai plutôt voulu montrer qu’à l’aube de fêter ses 63 ans, l’ONU politique est en échec. Ses trois missions : assurer la sécurité collective, aider au développement et promouvoir les droits de l’homme, sont par terre. Les Etats-Unis déclenchent des guerres préventives. Ils pratiquent la torture. La misère augmente et ce sont désormais 100 000 personnes qui meurent de faim ou de ses suites immédiates tous les jours à cause, entre autres, de la spéculation boursière sur les aliments et les agrocarburants."


-"Vous oeuvrez donc dans le vide ?"


 "Les Nations Unies sont en crise, mais ce n’est pas le cas des vingt-deux organisations spécialisées, comme le Programme alimentaire mondial ou le Haut commissariat aux réfugiés, qui continuent de déployer leurs effets bénéfiques."


-"Mais l’ONU était depuis toujours vouée à l’échec, puisque vous avancez la thèse que l’Occident et le Sud ne pourront jamais se comprendre et collaborer..."


 "Non. Ce qui paralyse le travail de la communauté internationale, c’est le double langage que pratique l’Occident aujourd’hui. Les Etats-Unis se posent en garants de valeurs humanistes, alors qu’ils pratiquent la torture. L’Union européenne se vante d’être le berceau des droits de l’homme, mais affame la planète en soutenant la production de biocarburants. Tout cela débouche sur le fait que le Sud refuse aujourd’hui toute crédibilité à l’Occident."

-"Pourquoi ne prend-on conscience de ce phénomène qu’aujourd’hui ?"


 "La mémoire collective est quelque chose de mystérieux. On n’a parlé de la Shoah que cinquante ans après qu’elle a eu lieu, or tout le monde connaissait l’horreur des crimes nazis depuis 1945. Pareil pour l’esclavage et la colonisation. Cette mémoire resurgit aujourd’hui et elle se transforme en force historique. Le Sud demande réparation et repentance. L’Occident refuse de lui accorder ce droit."

-"C’est un peu catégorique comme affirmation, non ?"


 "Non. Nous avons eu la preuve de ce dialogue de sourds. En 2001, à Durban, en Afrique du Sud, Kofi Annan et Mary Robinson avaient organisé la première conférence mondiale sur le racisme. Ça a été un échec total. C’est à partir de là que le Secrétaire général de l’ONU s’est retrouvé affaibli et que la Haut commissaire aux droits de l’homme a perdu son poste. Les Blancs ont refusé de reconnaître les crimes passés.

Autre exemple : le discours de Nicolas Sarkozy à Dakar. Le président français a osé dire que la colonisation était une bonne chose, car elle avait permis la construction de centaines de kilomètres de route en Afrique. Il n’a pas dit un mot sur les dizaines de milliers de personnes massacrées par la Légion étrangère à Madagascar et en Algérie."


-"L’ONU va-t-elle mourir ?"


 "J’espère que non. En 2009 sera organisé, à Genève, un Durban 2. C’est la dernière chance pour l’ONU de réconcilier les mémoires.

Je sais que le titre de mon livre peut choquer, mais quand je parle de la haine de l’Occident je ne pense évidemment pas à la haine pathologique propre aux terroristes, mais à la haine raisonnée. Autrefois les enfants du Sud mouraient sous l’esclavage et la colonisation ; aujourd’hui, ils meurent sous le capitalisme globalisé. C’est magnifique que l’ONU se donne une seconde chance. Que vous, les Blancs, qui ne représentez que 13 % de la population mondiale, vous acceptiez enfin d’entendre les plaintes du Sud.

-"Et vous, vous n’êtes pas Blanc ?"

 "Régis Debray a dit : « Ziegler est un nègre blanc. » Et c’est vrai. J’ai énormément appris de l’Afrique."


-"Jean Ziegler n’a pas changé. Toujours les mêmes combats, les mêmes méchants et les mêmes gentils. Vous n’avez pas l’impression de vous répéter ?"


 "Pas du tout. Tout change. Il y a aujourd’hui une accélération dans la détérioration de la situation mondiale. La communauté internationale se défait, et cela, c’est nouveau. Alors même que pour la première fois de l’humanité nous aurions la possibilité de répondre aux besoins matériels de toute l’humanité, seules 500 multinationales contrôlent 52 % du PIB mondial et dictent leur loi aux Etats."

-"Vous vous sentez encore utile ?"


 "Je répondrai modestement par un proverbe sénégalais qui dit qu’on ne voit jamais les fruits des arbres que l’on plante. J’espère que mon livre puisse être une arme. L’intelligence analytique est là pour dire ce qui est. Elle peut mobiliser des opinions dans les pays démocratiques comme le nôtre."


-"Quelle est la part d’ego dans cet éternel combat de dénonciateur ?"


 "Je ne dénonce pas. Je donne la parole aux victimes. Je sais que je suis un miraculé d’être né en Suisse, d’être devenu professeur et d’avoir des éditeurs de poids."


-"Mais votre ego..."


 "C’est difficile de dire sa vanité. La mienne réside simplement dans ma volonté d’imposer mon analyse face à un ennemi si puissant."


-"Vous parlez du capitalisme, je présume. Avez-vous retiré vos billes d’UBS ?"


 "Je n’ai pas d’argent à l’UBS. Seulement un compte salaire à la Banque Cantonale de Genève."


-"Vous devez observer la crise un sourire satisfait au coin des lèvres, l’air de dire : je vous avais averti..."


 "Pas du tout. Cette crise est dramatique. Les fonds de pension partent en fumée, des gens sont à la rue aux Etats-Unis, les budgets de soutien à des programmes d’aide fondent. C’est beaucoup de souffrances. La seule chose positive est que les brigands du néolibéralisme et du capitalisme de la jungle se montrent sous leur vrai jour. La voie est enfin libre pour la construction d’une société mondiale plus solidaire et plus juste."


Propos recueillis par Stéphanie GERMANIER

http://www.interet-general.info/article.php3?id_article=11537


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31 octobre 2008 5 31 /10 /octobre /2008 23:38


Le Monde Diplomatique
Novembre 2008



Ainsi donc tout était possible. Une intervention financière massive de l’Etat. L’oubli des contraintes du pacte de stabilité européen. Une capitulation des banques centrales devant l’urgence d’une relance. La mise à l’index des paradis fiscaux. Tout était possible car il fallait sauver les banques.






Manifestation à Wall Street organisée par Ralph Nader
Photo: Joëlle Pénochet 16 Octobre 2008


Pendant trente ans, la moindre idée d’une altération quelconque des fondements de l’ordre libéral afin, par exemple, d’améliorer les conditions d’existence de la majorité de la population s’était pourtant heurtée au même type de réponse : tout ceci est bien archaïque ; la mondialisation est notre loi ; les caisses sont vides ; les marchés n’accepteront pas ; savez-vous que le mur de Berlin est tombé ? Et pendant trente ans, la « réforme » s’est faite, mais dans l’autre sens. Celui d’une révolution conservatrice qui livra à la finance des tranches toujours plus épaisses et plus juteuses du bien commun, comme ces services publics privatisés et métamorphosés en machines à cash « créant de la valeur » pour l’actionnaire.

Celui d’une libéralisation des échanges qui attaqua les salaires et la protection sociale, contraignant des dizaines de millions de personnes à s’endetter pour préserver leur pouvoir d’achat, à « investir » (en Bourse, dans des assurances) pour garantir leur éducation, parer à la maladie, préparer leur retraite. La déflation salariale et l’érosion des protections sociales ont donc enfanté puis conforté la démesure financière ; créer le risque a encouragé à se garantir contre lui. La bulle spéculative s’est très vite emparée du logement, qu’elle transforma en placement. Sans cesse, elle fut regonflée par l’hélium idéologique de la pensée de marché. Et les mentalités changèrent, plus individualistes, plus calculatrices, moins solidaires. Le krach de 2008 n’est donc pas d’abord technique, amendable par des palliatifs tels que la « moralisation » ou la fin des « abus ». C’est tout un système qui est à terre.


Autour de lui déjà s’affairent ceux qui espèrent le relever, le replâtrer, le ripoliner, afin que demain il inflige à la société quelque nouveau tour pendable. Les médecins qui miment l’indignation devant les (in)conséquences du libéralisme sont ceux-là mêmes qui lui fournirent tous les aphrodisiaques — budgétaires, réglementaires, fiscaux, idéologiques — grâce auxquels il s’est dépensé sans compter. Ils devraient se juger disqualifiés (lire « Les disqualifiés »). Mais ils savent que toute une armée politique et médiatique va s’employer à les blanchir. Ainsi, MM. Gordon Brown, l’ancien ministre des finances britannique dont la première mesure fut d’accorder son « indépendance » à la Banque d’Angleterre, José Manuel Barroso, qui préside une Commission européenne obsédée par la « concurrence », Nicolas Sarkozy, artisan du « bouclier fiscal », du travail le dimanche, de la privatisation de La Poste : ces trois-là s’emploient, paraît-il, à « refonder le capitalisme »...


Cette effronterie découle d’une étrange absence. Car où est la gauche ? L’officielle, celle qui a accompagné le libéralisme, déréglementé la finance pendant la présidence du démocrate William Clinton, désindexé les salaires avec François Mitterrand avant de privatiser avec MM. Lionel Jospin et Dominique Strauss-Kahn, taillé à la hache dans les allocations versées aux chômeurs avec M. Gerhard Schröder, n’a à l’évidence d’autre ambition que de tourner au plus vite la page d’une « crise » dont elle est coresponsable.


Soit, mais l’autre gauche ? Peut-elle à un moment pareil se contenter de dépoussiérer ses projets les plus modestes, utiles mais tellement timides, sur la taxe Tobin, une augmentation du salaire minimum, un « nouveau Bretton Woods », des fermes éoliennes ? Pendant les décennies keynésiennes, la droite libérale a pensé l’impensable et profité d’une grande crise pour l’imposer. Dès 1949, Friedrich Hayek, le parrain intellectuel du courant qui enfanta Ronald Reagan et Mme Margaret Thatcher, lui avait en effet expliqué : « La principale leçon qu’un libéral conséquent doit tirer du succès des socialistes est que c’est leur courage d’être utopiques qui (...) rend chaque jour possible ce qui, récemment encore, semblait irréalisable. »


Alors qui proposera la mise en cause du cœur du système, le libre-échange (
1) ? « Utopique » ? Aujourd’hui tout est possible quand il s’agit des banques...



(1) En août 1993, le « Prix Nobel » d’économie ultralibéral Gary Becker expliquait : « Le droit du travail et la protection de l’environnement sont devenus excessifs dans la plupart des pays développés. Le libre-échange va réprimer certains de ces excès en obligeant chacun à rester concurrentiel face aux importations des pays en voie de développement. »

http://www.monde-diplomatique.fr/2008/11/HALIMI/16446 - novembre 2008

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27 octobre 2008 1 27 /10 /octobre /2008 18:55
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18 septembre 2008 4 18 /09 /septembre /2008 09:03

Mondialisation.ca

La Banque mondiale découvre d’un coup 400 millions de pauvres en plus







La Banque mondiale vient de reconnaître des erreurs importantes dans ses calculs concernant la situation mondiale de la pauvreté. En effet, alors que « les estimations de la pauvreté établies par la Banque mondiale s’améliorent grâce à des données plus fiables sur le coût de la vie », le résultat constitue à lui seul une violente remise en cause des statistiques produites par cette institution qui traverse une très grave crise de légitimité depuis plusieurs années : d’un seul coup, la Banque mondiale vient de découvrir que « 400 millions de personnes de plus que l’on ne pensait précédemment vivent dans la pauvreté ». C’est plus de la moitié de la population de l’Afrique subsaharienne !


Cela reflète surtout le manque de fiabilité des statistiques publiées par la Banque mondiale, statistiques qui servent surtout à cautionner les politiques néolibérales imposées à travers le monde par ses propres experts. Selon son communiqué |1|, « 1,4 milliard de personnes vivant dans le monde en développement (1 sur 4) subsistait avec moins de 1,25 dollar par jour en 2005 », alors que les estimations précédentes tournaient autour de 1 milliard de personnes. Pour autant, la Banque mondiale ne manque pas de se réjouir car ce qui compte pour elle, ce n’est pas le nombre de pauvres, mais la proportion de personnes pauvres. Pourquoi ? Parce qu’avec la démographie mondiale galopante, ce chiffre permet plus facilement de faire illusion : si par exemple le nombre de personnes pauvres stagne, la proportion de pauvres baisse mécaniquement au fil des ans.

Voilà pourquoi l’objectif dit « du millénaire » est de réduire de moitié, entre 1990 et 2015, la proportion de la population dont le revenu est inférieur à un dollar par jour. Mais avec les énormes erreurs de la Banque mondiale dans ses calculs sur la pauvreté, c’est tout l’édifice des politiques internationales actuelles contre la pauvreté qui s’écroule. Les politiques d’ajustement structurel (réduction des budgets sociaux, recouvrement des coûts dans les secteurs de la santé et de l’éducation, agriculture tournée vers l’exportation et réduction des cultures vivrières, abandon de la souveraineté alimentaire, etc.), imposés par le FMI et la Banque mondiale depuis le début des années 1980, ont détérioré les conditions de vie de centaines de millions de personnes dans le monde.

Les critiques envers la Banque mondiale n’ont pas manqué à ce propos, puisque Thomas Pogge, professeur à l’université de Columbia, écrivait récemment : « Les méthodes de calcul de la Banque mondiale sont extrêmement douteuses. Il y a des raisons de penser qu’avec une méthode plus plausible, on observerait une tendance plus négative et une pauvreté beaucoup plus étendue. […] Tant que la méthode actuelle de la Banque mondiale et les données qui se basent sur elle conserveront leur monopole dans les organisations internationales et dans la recherche universitaire sur la pauvreté, on ne pourra pas prétendre prendre ce problème réellement au sérieux |2|. »


La Banque mondiale a fait la preuve de son échec, tant sur le plan statistique que sur le plan politique. Plus que jamais, l’objectif visé doit être triple : l’abandon de la logique de l’ajustement structurel, l’abolition de la Banque mondiale et son remplacement dans le cadre d’une nouvelle architecture institutionnelle internationale.


Notes de bas de page:

|1| Voir http://go.worldbank.org/MLVZFZTMS0

|2| « Un dollar par jour. Que savons-nous de la pauvreté dans le monde ? », www.cadtm.org/spip.php ?article3282


 


Damien Millet
, porte-parole du CADTM France (Comité pour l’annulation de la dette du tiers-monde, auteur de L’Afrique sans dette, CADTM/Syllepse, 2005 ().

 



Eric Toussaint
, président du CADTM Belgique, auteur de Banque du Sud et nouvelle crise internationale, CADTM/Syllepse, 2008.


Damien Millet est un collaborateur régulier de Mondialisation.ca.  Articles de Damien Millet publiés par Mondialisation.ca

 Articles de Eric Toussaint publiés par Mondialisation.ca
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